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A N. 1461.

XXV.

L'archevêque re fans tenir fa parole.

fans rien conclure, & rompirent l'affemblée.

L'archevêque n'ayant pas eu la fatisfaction qu'il esperoit, prit le parti de s'accommoder avec les nonces du pape, & de revoquer fon appel devant un notaire, & quelques témoins, non fans marquer plus de peine & de confufion d'y renoncer, que de l'avoir fait. Frederic comte Palatin du Rhin avoit fait la même chofe quelques jours auparavant, mais tous deux manquerent à leur parole, & n'exécuterent rien de ce qu'ils avoient promis. L'archevêque fans être abfous de fon excommunication,fit fes fonctions & marqua qu'il fe foucioit peu des cenfures ecclefiaftiques. Le pape averti d'une conduite fi irreguliere, envoya un de fes cameriers à Mayence, pour engager les chanoines à nommer un autte archevêque qui fût en état de lui tenir tête. Le chapitre s'affemautre archevêque à bla & élut Adolphe de l'illuftre & ancienne famille de Nassau dont quelques empereurs étoient fortis. Cette élection ne manqua pas de caufer la guerre entre les deux contendans; mais comme Adolphe fe trouvoit le plus fort, on parla de paix, & l'on en vint à un accommodement, aux conditions que le nouvel élu demeureroit archevêque, & que l'ancien joüiroit feulement de quelques terres & de quelques revenus pour fon entretien. Cet accord ne dura pas long-tems. Frederic comte Palatin étant venu à la Servavius l. 3. ve- traverse,renouvella la guerre qui dura jusqu'en 1463. que Rodulphe ennuyé de ces divifions, & convaincu

XXVI.

On nomme un

Mayence.

rum Moguntin.

que
Frederic ne cherchoit
cherchoit que la ruine de l'église de
Mayence, ceda fon droit à Adolphe, reçut l'absolu-.
tion du nonce du pape, & vêcut en homme privé
jufquen 1482. Quelques auteurs difent qu'Adolphe

XXVII. Arrivée des am

à la cour de France.

étant mort en 1457. les chanoines élurent une feconde fois Diether, & qu'il gouverna encore fix ans l'é- AN. 1461. glife de Mayence, après lesquels il mourut en paix. Les ambaffadeurs d'Orient que le pape avoit envoyez en France auprès de Charles VII. pour l'enga- baladeurs d'Orient ger à prendre les armes contre les Turcs, arrivey rent dans le mois de Mai de cette année avec le prélat Cordelier, qui fe difoit patriarche d'Antioche, & l'ambassadeur du prêtre Jean. En faluant ce prince ils lui donnerent le titre de roi très-chrétien, & lui demanderent humblement du fecours contre les infi

Apud. Æn, Sylv. 376-Ở jeg..

deles qui étoient fur le point de s'emparer de tout Monfrelet: vol. 35 leur pays, affurant fa majefté que deux officiers Fran- Meyer, lib. 16. çois feulement, feroient plus d'effet qu'une nombreuse armée d'autres nations. Mais la maladie du roi qui furvint, fut caufe qu'ils n'eurent pas de réponse favorable. Le pape ayant été informé par des voies fures que ce Cordelier étoit un impofteur auffibien que tous ceux qui l'accompagnoient, le reçut affez mal à leur retour. Ce religieux fut ordonné prêtre & facré évêque à Venife par quelques prélats qui ignoroient fes impoftures; ce que le pape n'eut pas plûtôt appris, qu'il écrivit au patriarche de Venise qu'on arrêtât ce fourbe, & qu'on le lui amenât:mais. il évita par la fuite la fuite la punition de fes crimes, de mê-me que les compagnons. Ce qui rendit le fouverain pontife plus circonfpect, & plus refervé à ajoûter foi fi facilement à ceux qui venoient d'Orient.

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XXVIII.
Le roi de France

Le roi étant à Meun fur Yeure en Berry, on lui vint dire que fes domestiques avoient réfolu de le. s'imagine fauffe-faire mourir par le poifon. Cette nouvelle lui ren- Tempoifonner. verfa tellement l'imagination, qu'il ne croyoit voirs

ent qu'on veut

Jean Chartier,

pag. 316.

Meyer l. 16. in fin.

que poignards & poison, & il y ajoûta d'autant plus AN 1461. de foi, que cet avis lui fut donné par un de fes offibiff. de Charles VII. ciers dont il croïoit être aimé, & dont il avoit éprouvé l'attachement & la fidelité. Le parti qu'il prit pour fe garantir de ce danger,fut des plus extraordinaires: ne fçachant de quelle maniere prendre fa nourriture avec quelque fureté, il s'abftint de manger pendant fept ou huit jours; quelques bonnes raifons que fes medecins puffent lui alleguer pour le guérir de cette efpece de phrenefie. Enfin ces mêmes medecins lui aïant reprefenté que voulant éviter la mort, il fe la procuroit fûrement en ne mangeant point du tout ; il prit la résolution de prendre quelque nourriture: mais l'eftomach & les inteftins s'étoient tellement refferrez par une auffi longue & auffi opiniâtre abftinence, qu'il lui fut impoffible d'avaler quelque chose. La fiévre le prit, & le mal augmenta fi confiderablement qu'il mourut le vingt-deuxième de Juillet jour de fainte Magdelaine, après s'être difpofé à la mort par la reception des facremens, & avoir demandé pardon à Dieu de fon incontinence.

