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V. Son Eloge par M. de Boze dans l'Hiftoire de l'Academie des Infcriptions Belles-Lettres tom. 7.

GASPAR PEUCER..

G. PEU-I zen, ville de la haute Luface G4

ASPAR Peucer naquit à Bautz

CER.

le 6 Janvier 1525. de George Peucer, Bourgeois de cette ville, & d'Ottilie Simon.

Après avoir commencé fes étu des dans fa patrie, il alla les continuer à Goldberg, en Silefie, dont l'Ecole étoit alors fort celebre, & enfuite en 1540. à Wittemberg.

Quatre ans après fon arrivée en cette derniere ville il prit le degré de Maître-ès-Arts, par le confeil de Philippe Melanchthon chez qui il logeoit, & qui l'aimoit à caufe de fon application au travail.

Il étudia enfuite les Mathematiques & la Medecine, & il profeffa l'une & l'autre de ces Sciences. A peine eut-il ceffé d'être Ecolier, qu'il fut jugé capable d'enfeigner la premiere, & lorfque Jacques Milichius,

Pro

Profeffeur en Medecine à Wittemberg G. PEU mourut en 1559. Peucer fut choisi CER.. pour remplir fa place.

Melanchthon, qui le connoiffoit parfaitement, crut ne pouvoir mieux faire que de lui donner une de fes filles en mariage. Ce Mariage fe fit en 1550. & ils vécurent toûjours depuis enfemble, jufqu'en 1560. que Melanchthon mourut.

Peucer avoit pris le 30 Janvier de cette année le degré de Docteur en Medecine, & étoit auffitôt entré en exercice de la charge de Profeffeur en cette Faculté.

Il fe fit beaucoup d'honneur dans cette place, & l'Electeur de Saxe lui témoigna toûjours beaucoup de confideration, jufqu'à augmenter à fa priere les revenus de l'Univerfité, à lui confirmer folemnellement la Surintendance de la même Univerfité, qui lui avoit été deferée d'un confentement unanime, & à lui faire tenir un de fes enfans fur les fonds de bâteme.

Mais ces difpofitions changerent bien dans la fuite. Il avoit été éle vé par Melanchthon, homme doux Tome XXVI,

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CER.

G. PEU-& moderé, & avoit appris par fon exemple à ne pas donner aveuglement dans tous les fentimens des Lutheriens. On le foupçonnoit d'être Calvinifte en plufieurs points & une affaire, qui arriva dans ce temps-là, fit croire qu'il l'étoit effec

tivement.

On publia alors un nouveau Catechifme, qui fut nommé le Cathe chifme de Wittemberg, pour l'oppofer à celui de Chytrée, dans lequel quelques Miniftres trouvoient plufleurs chofes à redire, & un livre Allemand portant le titre Grec de Στερέωμα. On fut choqué de ce que dans ce nouveau Catechifme les paffages de l'Ecriture étoient cités fuivant la verfion de Beze, & cela fuffit pour faire croire qu'il étoit infecté d'une doctrine contraire au Lutheranifme. On porta le même jugement du livre, qu'on favoit être approuvé de Pencer, qui en avoit recommandé la lecture à l'Electeur de Saxe. Là-deffus on prévint contre lui ce Prince, qui commença à fe refroidir à fon égard.

Dans ces entrefaites on vit paroî

tre un Ouvrage intitulé Controverfia G. PEUde Coena Domini Exegefis, qui étoit CER. entierement Zuinglien. On s'imagina auffitôt qu'il étoit de la façon de Pencer, qui reçut le premier Avril 574. ordre de fe rendre inceffamment à Drefde pour y être interrogé fur ce livre.

Il obéit, & quoique fa fanté fut affez mauvaife, il partit fur le champ, pour ne point donner lieu de former des foupçons défavantageux à fon fujet. Arrivé à Drefde il fut envoyé dans le Château, & arrêté prisonnier. Il fubit divers interrogatoires,' dans lefquels on voulut l'obliger de reconnoître, qu'il avoit eu deffein d'introduire le Calvinifme dans le pays, & qu'il y avoit travaillé fortement; mais il le refusa longtemps: cependant vaincu par le defir de recouvrer la liberté, il figna d ns la fuite tout ce qu'on voulut.

Cette démarche ne produifit rien à fon égard, car comme on vouloit encore qu'il détaillât la conjuration qu'on prétendoit qu'il avoit formée contre la Religion du Pays, & qu'il déclarât fes complices; ce qu'il affû

CER.

&

G. PEU-roit ne pouvoit faire, attendu que cette prétendue conjuration n'avoit rien de réel, il fut toûjours retenu en prifon en differens endroits, traité affez rigoureusement pendant plus de onze ans. L'Empereur Maximilien II. & Guillaume Landgrave de Heffe folliciterent vivement l'Electeur de Saxe de leur accorder fa liberté ; mais ce Prince la leur refufa conftamment.

Pencer defefperoit de jamais fortir de cette mifere, lorfque Joachim Erneft, Prince d'Anhalt, maria fa fille Agnes Hedvige à cet Electeur. Ce mariage fe fit à Drefde au commencement de l'année 1586. & le Prince d'Anhalt profita de cette occafion, pour demander à l'Electeur l'élargiffement de Pencer. Celui-ci ne put le lui refufer, & Peucer fortit de prifon le 8 Fevrier de cette année, après s'être engagé par écrit à ne jamais rien dire, ni écrire contre ceux qui avoient eu quelque part. à fon emprisonnement.

Il fe retira enfuite dans les Etats des Princes d'Anhalt, & vêcut encore 16 ans à Zerbst, ville de leur

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