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P. Lo-qui fut fon ami particulier pendant TICHIUS. tout le refte de fa vie.

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Il fe perfectionna en ce lieu dans la Poëfie & l'Eloquence, & s'appliqua à la Philofophie; & quand il s'y fut rendu fuffifamment habile il paffa à Wittemberg, pour y profiter des inftructions de Philippe Melanchthon, & de Joachim Camerarius, dont la reputation attiroit beaucoup de monde.

Il acquit bientôt l'amitié de ces deux fameux Profeffeurs, celle de George Sabinus, qui fe diftinguoit alors par fon habileté dans la Poëfie, & celle de plufieurs autres Sa

vans.

La Guerre, qui s'eleva dans la Saxe en 1546. ayant obligé les Profeffeurs de Wittemberg à fortir de cette ville, Melanchthon fe retira à Magdebourg, & y fut fuivi par Latichius. Mais ayant trouvé auffi peu de tranquillité en ce lieu, que dans celui qu'ils avoient quitté, ils prirent le parti d'en fortir; & ce fut alors que Lotichius embaraffé de ce qu'il deviendroit, prit parti dans les troupes de Jean Frederic Electeur

de Saxe, à l'exemple de quelques- P. Louns de fes condifciples.

Ce genre de vie n'interrompit point entierement fon commerce avec les Mufes; & il ne le mena pas long-temps; car voyant la guer re prête à finir, il obtint fon congé, & le retira à Erford, d'où quelque temps après il retourna à Wittemberg trouver Melanchthon, à qui la paix avoit permis de reprendre fes exer

cices.

Latichius y continua fes études de Philofophie, & reçut le degré de Maître-ès-Arts. Après quoi rappellé par fon oncle, il fe rendit dans fa patrie; mais il n'y demeura qu'autant de temps qu'il lui en falut pour fe remettre d'une maladie que lui avoient caufée les fatigues de ce voyage, fait au milieu de l'hyver.

Quand il fut rétabli, il alla à Wirtzbourg, Capitale de Franconic, avec des lettres de recommandation de Joachim Camerarius pour Daniel Stibar, Doyen du Chapitre de cette ville, qui le fit. Precepteur de fes neveux, qu'il vouloit envoyer en France.

TICHIUS.

P. Lo- Avant que de les y envoyer, ce TICHIUS. Doyen fouhaitta que Lotichius y allât feul, pour examiner la maniere dont on y étudioit dans les Univerfitez; & ayant été fatisfait de fon rapport, il le fit partir de nouveau en 1549. avec fes deux neveux, à qui il donna pour fous-precepteur George Vifcher, de Strasbourg, homme favant & poli.

Ils partirent de Francfort avec des Marchands François, qui s'en retournoient chez eux; & après avoir vâ une partie de la France, ils fe rendirent à Montpellier, où ils demeurerent deux ans.

Il leur arriva dans cette ville une avanture, qui leur caufa de l'embarras. Ils mangeoient gras en Carême,' fuivant le privilege accordé aux Etrangers; mais leur valet, qui leur alloit acheter la viande, n'ayant pas eu affez de foin de la cacher en la portant dans les ruës, fut vû par un Ecclefiaftique, qui les défera l'année fuivante au Dominicain, qui faifoit à Montpellier la fonction d'Inquifiteur. On les interrogea, & fans leur contefter le privilege des

P. Lo

Etrangers, on les condamna à caufe du fcandale à faire amende honora- TICHIUS. ble dans les formes. Cependant fur ce qu'ils declarerent qu'ils ne fe foumettroient jamais à cette peine infamante, les Juges fe contenterent de leur faire payer une amande legere au profit des pauvres. On croit que ce fut Charles Clufius, qui adoucit l'Inquifiteur, dont il étoit ami. Il leur prit enfuite envie d'aller à Touloufe; mais s'étant joints dans le chemin à un inconnu, qu'ils foupçonnerent depuis d'être un Genois. Efpion d' André Doria, & qui s'échappa fecretement de Narbonne le Gouverneur de cette ville les me naça de les faire pendre, s'ils alloient plus loin, & par confideration pour Rondelet, fameux Profeffeur de Montpellier, fous lequel Lotichius étudioit alors en Medecine, & dont ils avoient des Lettres, il les renvoya dans cette ville.

Lotichins étant de retour en Alle

magne, & voyant fa patrie affligée par les guerres, entreprit un nouveau voyage en Italie, aux depens de Daniel Stibar, qui voulut bien y contribuer liberalement.

P. Lo- Il le fit avec Jean Hagius, fon TICHIUS. ami, qui y conduifoit un jeune Seigneur de Franconie, nommé Bernard Thungen.

Ils demeurerent quelque temps à Padoue, où Lotichius eut foin de profiter des leçons des favans Profeffeurs en Medecine, qui enfeignoient dans cette Université; mais la pefte les en ayant chaffés, ils pafferent à Boulogne avec un jeune Gentilhomme Chanoine de Munick, મે Poccafion duquel il lui arriva une trifte avanture.

L'Hôteffe, chez qui ils logeoient enfemble, ayant conçu de l'amour pour le Chanoine, & chagrine de voir qu'il n'y repondoit point, & qu'il alloit chercher ailleurs ce qu'il auroit pû trouver dans fon logis refolut de lui donner un Philtre qui le rendît plus traitable. Elle le mit dans un potage qu'elle lui fit fervir, mais par malheur Latichius, à qui on en avoit fervi un autre, l'ayant trouvé trop gras, propofa au Chanoine de le changer contre le fien, qui le paroiffoit moins.

L'echange faite, il commençoit à

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