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DIUS.

M. Gu-ve à Rome, Ottavio Falconieri, & Leon Allatius; à Florence, Antoine Magliabecchi, & Charles Dati ; à Capone, Camillo Pellegrino, & Charles Offredi.

Etant repaffé en France en 1663. il y demeura jufqu'à la fin de cette année. C'est ce qui paroît par deux Lettres d'Emeric Bigot, avec qui il avoit quelques années auparavant fait connoiffance en Allemagne.

Gudius, qui penfoit à l'avenir, avoit, en partant de Hollande pour ces voyages, prié fes amis d'avoir l'œil aux occafions qui pourroient fe préfenter, de lui procurer à fon retour quelque nouvelle condition ou quelque établissement. Nicolas Heinfius, fort attentif à fes interêts, lui avoit menagé dès l'an 1662. la place de Gouverneur des enfans du Chancelier de Suede; mais l'incertitude où l'on étoit du temps de fon retour fit jetter les yeux fur un autre. L'année fuivante 1663. pendant que Gudius étoit à Paris, on lui offrit de Duisbourg une chaire de Profeffeur dans cette Univerfité. Heinfius, qui en eut avis, écrivit là-def

fus à Gronovius, pour qu'il diffuadât M. Gu leur ami commun d'accepter ce po-DIUS. fte, prétendant qu'il valloit mieux pour lui de faire un fecond voyage avec quelque autre jeune Etudiant & en indiquant même un. Gravius au contraire preffa fort Gudius d'ac cepter cette Vocation, lorfque celui-ci étant de retour en Hollande en 1664. fut appellé dans les formes. Mais Gudius s'en excufa, en repréfentant que l'état de fes affaires ne lui permettoit pas de prendre ce parti, qu'il ne meprifoit pas d'ailleurs. En effet il fe trouvoit alors dans une fituation, qui lui faifoit concevoir l'efperance d'une grande fortune.

Schas aimoit beaucoup les Lettres. Gudius n'avoit pas manqué fans dou te de fortifier en lui cette inclina-tion, & il avoit fçu d'ailleurs, par des manieres engageantes, s'infinuer bien avant dans fon efprit. Ce jeune homme, quoique puiffamment riche,' réfolut de paffer fa vie dans l'étude, & de retenir Gudius auprès de lui, autant qu'il pourroit. Il le diffuada d'accepter la Vocation de Duisbourg, & voulut aller avec lui parcourir

M. Go- toutes les Bibliotheques d'Allemagne, comme ils avoient fait cel les de France & d'Italie.

DIUS.

Ils partirent au mois de Juillet 1664. pour le Holstein, & en paffant à Munster, ils porterent une lettre de recommandation de Gronovius à Bernard Rottendorf, Savant de fes amis, qui avoit une belle Bibliotheque. Au refte, on voit que, dans tous ces voyages, Schas s'occupoit de fon côté à collationner les Manufcrits. Gravius fait mention dans fa Préface fur Florus, de quelques Collations de la Bibliotheque du Roi, que ce jeune homme avoit faites, & dont il s'étoit fervi dans l'é dition de cet Auteur.

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Avant qu'ils partiffent pour l'Allemagne, Ifaac Voffius, jaloux de voir entre les mains de Gudius toutes les richeffes litteraires, qu'il avoit amaffées dans fes premiers voyages, joua deux perfonnages dif ferens, bien indignes d'un homme de lettres & d'un honnête homme. D'un côté quand il parloit à Gudius, il meprifoit tout cela, & quelquefois, en présence même de Grono

vius, il difoit d'un air dedaigneux, M. Gu que Gudius n'avoit lui-même colla- DIUS tionné aucun Manufcrit, qu'il fe fervoit toûjours pour cela de copiftes, & que s'il fe préfentoit quelque acheteur, il vendroit, même à bas prix, & pour un morceau de pain, tout ce qu'il avoit. D'un autre côté, il difoit en particulier à Schas, comme fi celui-ci l'eût ignoré, que c'étoit un tréfor ineftimable, & l'exhortoit fortement à ne pas être la dupe de Gudius, & à fe bien garder de laiffer en don, comme des chofes de néant, de si grandes raretez, à un Etranger, qui au premier jour s'en retourneroit dans fa Patrie, pays de fots & d'ignorans. Comme Schas lui répondoit que tout étoit à Gudius, & que pour lui, il n'avoit rien à y prétendre. Bon, reprenoit Voffius, en riant de toutes les forces, c'eft de votre argent que tout cela a été acheté. Ne vous laiffez pas féduire à » une vaine ambition de témoigner votre amitié, & votre reconnoif. fance à cet homme, en vous privant, & en même temps la Hol

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DIUS.

M. Gu- lande, de chofes fi rares & de fi grand prix vous êtes d'ailleurs affez riche pour fatisfaire votre » bonne volonté envers lui de quelque autre maniere. Croiez-moi ∞ affocions-nous, & faifons enfemble une Bibliotheque de Manu» fcrits, dont nous joüirons en commun pendant notre vie; & après notre mort, par un exemple rare dans ces Provinces, nous leguerons au Public cette belle Bibliotheque;ce qui nous acquérera beaucoup de gloire.

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Mais Voffius eut beau dire, & re venir trois ou quatre fois à la charge, il n'avança rien. Quand il vie que Schas ne donnoit point dans fes idées, il s'adreffa à un frere, que celui-ci avoit, & l'avertit de prendre garde à lui; que Schas & Gudius tramoient de concert les moiens de faire enforte que cet Etranger emportât chez lui des chofes auffi précieufes en elles-mêmes, & achetées bien cher de l'argent qui lui appartenoit auffi bien qu'à fon frere, parce qu'ils n'avoient pas encore fait le partage de leurs biens. Mais cela ne

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