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Septembre de cette année, la troifiéme du pontificat A N. 1457. de Callixte; & le manufcrit fe voit dans la bibliothé que de l'évêché de Vaifon, fuivant le pere Labbe.

XLIII. Réconciliation

du roi de France avec le dauphin.

Jean Chartier,

pag. 288.& fuiv.

En France depuis la retraite du dauphin,le roi s'étoit affuré de toutes les places du Dauphiné, avoit renforcé les villes frontieres du duc de Bourgogne, défendu à tous les habitans de ces quartiers-là d'avoir aucun commerce avec fon fils,& de le recevoir en auhift. de Charles VII. cune maniere fans a permiffion. Ces démarches intriguerent fort le duc de Bourgogne, qui craignoit que le roi ne voulût faire élever fon fils dans fes états; ce qu'il n'auroit jamais fouffert. C'est ce qui lui fit prendre le parti de travailler à la réconciliation du pere & du fils. Il envoya pour ce fujet à la cour de France Jean de Croy & Simon de Lalain, qui après avoir justifié la conduite du duc de Bourgogne à l'égard du dauphin, & loüé beaucoup la bonté du roi pour recevoir fon fils en grace, lui représenterent le deffein que le dauphin méditoit d'aller en Hongrie contre les Turcs, & demanderent les troupes & l'argent néceffaires pour ce voyage. Le roi leur répondit qu'il avoit approuvé la conduite du duc de Bourgogne, qu'il étoit prêt à recevoir fon fils, quand il voudroit rentrer dans fon devoir, pourvû qu'il n'eût pas certaines perfonnes à fon fervice; qu'enfin pour ce qui concerne le voyage de Hongrie, la situation des affaires du roïaume ne permettoit pas que le dauphin le fit,attendu que les Anglois ennemis du roïaume, profiteroient de l'abfence de la noblesse & des troupes qui devroient accompagner fon fils, à qui il convenoit de faire ce voïage avec un équipage&une fuite proportionnée à fa qualité d'héritier préfomptif

de

de la couronne. Cette réponse du roi fi bien fondée ne laissa pas de déconcerter le dauphin, qui aussi tôt A N. 1457. prit la résolution de demeurer dans le Pays-Bas, & de faire venir de Savoye fon épouse qu'il n'avoit point encore vûë. C'étoit Charlotte de Savoye, qui arriva en effet. Le mariage fut consommé, & trois ans après ils eurent un fils qui mourut fort jeune.Le dauphin ne fut pas long-tems en Brabant fans mettre la divifion entre le duc de Bourgogne & fon fils, ayant gagné les feigneurs de la maifon de Croy, qui gouvernoient le pere, & les foûtenant contre le fils qui ne les pouvoit fouffrir.

XLIV. Richard duc

d'Yorck gouverne gleterre.

abfolument l'An

Polid. Virg, hift.

En Angleterre, Richard duc d'Yorck, après la défaite de l'armée royale, tenoit toûjours le roi en tutelle, & gouvernoit abfolument l'état. Il obligea Henri de convoquer un Parlement à Londres. On parut d'abord y ménager le roi en rejettant toutes les Angl. ad hunc am malverfations du gouvernement fur les miniftres; mais bien-tôt après on déclara le prince incapable de gouverner, & on lui donna des tuteurs. Le duc d'Yorck en fit nommer trois, dont il fut le premier avec la qualité de protecteur du royaume. Le fecond fut le comte de Salisberi avec la charge de chancelier d'Angleterre. Et le troifiéme fut le comte de Warvick qui eut le gouvernement de Calais alors le plus riche & le plus beau du royaume. Toutes les créatures du duc d'Yorck furent avancées à proportion du rang qu'elles tenoient auprès de lui. Ainsi fans courir lesrifques de la guerre, ce prince s'ouvroit infenfiblement le chemin au trône, & n'avoit plus qu'un pas à faire pour jouir de tout. Mais il attendoit que la voye publique l'excitât à faire cette Tome XXIII.

E

démarche, voulant avoir avec la couronne, la gloire AN. 1458. d'être contraint à la prendre.

Mais la reine qui avoit autant de prudence & de fermeté, que le roi fon époux avoit d'indolence & de moleffe, réfolut de s'y oppofer. Elle s'étoit fait un parti confidérable de concert avec Henri nouveau duc de Sommerfet, le duc de Buckingham &d'autres: & le fecret avoit été fi inviolablement gardé, que Richard n'en fut inftruit que quand le roi ayant convoqué à Granvick un parlement choifi par la reine, on y déclara que le prince n'avoit pas befoin de protecteur, qu'on déchargeoit le duc d'Yorck du foin de gouverner l'état, & qu'on remettroit inceffamment le grand fceau entre les mains du roi, qui les confieroit à celui de fes fujets qu'il jugeroit le plus capable. Ce coup étourdit le duc, mais il fallut plier; & préCe duc de retire voyant le danger qui le menaçoit, il le retira de la

XLV.

la.cour.

XLVI.

