il lui remit encore la ville de Savonne dont sa maAN 1464. jefté joüifloit: & écrivit à tous les princes d'Italie, que quiconque affifteroit les Genois contre Sforce duc de Milan, feroit tenu pour ennemi de la France; ainsi ce duc avec une protection fi considérable, se rendit maître de Genes & de toute cette feigneurie. Le pape en écrivit des lettres de congratulation, & cet état jouit dans la fuite d'un parfait repos.

CXXXI.

Les grands de Ca

-zoi.

Henri VI. roi de Caftille toujours occupé de fes fille le foulevent plaifirs, & de fes débauches, fe rendoit de plus en plus contre Henri leur odieux à fes fujets & fur- tout aux grands. Ce qui acheva d'irriter ceux-ci ce fut l'élevation du comte de Ledesme son favori qu'il combloit tous les jours de bienfaits, & à qui il venoit encore de conferer la grande maîtrise de l'ordre de S. Jacques. Les grands voïoient avec indignation une charge poffedée jufqu'alors par des princes du fang, entre les mains d'un homme qui ne s'étoit élevé à ce haut point de grandeur qu'en devenant le galant de la reine; ils formerent une confpiration contre le roi, & ils publierent que la princeffe Jeanne dont la reine étoit accouchée, n'étoit point légitime; on le fçavoit déja : on n’ignoroit point que c'étoit le fruit des libertez du comte avec la reine. Mais les grands affecterent de le publier

afin
que cette princeffe fût déclarée incapable de fuc-
ceder à la couronne de Caftille, comme étant illégi-
time. Ils ne fe contenterent pas de le dire: on affembla
les états, où malgré les partifans que le roi & le comte
pouvoient y avoir, on déclara en effet que la princeffe
Jeanne ne pouvoit être heritiere de la couronne de
Caftille. Les grands firent entrer Alphonfe frere de
Henri dans leur ligue,& le reconnurent pour légitime

heritier. La maîtrise de l'ordre de S. Jacques fut ôtée au comte de Ledesme; & en fa place le roi lui donna le

AN. 1464.

CXXXII:
Mort du cardinal à

duché d'Albuquerque. Henri volant que fes sujets Mariana hiftor. vouloient lui faire la loi, fit fa paix avec le roi de Hifpan. Lib. 23. Grenade, & confia la garde de fa perfonne à deux cens Maures, ce qui ne fervit qu'à irriter davantage les grands, qui, indignez d'une action fi contraire aux maximes de la politique & de la religion, proclamerent Alphonfe pour leur roi. Mais Henri avec. quelques troupes qu'il fit venir de France & de Grenade, vainquit les rebelles, & obligea fon frere à se contenter de la qualité d'heritier préfomptif de la couronne. Cet accord toutefois ne dura pas longxems, & les brouilleries recommencerent bien tốt. Parmi les perfonnes de quelque réputation qui Pierre de Foix. moururent en 1464. l'on marque le cardinal Pierre: de Foix, cordelier. Il étoit fils d'Archambaud feigneur de Grailly captal de Buch, & d'Elisabeth comteffe de Foix. Il prit l'habit de religieux de faint François à Morlas, & fit de grands progrez dans les lettres divines & humaines. Après qu'il eut été nommé administrateur des évêchez de l'Escar & de Cominges, l'antipape Benoist XIII. ou pour récompenfer fon merite, ou pour attirer dans fon parti les comtes de Eoix, le créa cardinal en 1408. Pierre fut attaché à ce faux pontife jufqu'au concile de Conftance, pendant lequel il préfera les interêts de l'Eglife à ceux : de fon ami. Les peres de ce concile le reçurent en 1416. avec honneur; diftinction qu'on devoit à fon merite particulier, autant qu'à fa qualité. On lui confirma fon titre de cardinal, & on donna l'abfolution: aux peuples de Foix & de Bearn, qui avoient fuivi le

Onuphr. & Cia con. in vitis pontificum. Aubery hifi.

des cardinaux DuMarthe in Gal chrifiiana. ·

chefne. Sainte

parti de Benoit. Pierre de Foix fe trouva à l'élection AN. 1464. de Martin V. & fut choifi en 1425. pour aller en qua

Sup. liv. cx1. n. 42.

Stond. annal, hoc ann. n. 14.

CXXXIII.

Mort du cardinal de Cufa.

