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LXXX. L'empereur mé

Hongrie & de Boheme.

mier, de lui rendre la couronne de Boheme: au feAN. 1458 cond, de ceffer deformais de traverser son établiffement par aucune voye directe ou indirecte, & d'appuyer encore fes interêts auprès du pape qu'il fçavoit lui être contraire, & de ménager fi adroitement les nage les rois de difpofitions du faint fiége, qu'il empêcheroit toujours qu'on y procedât au préjudice de fa couronne. Ces mefures étant prifes par l'empereur, il fallut néceffairement que la confpiration échouât, & que ceux qui s'y trouvoient encore engagez, effuyaffent tous les reffentimens de Frederic, qui n'ofant attaquer les électeurs qui fembloient avoir confenti au projet de la difgrace; ou peut-être ne voulant pas tout à la fois s'attirer tant de puissances, s'attacha feulement à agir contre les deux princes de fa maifon Albert & Sigifmond, comme aux deux principaux mobiles de la conspiration qui s'étoit tramée contre fon autorité. Tous ces troubles lui fervirent d'excuses auprès du pape, pour ne fe point trouver à

LXXXI.

me le royaume de Naples à FerdiLand.

l'affemblée de Mantouë.

La mort du pape Callixte ayant finitoutes les difLe pape confir- ficultez qui empêchoient l'inveftiture & le couronnement de Ferdinand pour le royaume de Naples, Pie II. qui lui fucceda, fut bien-aifé d'avoir la protection de ce prince, pour retirer des mains de Pifcinin les villes d'Affife, de Gueldo & de Nicera,dont il s'étoit emparé avec les troupes du feu roi Alphonfe qu'il commandoit. Ferdinand lui fit rendre ces pla& lui ceda Benevent & Terracine que fon pere avoit retenuës, & que le pape prétendoit être du domaine de l'église. Pie II. par reconnoiffance lui envoya à Naples le cardinal des Urfins pour le couron

Spond ad ann. 1458. n. 12.

ces,

ner & le mettre en poffeffion du royaume,sans avoir égard aux oppofitions de René d'Anjou & de Jean duc de Calabre fon fils, qui étoit alors à Genes dont on l'avoit fait gouverneur, pour s'opposer à Alphonfe. Cependant en faveur de ces deux princes, on ajoûta dans l'acte d'inveftiture, fans préjudice du droit d'autrui, outre les autres conditions qu'on avoit coutume de mettre dans l'inféodation du royaume. Ferdinand de fon côté, pour ne pas paroître ingrat envers le pape maria une de fes fœurs avec Antoine Piccolomini neveu de fa fainteté, & lui donna le duché d'Amalfi pour fa dot,avec une grande fomme d'argent que Meyer fait monter à fix-cent mille écus d'or; fon pere Alphonfe, à ce qu'on difoit, lui ayant laiffé plus de fix millions. Piccolomini fut fait intendant de juftice dans tout le royaume de Naples. Par cet accord Ferdinand devint paisible poffeffeur de ces états.

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LXXXII.
Mahomet II. prend

Corinthe & rend le
Peloponese tri-

le

butaire.

Plranz. lib. 3.7.

Tout n'étoit pas fi tranquille en Orient. Mahomet II. empereur des Turcs s'empara dans cette année de Corinthe qu'il prit par force, & rendit tout le Peloponese tributaire, pendant que les deux freres Paleologues Demetrius & Thomas fe faifoient la guerre, travailloient à leur propre ruine, & follici toient les Latins à les fecourir. Phranzès déplore ici l'aveuglement de ces princes fur qui la colere de cap.3. Dieu éclatoit d'une maniere fi vifible; & Chalcon- ch. 1. dyle ajoûte, qu'il ne fe paffoit point d'année que les infidéles n'enlevaffent quelque chofe aux Chrétiens. Il compte deux empires, douze royaumes, un grand nombre de provinces, deux cens villes confiderables; de forte que fi Dieu n'eût abregé les jours

Chancondyl. 9.5.

de Mahomet, il fe feroit peut-être rendu maître de AN. 145.8. toute l'Italie, fur laquelle il avoit déja gagné beaucoup de terrain.

LXXXIII.

Gennadius fe dede Conftantinople.

met du patriarchat

de cette hift. to. 22.

Gennadius qui avoit été élu patriarche de Conftantinople, & inftalé par Mahomet après la prise de cette ville, affembla les évêques, le clergé & les principaux du peuple, & renonça en leur présence au patriarchat qu'il avoit poffedé durant cinq ans & Voyez la contin. quelques mois. Il fe retira au monaftere de S. Jean Prodome en Macedoine, où il finit les jours en paix, quelques inftances qu'on lui fût pour l'arrêter à Conftantinople. On lui donna pour fucceffeur un certain Ifidore homme fimple & de mœurs reglées; mais il ne jouit pas long-tems de cette dignité. Joafaf fut mis en fa place, homme fort paifible, & qui haïffoit les difputes.

1. 110. n. 121.

