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AN. 1470.

Ext. Bull. to. I.

tence qu'ils ne pourroient accomplir, & qui feroient néanmoins de leur côté tout ce qui dépendroit d'eux pour fatisfaire à la justice de Dieu, voulut abreger le tems où on accordoit ces indulgences. Boniface VIII. instituteur du jubilé avoit premierement reglé Paul. I.conflitut.7ce tems pour le commencement de chaque fiécle, c'eft-à-dire tous les cent ans: Clement VI. le réduifit à cinquante, & Urbain V. à trente-trois. Paul II. voulut qu'il fût celébré dans la fuite tous les vingtcinq ans, à commencer l'an 1475. de ce fiecle. Sa bulle eft du 19. d'Avril 1470.

LXXV.
On punit en Fran-

magnac.

Le roi Louis XI. averti que Jean comte d'Armagnac qui s'étoit diffamé par le mariage inceftueux ce le comte d'Arqu'il avoit contracté avec fa propre fœur, cabaloit encore avec le duc de Bourgogne contre l'état, ne fut pas fâché de trouver cette nouvelle occafion de le punir de fes anciens crimes. Il envoya le feigneur de Chabannes avec des troupes pour châtier ce rebelle. Le comte furpris fe fauva à Fontarabie, & abandonna fes états qui furent faifis par le roi. On lui fit fon procès, & il fut condamné à la mort par un arrêt du parlement. Il rentra depuis en poffeffion de fon comté à la faveur du duc de Guienne, mais ce ne fut que pour y périr malheureusement.

Louis XI. n'avoit pas oublié l'affaire de Peronne, & il auroit été bien aife de trouver l'occafion d'en tirer vengeance; mais il ne pouvoit le faire fans déclarer la guerre au duc de Bourgogne, à laquelle il n'étoit pas d'humeur de s'engager. Il prit le parti de fufciter une révolte genérale dans tous les états, d'animer contre lui fes fujets qui n'étoient pas fort difposez en sa faveur ; & les gens qui compofoient fon

confeil y donnerent les mains. Le connétable de faint AN. 1470. Pol prit fon tems pour lui remontrer qu'il étoit honteux à sa majesté de laiffer plus long-tems à ce duc les villes fur la Somme; qu'il étoit inutile de commencer par le duc de Bretagne parce que l'autre auroit toujours le loifir de fe préparer pour le fecourir: qu'en tombant d'abord fur le duc de Bourgogne, il ne feroit pas impoffible de l'accabler tout d'un coup, parce qu'il avoit licentié la meilleure partie de fon armée; que par-là le roi fe rendroit aisément maître des Pays-Bas, où la noblesse étoit mécontente du gouvernement. Le duc de Guienne follicitoit auffi cette guerre, parce que le duc lui avoit refufé fa fille en mariage.

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Le roi fe rendant à ces raisons, affembla les états de fon royaume à Tours dans le mois de Mars & d'Avril. Il s'y plaignit du duc de Bourgogne, des ufurpations qu'il faifoit fur les frontieres de Picardie, des liaifons qu'il avoit avec les ennemis de l'état, & de l'infraction des traitez d'Arras & de Peronne. Les états entrerent dans les fentimens du roi; & on réfolut que ce duc comme Vaffal de la couronne, feroit ajourné à comparoître au parlement de Paris pour rendre raifon de fa conduite. La chose fut exécutée par un huiffier qui fut envoyé à Gand, & que

duc fit mettre en prifon; mais qu'il relâcha peu de jours après, Et comme il vit à quoi tout cela tendoit, il affembla fes foldats. Le roi ne laiffoit pas de l'amufer par de feintes négociations jufqu'au commencement de Decembre que le bâtard Baudouin & le prince d Orange quitterent le duc, & pafferent du côté du roi Louis XI. Le contenable commença par

AN.

1470.

LXXVII.
Il fe rend maître

là surprise de Saint-Quentin, & le roi s'étant préfenté aux portes d'Amiens, y fut introduit. Sa majesté ne fut pas fi heureufe devant Abbeville, où Crêvecœur étoit entré avec un grand nombre de gendar. de Saint- Quentin mes Flamands. Mais le duc de Bourgogne au lieu de profiter de ce petit avantage, demanda grace à fes ennemis.

Charles VIII. roi de Suede étoit mort dès le mois

& d'Amiens.

LXXVIII.
Mort de Charles

VIII. roi de Suede.
Stenon lui fuccede.

Joan. Magn. lib.
23.cap.9.
Krantz. 3.
Dan. 35. 3•

de Mai précedent.Comme il fçavoit que Stenon de-
voit lui fucceder, il le conjura de ne prendre ni la
couronne, ni le titre de roi, parce que ce titre étoit
odieux aux Gots & aux Suedois.Stenon l'obferva avec
foin, & on l'élut d'un commun confentement gou- Sue. 41.
verneur de la principauté; il conferva cette charge
durant trente ans aimé de fon peuple, des étrangers
& même de fes ennemis. Il défit dès le commence-
ment de fon regne Christiern roi de Dannemark,
qui n'ofa plus l'attaquer dans la fuite, laiffant à fes
heritiers à fe débattre fur fon droit à la couronne.

