mes Chrétiennes, & de projets for- L. F. més pour la fuite. MARSI Lors qu'après une longue guerre, GLI. l'Empereur & la République de Ve nife d'une part, & la Porte de l'autre, vinrent à fonger à la paix, & qu'il fut question d'établir les Limites entre les Etats de ces trois Puif fances, le Comte Marfigli fut employé par l'Empereur dans une affaire fi importante, comme un homme de guerre, qui connoiffoit ce qui fait une bonne frontiere, comme un Savant bien inftruit des anciennes poffeffions, & comme un habile Negotiateur, qui fauroit faire valoir fes droits.

Se trouvant à cette occafion fur les confins de la Dalmatie Venitienne, il reconnut à quelque diftance de là une Montagne, au pied de laquelle habitoient les deux Turcs, dont il avoit été Efclave. Il fir de-mander dans le Pays, s'ils vivoient encore, & il eut le plaifir de les retrouver & de foulager leur mifere par des préfens. Il fit même plus; car fon emploi le mettant à portée d'écrire au grand Vifix, il lui de- .

L. F. manda pour l'un de ces Turcs, un MARSI- Timariot, Benefice militaire, & en obtint un beaucoup plus confiderable que celui qu'il demandoit.

GLI.

Au milieu des occupations, des embarras & des fatigues qu'entraînoit après lui le Regiement des Limites, le Comte Marfigli faifoit prefque tout ce qu'auroit pu faire un Savant, qui auroit voyagé tranquillement, pour acquerir des con

noiffances.

Les armes à la main, il levoit des Plans, déterminoit des pofitions par les Methodes Aftronomiques, mefu roit la viteffe des Rivieres, étudioit les Foffiles de chaque Pays, les Mines, les Metaux, les Oifeaux, les Poiffons, & tout ce qui peut meriter les regards d'un homme Savant. Il faifoit même des Epreuves Chimiques & des Anatomies.

La fucceffion d'Efpagne ayant rallumé en 1781. la guerre dans l'Europe, l'importante place de Brifac, fe rendit par capitulation à M. le Duc de Bourgogne le 6 Septembre 1703. après 13 jours de tranchée ouverte. Le Comte d'Arco y conman

L. F.

doit, & fous lui M. Marfigli parvenu alors au grade de Maréchal de MARSIBataille. L'Empereur perfuadé que GLI. Brifac auroit pû fe défendre plus long-temps, & qu'une fi prompte capitulation s'étoit faite contre les regles, nomma des Juges pour connoître de cette affaire. Ils prononcerent le 4 Fevrier 1704. une fentence par laquelle le Comte d'Arco, fut condamné à avoir la tête tranchée, ce qui fut executé le 18 du même mois, & le Comte Marfigli à être depofé de tous honneurs & char ges, avec la rupture de l'Epée.

Celui ci alla auffitôt à Vienne pour fe jetter aux pieds de l'Empereur, & lui demander la revision du procès; mais y ayant été huit mois, fans pouvoir approcher de ce Prince, il eut recours au Public, & remplit l'Europe d'un grand Memoire imprimé pour fa juftification, & d'une Réponfe aux difficultés d'un Anonyme, qui lui donna occasion de lever jufqu'aux moindres fcrupules que fon Apologie auroit pû laiffer. Le fond de fa défense étoit que longtemps avant le fiege de Brifac, il Tome XXVI, I

GLI

L. F.

avoit repréfenté que la Place ne fe MARSI pourroit défendre long-temps, eu égard à la foibleffe de la Garnifon, & au peu de Munitions qu'il y avoit, qu'on lui avoit refufé, fous prétexte d'autres befoins, tout ce qu'il avoit demandé de plus néceffaire & de plus indifpenfable, & que d'ailleurs il n'avoit pas été le Maître été le Maître, & n'avoit fait que fe ranger à l'avis unani me du Confeil de Guerre.

Au refte il chercha fa confolation dans les Sciences, dont il s'étoit menagé le fecours, fans prévoir qu'il dût lui être un jour fi neceffaire.. Confervant la pratique d'étudier l'Hiftoire naturelle par les Voyages, dont il avoit contracté l'habitude il alla d'abord en Suiffe, où la Nature fe préfente fous un afpect bien different de celui des autres pays, & vint enfuite à Paris, où il ne trouva pas moins de quoi exercer fa curio fité, quoique d'une maniere diffe

rente.

Il n'en fortit que pour parcourir Ja France, & s'arrêta à Marseille pour y étudier la Mer.

Etant un jour fur le Port, il vit

un Galerien Turc, qu'il reconnut L. F. pour avoir demeuré avec les deux MARSI Turcs dont il avoit été Efclave, & GLI. qui avoient chargé celui-ci de l'enchaîner toutes les nuits à un pieu planté au milieu de leur Cabane. Ce malheureux, qui le reconnut auffi, fe jetta à fes pieds pour implorer fa mifericorde ; & M. Marfigli écrivit genereufement à M. le Comte de Pontchartrain, pour le prier de demander au Roi la liberté de ce Turc, qui lui fut accordée.

"

En 1709. M. Marfigli fut rappellé de Marseille par les Ordres du Pape Clement XI. qui dans les conjonctures d'alors crut avoir befoin de Troupes, & lui en donna le Commandement. Le changement des conjonctures ayant fait finir fon Commandement, le Pape voulut le retenir auprès de lui par l'offre des emplois militaires les plus importans dont il put difpofer; mais il les refufa pour aller reprendre en Provence les recherches qu'il y avoit commencées.

Des affaires domestiques le rappellerent quelque temps après à Bou