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T. RAY- édition de fon Indiculus Sanctorun

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Lugdunenfium les marques de fon emportement contre Bollandus, qui avoit foûtenu une opinion differenrente de la fienne touchant un Evê que de Lyon, on y auroit vû un ef fai de ce qu'il favoit faire en ce gen re. S'il étoit fi caustique dans fes écrits, il eft à préfumer qu'il ne l'étoit pas moins dans fes difcours.. Or des gens de ce Caractere, qui attaquent tout le monde, & qui ne fouffrent point patiemment qu'on les attaque, ne peuvent gueres vivre tranquilles avec les autres, ni manquer de s'attirer de temps en temps des chagrins, de la part de ceux qui ne font point d'humeur à endurer leurs caprices.

Nous apprenons encore de Sota wel, qu'il étoit fort fobre, qu'il fe contentoit des viandes les plus com munes, & qu'il n'étoit pas ordinai rement plus d'un quart-d'heure à table. Il fuyoit les longs entretiens, particulierement avec les femmes, & lors même que fon grand âge pouvoit mettre hors de tout peril & de tout foupçon fes converfations

avec elles, il ne leur parloit que T. RAY dans des cas de néceffité, & finiffoit NAVD. en peu de mots. Il fe mêloit fort peu de direction, & ne quittoit fa chambre, que pour des œuvres de charité, comme pour confeffer le moindre payfan, qui fe préfentoit,

Il folemnifa la cinquantiéme an née de fa Prêtrife, en célebrant le 6 Janvier 1663. une grande Meffe; au milieu de laquelle le P. Girin Cordelier de l'Obfervance, que M. Du Pin a pris mal à propos pour un Jefuite, monta en chaire, & prononça un difcours de pieté, où après avoir parlé de la dignité du Sacerdoce, il fit l'éloge du P. Theophile Raynaud en fa préfence.

Il mourut d'apoplexie à Lyon le 31 Octobre 1663. dans fa 80 année. Alegambe & Sotuel fe font trompés, en lui donnant à fa mort, le premier 77 ans, & le fecond 87.

Un paffage des voyages de Mona conys (Partie 11.) nous inftruit de quelques particularités de fa mort; & des faux bruits qu'on fit courir à fon occafion. Il dit qu'étant à Lansbergue en Baviere, un Jefuitg

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T. RAY- lui montra une Lettre du P. Hen fchenius, par laquelle il lui écri» voit, que les Jacobins avoient fait courir le bruit en Flandres & à Rome, que le P. Theophile étoit » mort enragé, que les Jefuites l'avoient privé des Sacremens, qu'il → couroit par leur couvent de Lyon, criant comme un damné Philiftin fuper me; & qu'ayant été enterré » Sepultura Afini, on l'avoit trouvé le lendemain deterré, & fon corps tout livide, parce que les Diables l'avoient battu toute la nuit. Je lui dis, ajoute Monconys que c'étoit une calomnie groffiere, & un သ bruit ridicule; car le bon homme ≫ avoit ceffé par foibleffe depuis 15 jours de dire la Meffe, & communioit tous les jours. Il avoit fait > trois Confeffions generales au Pere Du Lieu, la femaine qu'il mourut, & même le matin du jour de fon decès, la veille de tous les Saints, après en avoir eu de vifi→bles preffentimens, il dir adieu

trois fois au frere, qui l'aidoit à » s'habiller, l'affurant qu'il ne lui donneroit plus de peine, & rés

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tournant de la Chapelle; où il T. KAY avoit oüi la Meffe & communić,NAUD. il dit à un frere qu'il rencontra qu'il avoit demandé à Dieu d'aller paffer au Ciel la fête de tous les Saints, & un moment après, environ une demie-heure après la » Communion, il expira, entrant » dans fa chambre, entre les mains → d'un autre bon frere; & ainfi s'accomplit la prophetie qu'il avoit faite qu'il mourroit en fa foutane, » & dans fa chambre, qu'il avoit > tant aimées toutes deux, que nul» le perfecution ne l'avoit pû détacher de l'état, qu'il avoit em» braffé.

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> On voit par les Ouvrages de Theophile Raynaud, qu'il avoir une grande lecture, & une memoire prodigieufe; mais il n'y pa→roît pas beaucoup de jugement, de goût, ni de difcernement. II n'y fait aucun choix des Auteurs qu'il cite, & fe contente de compiler quantité de paffages, & de » citer beaucoup d'Auteurs, anciens » & modernes, bons & mauvais, fans aucune critique, & fouvent

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T. RAY- fans réflexion. Il eft extrêmement diffus; il s'étend prefque par tout fur des lieux communs ; il s'éloi>gne fouvent du fujet dont il s'étoit propofé de parler, & fait naître quantité de queftions incidentes; il a des penfées & des tours extraordinaires & bizarres. Il avoit la plumé extrêmement Satyrique » & mordante, & fes Ouvrages polemiques font pleins d'aigreur & de termes injurieux. Son ftile n'eft ဘ pas moins extraordinaire; il affecte de fe fervir de termes hors d'ufage & de mots tirés du Grec; il employe fouvent des expreffions triviales & plufieurs termes empruntés des Scholaftiques. Tout cela n'empêche pas que fes Ouvrages ne foient quelquefois d'ufage, & qu'il ne foit bon de les confulter ̧ quand on veut étudier les maticres qu'il a traitées. Tel eft le jude ce porte gement que M. du Pin fameux Auteur, & l'on peut dire qu'il eft plus conforme à la verité que celui qu'en faifoit Patin, lorf qu'il prétendoit dans fes Lettres que ce Pere donnoit à tous fes Ouvrages

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