LXXIX. Mahomet affiege

& prend la capitale

de l'ifle de Negre

pont.

30. Petr.Juftinian.

Mahomet II. voulant accomplir dans cette année le vœu qu'il avoit fait d'exterminer les Chrétiens, équippa une puissante flotte de plus de cent galeres, & d'un plus grand nombre d'autres vaiffeaux pour Phrantz. 1. 3.c. attaquer l'ifle de Negrepont, la plus grande de tou-bit. Venet. I. S. tes celles qui font dans la mer Egée. Il en donna la Ciacon. in Paul. II. conduite au grand vizir Machmut, qui en attendant l'armée de terre de plus de fix vingt mille hom mes, commandée par Mahomet lui-même, pilla Lemnos, & prit Timbre. Enfin les armées de mer & de terre étant prêtes, Chalcis ville capitale de l'isle fut affiegée. La nouvelle de ce fiege étonna fort la république de Venife;elle envoïa le plus grand nom

bre de galeres qu'il lui fut poffible pour fecourir les AN 1470. affiegez. Le pape ordonna des prieres publiques dans Rome; il alloit lui-même nuds pieds en proceffion portant l'image de la fainte Vierge. Mais Dieu ne jugea pas à propos d'exaucer les prieres desChrétiens. Après trente jours de fiege, la ville fut prife & pillée par la trahifon de Thomas Liburne natif de l'Illyrie, qui montra aux Turcs les endroits les plus foibles de la place; & par la lâcheté du commandant de la flotte Venitienne, qui ayant pû rompre aifément le pont par où l'on paffoit de la ville für terre, & priver par-là Mahomet renfermé dans l'ifle de tout fecours, aima mieux demeurer dans le repos, que de s'expofer à aucun danger, quoiqu'il fût follicité par les capitaines des galeres, & que les affiegez de deffus les murailles lui demanda ent inftamment du fecours.

à fang.

LXXX.

Chalcond. hift. des

Turcs l. 9.

cit.

Sabellic. in Enn.

Le fultan n'abandonna la place à la fureur du folIl abandonne la dat, que pour le venger de la mort d'environ quamet tout à feu & tre mille Turcs qu'il avoit perdus dans ce fiege. Paul Erise Venitien étant forti fur la parole du grand feigneur de l'azyle où il s'étoit refugié, fut néanmoins Phranz. loco fup. Coupé par le milieu du corps; fa fille qui joignoit à une grande beauté, beaucoup de modeftie & de ead. 6. in fin. 3. chafteté, fut mise à mort pour n'avoir pas voulu consentir aux défirs de ce prince cruel. Enfin Mahomet après avoir laiffé une bonne garnison dans la ville s'en retourna avec le refte de fes troupes, & prit le chemin de Conftantinople. Le commandant de la flotte Venitienne fut envoïé à Venife lié&char-` gé de chaînes par Pierre Mocenigo son successeur, on le bannit à perpetuité.

dec. 8.

Adolphe

lui AN. 1470.

re

LXXXI. Impieté d'Adol

phe contre fon pele duc de GuelMemoires de Co

dres.

mines l. 4. c. 1. Ext. in magn. chron. Belg. pape

epiftola ad cum

Adolphe fils unique d'Arnoul duc de Gueldres, ne pouvant fupporter la longue vie de fon pere, déclara la guerre. Cette action irrita tous les gens de bien, & les princes voifins s'entremirent pour les réconcilier. Ainfi on n'en vint pas aux effets alors. Mais cette réconciliation ne fut que feinte, de la part d'Adolphe. Ce fils dénaturé & aveuglé par fon ambition, fe faifit de fon pere pendant la nuit lorfqu'il s'y attendoit le moins, l'emmena tout nud fort loin, & Jeripta. l'enferma dans une étroite prifon où il fut pendant fix mois. Le duc de Cleves oncle d'Adolphe, prit les armes pour remettre Arnoul en liberré; mais ne fe fentant pas affez fort, il eut recours au pape & à l'empereur, qui en écrivirent vivement à Adolphe. Celui-ci fe mocquant & des prieres & des menaces, le duc de Bourgogne fut chargé de le réduire à la raifon ; il lui ordonna de comparoître devant lui avec fon pere à Dourlens. Il fallut obeïr; tous deux comparurent; le pere irrité, tout infirme & chargé d'années qu'il étoit, appella fon fils en duel. A quoi le duc de Bourgogne qui favorifoit le fils, ne voulut pas confentir, n'ayant pas d'autre vûë que de les accommoder & de les réconcilier enfemble. Philippe de Comines qui étoit en ce tems-là au duc de Bourgogne, fut chargé par ce duc de l'accommodement.

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Il offrit au fils le titre de gouverneur de Bourgogne, & lui dit que s'il le refufoit, il étoit chargé de lui propofer le pays de Gueldres avec tout le revenu, à l'exception d'une petite ville du Brabant appellée Grave, dont fon pere joüiroit avec le revenu de trois mille florins, & autant de pension, & le titre de Tome XXIII. Sf

Mem. du Bellay? 1. 4. p. ibid.

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