Imágenes de páginas
PDF
EPUB

AN. 1459.

VII. page 187.

dre du roi, le comte d'Alençon pair de France coufin germain dudit roi. Le prifonnier fut conduit à Melun où le connétable alla l'interroger: on l'accu- & mis en prifon. foit d'avoir invité les Anglois à revenir en France, Jean Chartier, & d'avoir même fait un traité avec le roi d'Angle- i de Charles terre, par lequel il lui promettoit de lui donner entrée en Normandie par les places qu'il tenoit fur la mer. Le comte ne voulut point répondre au connétable, & demanda à paroître devant le roi de France. On l'amena en effet devant lui, & ils eurent ensemble une longue conference, d'où le comte ne fortit que pour être réconduit en prifon : il y demeura deux ans, pendant lefquels on inftruifit fon procès. Après ce tems Charles VII. le fit condamner par arrêt des ducs & pairs à avoir la tête tranchée. La peine de mort toutefois fut changée en une prison perpetuelle dans le château de Loches.

XXIV.

ca

Révolutions ea Hongrie après la

mort d'Huniade,

La mort de Jean Huniadecaufa quelques révolu tions en Hongrie, & les inimitiez de fes deux fils contre Ulric comte de Cilley, oncle du jeune Ladislas roi de Hongrie, fe renouvellerent très-vivement. L'aîné des enfans d'Huniade, qui avoit l'affection des peuples, entreprit de se défaire d'Ulric. Celui-ci étoit allé à Belgrade avec Ladiflas fon neveu, bien réfolu de se rendre maître du gouvernement, puifqu'Huniade fon plus grand ennemi étoit mort; mais il en falloit chaffer les deux fils d'Huniade, qui étoient demeurez dans cette ville avec une forte garnifon. Ulric qui les regardoit comme un grand obftacle à fes deffeins, eut recours à la calomnie ; & chercha à les décrier dans l'efprit du roi Ladiflas.Les Hongrois indignez d'une conduite fi honteufe, con- . Jeq. Tome XXIII,

C

En. Sylvius, ep. 253. hift. Bohern

AN. 1457.

[ocr errors]

XX V.

comte de Cilley.

jurerent contre fon calomniateur fans être arrêtez par la qualité d'oncle de leur prince. Le jour de faint Thures cap. 58. Martin onzième de Novembre, Ulric étant avec le roi dans l'église, ils l'appellerent dans un lieu écarté, & après quelques paroles fâcheufes entre lui & le fils Mort d'Ulric aîné d'Huniade, ils le tuerent à coups d'Epée. Le roi de Hongrie fut fort irrité de cette attentat commis en fa préfence; mais la crainte de quelque fédition lui fit dissimuler fa colere, & l'obligea même de promettre aux meurtriers de leur pardonner, & de leur accorder fa bienveillance: mais fa promeffe ne fut pas fincere, & il cherchoit fecretement quelque occafion favorable dans laquelle il pût les punir avec fûreté.

Bohem. cap. 66. &

feq.

X X V I.

tête au fils aîné

Elle fe préfenta bien-tôt après. Le roi étant à Bude dans le milieu du Carême de 1457. fit arrêter Ladiflas meurtrier d'Ulric, fon frere Matthias, & quelEneas Sylvius, ques autres dans le palais; & trois jours après il fit p. 253. hift. condamner le premier à perdre la tête publiquement fur un échaffaut. Ce jeune feigneur qui n'avoit tout au plus que vingt-quatre ans, alla au fupplice avec une contenance hardie, & vêtu d'un habit de drap On tranche la d'or dont le roi lui avoit fait préfent. Etant arrivé au lieu de l'éxécution, il jetta la vûë de tous côtez fur le peuple, retrouffa fes cheveux qui étoient fort longs, & après avoir parlé en peu de mots pour fa juftification, il fe mit à genoux avec beaucoup de fermeté, fans faire paroître la moindre émotion & préfenta fon col au boureau, qui faifi de peur, ou par un fentiment de compaffion de voir expirer fur un échaffaut un jeune feigneur fi bien fait, lui donna jufqu'à trois coups, fans l'avoir bleffé à mort.

d'Huniade.

Bonfin ibid.

Les hiftoriens rapportent qu'après le dernier coup il fe leva avec beaucoup de courage, prit Dieu & la ju- A N. 1457stice à témoin de fon innocence, & dit tout haut qu'il ne devoit plus être frappé, que le quatrième coup étoit défendu par la loi, & que Dieu avoit permis ce miracle pour marquer à tout le monde qu'il n'étoit point coupable. Mais quelques feigneurs préfens à ce fpectacle avec le roi, firent de grands reproches au boureau, & lui commanderent d'achever le criminel, & de lui couper la tête, qui ne tomba qu'au cinquième coup. Son corps qu'on couvrit aussi tôt d'un drap noir, fut porté à l'église de la Magdelaine, & de-là au lieu où les traîtres au roi avoient coûtume d'être inhumez. Mais fon oncle le fit ôter de cet endroit après la mort du roi, pour être enterré honorablement dans Albe en Transylvanie, & mis au tombeau de ses ancêtres. Matthias son frere fut épargné à caufe de fon bas âge, & envoyé prifonnier à Prague, où il fut confié à la garde de Pogebrac gouverneur de Bohême. On lit toutefois dans Sponde que le roi de Hongrie l'amena avec lui à Vienne en Autriche, & le fit ferrer très-étroitement.