Differend tou

chant la fucceffion

cour avec les comtes de Salisberi & de Warvick. Par cette retraite le roi recouvra fon autorité, mais ce ne fut pas pour long-tems: car au lieu de poursuivre le duc & les deux comtes, jusqu'à ce qu'il se fût défait deces trois rebelles, comme s'il eût obtenu un grand avantage, en les obligeant de quitter la cour, il retourna à fa premiere indolence, d'où les confeils rigoureux de la reine & de fes principaux miniftres. ne purent jamais le retirer.

Après la mort du jeune Ladislas roi de Hongrie & de Bohême, ces deux royaumes devinrent l'objet de des royaumes de l'ambition d'un grand nombre de prétendans. L'Autriche fut long-tems difputée par l'empereur Frederic, par fon Frere Albert IV. furnommé le débonnaire, & par Sigifmond comte de Tirol leur coufin ger

Hongrie & de
Bohême.

AN. 1458

neral. 49. p. 481.

main. Mais ce dernier s'étant relâché de fon droit ou prétendu ou réel, les deux freres demeurerent encore quelque tems aux prifes, jufqu'à ce qu'après beau- Nau ler. vol. 3. gecoup d'évenemens dont nous ne toucherons ici que les plus confidérables, ils se réconcilierent enfin par un traité fait à Fribourg.

La Hongrie avoit auffi plufieurs concurrens, mais la mémoire des fervices qu'Huniade avoit rendus, réunit prefque tous les fuffrages en faveur de Matthias fon fils. Ce prince étoit prifonnier en Bohême; mais Michel Zilagius fon oncle voïant que les efprits étoient déja difpofez en fa faveur, fçut les ménager adroitement; & tant par fon induftrie que par fes intrigues, il fit fi bien, que Matthias fut proclamé hautement roi de Hongrie.

XLVII. Matthias fils d'Hu

Bonfin. 3. Dec. 9.

Le cardinal de faint Ange qui étoit légat en Bohême auprès de Ladiflas, ne s'attacha pas feulement niade élu roi de à faire valoir les mérites du pere pour l'établiffement Hongrie. du fils, mais il étendit encore lon zéle à fe rendre EnSylv.epift.523. folliciteur de fon élargiffement, auprès de Pogebrac, qui fut charmé de trouver une occafion dans laquelle il pût donner des marques de fa genérofité, à condition toutefois que Matthias épouferoit fa fille. L'affaire réuffit felon fes projets, & Matthias fut élû roi de Hongrie, Pogebrac eut encore pour sa récompenfe foixante mille écus d'or.

me.

XLVIII.

L'empereur Frederic prétendant qu'il lui appartenoit de difpofer de la couronne de Bohême, parce deric prétend au que Ladiflas avoit négligé d'en rendre hommage royaume de Bohêavec les cérémonies ordinaires, la deftinoit déja pour lui, ou pour quelqu'un des fiens. Cafimir beau-frere de Ladillas faifoit valoir la raifon en quelque ma

niere apparente d'avoir épousé la fœur du dernier ron A N. 1458. de Bohême; & par cette même raison Guillaume duc de Saxe qui avoit épousé l'aînée, prétendoit avoir la préference. Albert & Sigifmond ducs d'Autriche fe fondoient fur l'ancienneté de l'alliance depuis long-tems contractée entre les maifons d'Autriche & de Bohême, touchant leur fucceffion réciproque faute de mâles. Pogebrac de fon côté faifoit valoir son droit qui consistoit en ce que depuis long-tems il gouvernoit le royaume, & que d'ailleurs il n'étoit point étranger: & quoique cette raifon ne fût pas d'un grand poids, les états néanmoins y eurent beaucoup d'égard, parce que Roquefane, qui étoit comme le moteur de cette élection, n'ignoroit pas que le prétendant n'étoit point ennemi de fa fecte ; & cette confidération prévalut fur toutes les autres. Pogebrac élu roi Pogebrac fut proclamé roi de Bohême le cinquième de Mars 1458. & facré par deux évêques Hongrois le jour de l'Ascension : & quoiqu'il fût fecretement imbu des erreurs de Jean Hus, il ne laissa pas de ménager le pape, & de déclarer le jour de fon couronnement, qu'il fe foûmettoit à son autorité fpirituel le touchant la foi de l'églife.

XLIX.

́de Bohême.

Cochlée, bift.Huffit.
lib. 12.

Dubrav. lib. 30.
Papienf. lib. 6.

Son élection fe fit fans prefque aucune oppofition. La pluralité des voix fut pour lui. Ceux des Catholiques qui craignant que ce nouveau roi n'abolît la véritable religion, lui avoient refufé leurs fuffrages, fe tromperent néanmoins, parce que Pogebrac étoit perfuadé qu'il ne pouvoit regner en paix qu'en fe réconciliant avec l'églife. Il eft vrai qu'il ne laiffa. pas de pourfuivre les rebelles; mais il ne les eut pas plûtôt foûmis, que pour témoigner un plus grand

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