XXIX.

Il fe laiffe mourir de faim.

Jamais prince n'eut de plus grandes traverfes & de plus puiffans ennemis, & ne les furmonta avec plus de gloire. Après avoir chaffé de fon royaume ceux qui vouloient ufurper fa couronne, il en trouva de plus dangereux dans fa maifon qui en voulurent à fa vie. On eût pu le nommer heureux, s'il avoit eu un autre pere & un autre fils. Il fut affable, débonnaire, liberal, équitable, il aima tendrement ses peuples, & les menagea autant qu'il lui fut poffible. Il récompenfa liberalement ceux qui le fervirent, il eut un foin très-particulier de la juftice & de la

AN. 1461.

police de fon royaume, il travailla puiffamment à la réformation de l'églife, & fut fi réligieux, qu'il ne voulut 'point la charger d'aucunes décimes. Mais étant d'une humeur un peu trop facile, il fe laiffa trop gouverner par fes favoris & par fes maîtreffes. Sur la fin de fa vie il devint craintif, défiant & foupçonneux au de-là de ce qu'on peut imaginer; mais avec tous ces défauts on peut le regarder comme un grand prince. Polydore Virgile à fait fon éloge Polyd. Virgil. biti en peu de de mots, en difant qu'il fut la gloire des Fran- Anglie. 1. 23. çois & le restaurateur de fon royaume. Ce prince mourut âgé de cinquante-neuf ans & fix mois en avoit regné trente-neuf & neuf mois.

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&

X X X.

Famille & em fans du roiCharles

Il laiffa onze enfans légitimes de fon épouse Marie fille de Loüis II. duc d'Anjou; fçavoir quatre fils vi & fept filles. Des fils deux feulement vêcurent jufques dans un âge avancé, Louis dauphin qui lui fucceda, & Charles qu'il avoit envie de faire reconnoître pour fon fucceffeur à la couronne, fi la mort ne l'eut pas prévenu. Les filles étoient Radegonde qui mourut étant déja fiancée avec Sigifmond fils aîné de Frederic V. archiduc d'Autriche; Yolande qui époufa Amedée VIII. duc de Savoye; Catherine époufe de Charles duc de Bourgogne ; Jeanne qui fut mariée à Jean II. duc de Bourbon; Mådelaine mariée à Gaston prince de Vianne & comte de Foix, une autre Jeanne & Marie fœurs gemelles, ne pafferent point les années de l'enfance.

XXXI.
Ses funerailles &
Nôtre Dame de

Le corps du roi défunt demeura en dépôt à Meun jufqu'au mercredi cinquième jour d'Août, qu'on Paris & à Saint l'apporta dans l'église cathédrale de Paris. Le convoi Denis, fe fit principaleinent aux dépens de Tannegui du Tome XXIII.

T

Chartel gentilhomme de Bretagne, & premier gen AN. 1461. tilhomme de la chambre, que Charles avoit relegué Jean Chartier dans une de fes terres. Dès qu'il eut appris la mort kiff. de Charles de fon prince, il accourut promptement, & n'épar

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gna point la dépenfe pour faire tranfporter fon corps à Paris d'une maniere honorable. On dit qu'il lui en coûta plus de cinquante mille livres. Et pour mieux. marquer fon défintereffement après les funerailles, il fe retira en Bretagne. Sans l'attention de ce fidéle fujet, Charles eût été tranfporté fans aucune pompe. Les feigneurs François empreffez de faire leur cour au dauphin Louis, fils aîné du défunt, négligerent abfolument de rendre à leur prince ces derniers devoirs que la reconnoiffance & l'obligation demandoient d'eux. Quatre feigneurs de la cour du parlement vêtus en robes rouges, tenoient les quatre coins du poële qui étoient auffi tenus par plufieurs. autres feigneurs de ladite cour. Après le corps couvert d'un drap d'or très riche,& pofé fur une litiere, suivoient à cheval le duc d'Orleans, les comtes d'Angoulême, d'Eu & de Dunois, après eux le chariot fur lequel on avoit mis le corps du roi depuis Meun jufqu'à Paris, tiré par fix chevaux couverts jufqu'à terre de velours noir. Enfuite fix pages montez fur autant de chevaux.Ce convoi étoit précédé de Louis deHarcourt archevêque de Narbonne qui officia pontificalement à Notre-Dame & à Saint-Denis. Le recteur de l'univerfité de Paris marchoit enfuite, les offiJeanChartier, bit ciers de la chambre des comptes, les maîtres des requêtes, le prevôt de Paris, le Châtelet, & plufieurs ordres de religieux. Le corps fut placé dans le milieu. du chœur de l'église cathédrale, où l'on commença.

de Charles VII,

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