Le

pape Callixte reçut dans le même tems des lettres de Hongrie, qui lui apprenoient que Mahomet II. avoit fait alliance avec le foldan d'Egypte le caraman de Cilicie & les Tartares ; qu'ils affembloient tous une nombreuse armée pour venir une feconde fois affieger Belgrade, bien résolus de ne point fe défifter de leur entreprise, qu'ils n'euffent pris la place; dût-on leur enlever pendant le tems qu'ils en feroient le fiége, la plus grande partie des états qu'ils poffedoient en Alie, Sur ces nouvelles

XXVII. Matthias autre

fils d'Huniade cft

mis en prifon.

Spond. contin. an

nal. hoc an. 1457.

[ocr errors]

XXVIII.

Le roi d'Arragon

[ocr errors]

Eneas Sylvius

ift. 263. 266.

278.282.

Æneas Sylvius écrivit à Alphonfe pour l'exhorter à AN. 1457. fecourir les Hongrois; mais c'étoit parler à un fourd qui n'étoit occupé que de la chaffe où il avoit penfé refufe du fecours périr depuis peu en poursuivant un fanglier. Il lui aux Hongrois. étoit toutefois facile d'accorder le fecours qu'on lui demandoit, ayant une flotte toute équipée de plus de trente galeres, & de fept grands navires, avec beaucoup d'autres petits bâtimens. Il publioit qu'il partoit avec cette flotte pour la Catalogne, afin d'en revenir plus fort, & agir enfuite plus efficacement contre les Turcs. Mais les Genois, les Florentins, les Siennois appréhendoient qu'il ne voulût agir contr'eux, & la crainte des premiers étoit bien fondée, puifque cette flotte s'empara d'abord d'un navire de Genes richement chargé, qui venoit de Chio. La république pour s'en venger, envoya Jean-Philippe de Fiefque avec quatre vaiffeaux pour brûler ceux du roi d'Arragon dans le port de Naples; mais ce deffein fut fans fuccès.

XXIX. Guerre entre Al

nois.

L'armée navale d'Alphonfe ayant remis à la voile, phonie & les Ge- prit fix navires Genois à la hauteur de Monte-Crecelli. Ces commencemens étoient les préludes d'une plus grande guerre. Les confederez, pour en prévenir les fuites, effayerent d'accommoder le prince avec la république, mais ils n'y trouverent aucune difpofition. Alphonfe follicité par les bannis de Genes, réfolut d'affieger la capitale de cet état; & quelques propofitions que lui pût faire Perrin Fregofe qui en étoit alors Doge, il ne voulut écouter aucune voye d'accommodement, qu'auparavant Fregofe ne fe démît de l'autorité fouveraine, & ne la remit aux Adornes. Le Doge ne fe voyant pas en état

[ocr errors]

de réfifter, fit réfoudre la république à fe mettre

fous la protection de Charles VII. roi de France, AN. 1457. auquel elle remit le château & les autres places importantes. Ce qui caufa dans la fuite une guerre qui dura très-long-tems.

Le pape de fon côté ne négligeoit rien pour la défenfe de la religion contre les Turcs, quoiqu'il ne manquât pas d'affaires en Italie, ayant à s'oppofer aux vexations de Pifcinin & de quelques autres; il ne laiffa pas d'envoyer en Orient au cardinal d'Aquilée de l'argent & deux galeres, pour se joindre aux feize autres que ce cardinal y avoit déja conduites. Il invita tous les princes Chrétiens & principalement ceux d'Efpagne à fe croifer contre les infideles Les rois de Caftille & de Portugal firent publier la croifade dans leurs états. Alphonfe roi d'Arragon, pour montrer à tout le monde qu'il s'y dif pofoit, employa l'or qui lui venoit de la Guinée nouvellement découverte par fon oncle D. Henrique, à fraper des pieces de monoye qu'il fit nommer Loz cruzados, comme qui diroit les croifez. Mais voyant dans la fuite que le roi de Caftile & les autres princes Chrétiens ne fe difpofoient pas beaucoup à fatisfaire le pape, il fuivit leur exemple, y étant affez naturellement porté, & tourna fes armes contre les Maures d'Afrique.

XXX.

Zele du pape à

engager les princes les Turcs.

à la guerre contre

Juftification de

des Allemands,

Pendant que le fouverain pontife s'employoit avec XXXI. tant de zele, & toutefois fi peu efficacement à arrêter pape fur les plainles progrez des Turcs, les Allemands continuoient tes à fe plaindre avec beaucoup d'amertume. 1. Qu'il les opprimoit en exigeant beaucoup plus d'argent qu'il ne devoit, fous prétexte de pourvoir aux frais de la

Eneas Sylvias,

epist. 371.

« AnteriorContinuar »