Onuphr. Platin, Pontif. Aubery

Ciacon. in vitis

Duchefne bift, des
Cardinaux.

lité de légat en Arragon, & pour diffiper les reftes du fchifme. Il acheva heureufement cette grande affaire; & dans un fecond voïage qu'il y fit avec le même titre, il rétablit dans tous les efprits le calme & l'union. Le pape Eugene IV. le fit légat d'Avignon; & comme il étoit archevêque d'Arles, il vint aprèscette légation remplir les devoirs de fon ministere. Il célébra en 14 57. un concileà Avignon, & mourut dans cette ville le treiziéme Decembre de cette année âgé de foixante-dix-huit ans, & de la cinquantefeptième année de fa nomination au cardinalat par le pape Benoît. C'est lui qui l'an 1457. fonda à Toulouse le college de Foix avec un revenu confidérable pour élever & inftruire vingt-cinq pauvres écoliers, & il l'enrichit d'une excellente bibliothéque remplie de bons livres en toutes fortes de fciences. Ce college a produit beaucoup de grands hommes fur tout dans le dix-feptiéme fiécle; mais aujourd'hui cette fondation a tellement dégénéré, que Sponde appelle ce college la retraite du vice & de l'ignorance.

par

Le cardinal Nicolas de Cufa mourut auffi dans cette même année. On l'appelloit ainfi du lieu de fa naiffance fitué fur les bords de la Mofelle dans le diocéfe de Treves; il n'étoit fils que d'un pauvre pêcheur, mais fon mérite il s'éleva aux plus hautes dignitez de l'églife. Quoiqu'Onuphre qui a écrit la vie des papes, l'abbé Penetto auteur d'un hiftoire tripartite, & Hyppolite Marraccio à qui on est redevable de la Bibliothèque Mariane ou de ceux qui ont écrit de la fainte Vierge, aïent avancé que ce cardinal avoit

été

été chanoine régulier & prévôt du monaftere de Vartobergen, & qu'Antoine de Sienne & Alphonfe AN. 1464. Fernandez le faffent dominiquain;il eft fûr qu'il n'a fait profeflion dans aucun ordre religieux, & qu'il fut fucceffivement doyen de faint Florent de Constance, archidiacre de Liege, évêque de Brixen en Allemagne, & cardinal du titre de faint Pierre aux liens. Il avoit une connoiffance fort étendue pour le tems, & excelloit fur tout dans la Jurifprudence & dans la théologie. Le pape Eugene IV. le donna au cardinal Albergotti qu'il envoya légat en Allemagne ; & depuis il y fut envoyé lui-même en qualité de nonce. Nicolas V. fucceffeur d'Eugene récompensa les services de Cusa par la dignité de cardinal le vingt-cinquième de Décembre 1448. On a parlé ailleurs de fes differends avec Sigifmond duc . 147.148.& suivá d'Autriche que le pape Pie II. excommunia..

Il fut envoyé l'an 1451. en Allemagne pour y faire prêcher la croifade. La fauffe politique des uns, & la crainte interreffée des autres firent échouer les deffeins de ce légat, qui pour n'être pas inutile, assembla un fynode à Magdebourg,réforma les monafteres, publia le jubilé, & fit des ordonnances trèsutiles pour la difcipline ecclésiastique. Fl retourna à Rome fous Callixte III, & fe trouva à l'élection de Pie II. qui le laiffa gouverneur de Rome lorfqu'il partit pour Mantouë. Comme il avoit affisté au concile de Bafle où il fut un des plus grands défenfeurs de l'autorité du concile fur le pape, il composa pour prouver ce fentiment un ouvrage trèsconfiderable intitulé: De la Concordance catholique. Il mourut à Todi ville d'Ombrie le douzième Tome XXIII, Ff

Supra liv. cxr

i.

d'Août de cette année, âgé de foixante-trois ans. AN. 1464. Son corps fut enterré à Rome dans l'église de faint Pierre aux-liens qui étoit fon titre de cardinal: & fon cœur fut porté dans l'église de l'Hôpital de faint Nicolas qu'il avoit fondé près de Cufa, & qu'il avoit enrichi d'une ample bibliothèque de livres Grecs & Latins.

CXXXIV.

dinal de Cufa.

Tous les traitez ont été imprimez à Basle en trois Ouvrages du car- volumes dans l'année 1565. Le premier tome contient des traitez théologiques fur les mysterés, dans lesquels la métaphyfique ancienne regne presque par tout. Il y a trois livres de la docte ignorance dont il a fait une apologie, deux livres de conjectures, un écrit touchant la filiation de Dieu, des dialogues fur la Genese & fur la Sageffe, le traité de la vision de Dieu, deux livres du globe, le dialogue de Dieu inconnu. Le fecond volume contient des exercitations, les trois livres de la concordance catholique, des lettres aux Bohemiens, quelques autres traitez de controverfe dans lesquels il traite les matieres en théologien, comme un traité fur l'Alcoran, intitulé: PAlcoran criblé, un autre, fçavoir; Conjectures fur les derniers tems. Le troifiéme volume comprend des ouvrages de mathematiques, de géometrie & d'aftronomie. Son ftile eft net & facile fans affectation & fans ornement; il fçavoit les langues orientales, il avoit beaucoup d'érudition, & le jugement affez fain. Son feul défaut eft d'avoir été trop abftrait & trop méthaphyficien dans plufieurs de fes ou

CXXXV.

vrages.

Ön place encore dans cette même année la mort me de Vorong & de deux autres auteurs ; Guillaume de Vorilong &

Mort du Guillau