LXXXIV.

Le roi de France fait la guerre aux Anglois.

En France le roi Charles VII. fouffroit avec peine que les Anglois fuffent encore maîtres de Calais & de Guines en Picardie. Dans le deffein de retirer ces places de leur domination, il fit un traité avec Chriftiern I. roi de Dannemarck, par lequel ce dernier s'obligeoit de fournir à la France quarante vaiffeaux & fix à fept mille hommes à la folde du roi Charles, & qui feroient employez contre l'Angleterre. Ce traité avoit été conclu dès l'an 1456. fans qu'on voye qu'il ait été exécuté, fans doute parce que le roi de Dannemarck étoit broüillé avec le roi d'Ecoffe allié de la France. Cela n'empêcha pas le roi d'attaquer les Anglois, il le fit même à la follicitation de la reine d'Angleterre, qui voyant que Richard duc d'Yorck vouloit fe rendre maître abfolu des affaires, & ufurper la royauté fur la maifon de Lancastre,pour

la

.

la faire entrer dans la fienne, employa le crédit dé René d'Anjou fon pere, pour engager le roi de Fran- AN. 1458. ce à s'opposer aux deffeins du duc d'Yorck. Charles VII. y confentit, & chargea le fenéchal de Brezé de cette entreprise. Le fenéchal équipa une flotte à Honfleur, qui fit voile le vingtiéme d'Août de l'année précedente avec quatre mille hommes, & arriva le vingt-huitiéme fur les côtes d'Angleterre vers Sandwick.

La descente se fit fans oppofition du côté de la mer, & Pierre de Louvain fe rendit maître du port; mais

LXXXV. Prise de Sandwick en Angleterre par

il n'en fut pas de même du côté de la terre ferme, les François.
où Brezé avoit envoyé dix-huit cens hommes avec

de braves officiers. Les François forcerent un boule-
vart, entouré d'un foffé plein d'eau, d'où ils chaffe-
rent les Anglois qu'ils poursuivirent l'épée à la main
jufques dans la ville où ils entrerent pêle-mêle avec
leurs ennemis. On s'y battit vigoureusement de part
& d'autre ; mais les Anglois furent contraints de cé- p.
der & de fortir de la ville qui fur pillée par ceux qui
y étoient entrez; pendant que le bailli d'Evreux
étoit dehors avec fes troupes, pour empêcher les mi-
lices Angloifes qui accouroient de toutes parts, de
s'emparer des portes. Il foutint leurs attaques pen-
dant dix heures: & cette résistance fut caufe que le
fenéchal deBrezé prit le parti d'abandonner la ville,
& de faire embarquer fes foldats fur les cinq heures
du foir, ce qui fe fit avec beaucoup d'ordre. L'on
fut à l'ancre à la vûë de la ville, encore trois jours,
après lefquels on mit à la voile, & l'on arriva heu-
reufement à Honfleur avec tout le butin qu'on avoit
fait pendant l'action, & un grand nombre de prison,
Tome XXIII,

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de Charles Vil

Matthieu Couci,

376.

niers dont les François tirerent de groffes rançons. AN. 1458. Mais cet avantage ne rétablit pas les affaires de Henri, & n'empêcha pas que le duc d'Yorck ne continuât toujours fes poursuites pour chasser le roi légitime, & s'emparer de la royauté.

LXXXVI.

deux parties des

Yorcks.

Le roi d'Angleterre, pour réünir les Lancastres Réconciliation des & les Yorcks, avoit pris occafion de la defcente des Lancaftres & des François, & leur avoit repréfenté l'interêt qu'ils avoient tous de s'opposer à l'ennemi commun, qui profitant de leurs divifions, les venoit infulter jufques chez eux, après leur avoir enlevé tant de belles provinces au-delà de la mer.Il dépêcha differens couriers à tous les princes de l'une & l'autre maison, & fit dire en particulier au duc d'Yorck & à fes amis, qu'ils pouvoient tout efperer de lui. Chacun se trouva à une assemblée convoquée à ce fujet; mais les partis étoient féparez: celui de Lancaftre qu'on appelloit de la Rofe-rouge, occupoit les maifons des fauxbourgs; & celui d'Yorck, de la Rose-blanche logeoit dans la ville; le roi au milieu demeurant dans l'évêché, pour fervir de barriere aux deux factions. Les Lancaftres tenoient leur aflemblée dans le chapitre de Westminster, & ceux de la faction d'Yorck dans le couvent des moines noirs. Après quelques conteftations, on fe trouva d'accord, on fe promit folemnellement un oubli entier du paffé & une union conftante pour l'avenir. On fit même des proceffions dans lesquelles la reine étoit conduite par le duc d'Yorck fon plus cruel ennemi.

LXXXVII..

La guerre recom

Mais peu de jours après l'on s'apperçut aisément mence, & le duc que l'antipathie n'étoit pas éteinte. Un jour que le d'Yorck leve une comte de Warvick fortoit du confeil du roi, un de

arpiée,,

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