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AN. 1458.

Polyd. Virg. hift.

Ang.

fes gens prit querelle avec un domeftique du roi, le tua brufquement, & prit la fuite. Les gardes n'ayant pû l'arrêter, s'en prirent au comte fon maître, & le maltraiterent de paroles. C'en fut affez pour recommencer la guerre: le duc d'Yorck publia par tout que la reine avoit violé la paix. Il commanda au comte de Salisberi de s'avancer vers Londres avec cinq mille hommes, d'aller demander justice au roi contre la reine même, & en cas de refus d'entrer en action, pendant qu'il lui préparoit du fecours. La reine le prévint, & envoya au-devant de Salisberi le baron d'Andelay qui fut tué & défait fur la place. Le duc d'Yorck après cet avantage croyoit pouvoir aller jufqu'à Londres avec d'autant plus de facilité, que le comte de Warvick lui avoit amené des troupes de Calais. Mais la reine qui avoit des efpions partout,ayant été avertie de fes deffeins, lui débaucha André Trolop le plus experimenté de fes capitaines, qui avoit fait la guerre en France avec beaucoup de réputation; & Trolop eut affez de crédit pour le faire fuivre des meilleures troupes du duc. Il fe rendit avec elles à l'armée royale. Le duc étonné de cette défertion, & appréhendant quelque nou- fe retirer en Irlanvelle trahison, fut obligé de fe retirer en Irlande.Les comtes de Salisberi & de Warvick pafferent la mer, & s'en allerent à Calais : ce qui rendit la paix à l'Angleterre pour quelque tems.

La France fur la fin de cette année perdit un de fes alliez en la perfonne d'Artus III. duc de Bretagne & connétable de France. Il étoit fecond fils de Jean V. & de Jeanne de Navarre, & étoit né le vingt-quatrième d'Août 1393. Il portoit le titre de

de.

LXXXVIII.
Il elt contraint de

comte de Richemont, & c'est sous ce nom qu'il prit AN. 1458. le parti de la maifon d'Orleans, & qu'il donna fouvent des marques de fa valeur, fur-tout à la bataille d'Azincourt en 1415. où toutefois il fut fait prifon nier par les Anglois jufqu'en 1420. Il eut toujours le cœur très-François, quoique durant les divifions de la maifon royale de France, il eût fuivi le parti des Anglois, parce que le roi & la reine de Frances'étoient livrez à eux contre le dauphin leur propre fils. A fon retour d'Angleterre il fe joignit au duc de Bourgogne, mais le dauphin étant devenu roi fous le nom de Charles VII. le mit dans fes interêts, le fit connétable de France le feptiéme Mars 1424. & lui affura la poffeffion du duché de Touraine que Charles VI. fon pere lui avoit déja donné. Il battiť en Normandie & en Poitou les Anglois, & gagna la bataille de Patay enBeauffe en 1429.Il s'emploïa pour la réconciliation du duc de Bourgogne avec le roi,& ménagea adroitement la réduction de la ville de Paris, où il entra en 1437. Il fucceda au duché de Bretagne par la mort de Jean VI. fon frere & de fes neveux François I. & Pierre II. Mais il ne le garda pas longtems, étant alors âgé de foixante-quatre ans. Quoique duc de Bretagne il conferva toujours la charge de connétable, difant qu'il vouloit honorer dans fa vieilleffe une charge qui l'avoit honoré luimême dans un âge moins avancé. Il mourut à Nan-tes le vingt-fixiéme Décembre 1458. François de Bretagnell.duc de ce nom, qu'on nommoit le comte D'Argentré, hift. des Vertus, & qui étoit fils de Richard de Bretagne, lui fucceda, & fit hommage au roi à Montbafon le vingt-huitiéme Février de l'année fuivante 1452

LXXXIX.

Mort d'Artus III.

duc de Bretagne,

& connétable de France..

de Bretagne.

Au commencement de cette année le pape fit tous les préparatifs nécessaires l'affemblée qu'il pour avoit convoquée à Mantouë: il partit de Rome le dix-huitiéme de Février, & y laiffa le cardinal Nicolas de Cufa fon légat, le prince de Colonne en qualité de gouverneur, avec quelques cardinaux, auditeurs de Rote & avocats, afin d'y tenir la cour,comme s'il eût été préfent. Il fit même un décret du confentement du facré college, qui portoit que fi Dieu disposoit de lui, & qu'il vînt à mourir hors de Rome, on ne pourroit élire fon fucceffeur ailleurs que dans cette même ville. Il fit fon voyage à petites journées, s'arrêtant dans les villes plus ou moins felon le befoin des affaires. Il celébra le vingt-deuxiéme de Février la fête de la chair de faint Pierre à Corfignana lieu de fa naiffance, où il fit bâtir une ville qu'il nomma Pienza. De-là il vint à Sienne qu'il érigea en archevêché, fous la jurisdiction duquel il mit les quatre évêchez voifins par une bulle expreffe du vingt-troifiéme d'Avril, & en fit Antoine Piccolomini fon neveu le premier archevêque, l'ayant déja nommé évêque de cette ville dès le premier jour qu'il fut élu pape. Ce fut à Sienne qu'il re

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Comment, Pii IL lib. 2

çut
les ambaffadeurs de l'empereur Frederic, & des
rois de Caftille, de Hongrie, de Portugal, de Bohe-
me, des ducs Philippe de Bourgogne & Albert d'Au-
triche, des marquis de Brandebourg Frederic & Al-
bert. Comme les Allemands fupportoient avec peine
que le donnât à Matthias la qualité de roi
de Hongrie,parce que les barons du pays, à ce qu'ils
difoient, avoient élu l'empereur pour leur roi, il leur
répondit, que leurs plaintes n'étoient pas justes,

pape

qu'il ne pouvoit fe difpenfer d'appeller rois ceux qui A N. 1458. occupoient les royaumes, que c'étoit la coutume du faint fiége, & que Callixte fon prédeceffeur en avoit usé de même envers Pogebrac roi de Boheme.

XCI.

grac roi deBoheme

Tous ces ambaffadeurs ayant rendu publiquement leurs devoirs & leur obéiffance au pape dans l'églife, celui du roi de Boheme voulut faire fes foumiffions dans un confiftoire fecret, dans l'appréhension de faire perdre à fon maître une partie de fon royaume s'il se soumettoit entierement au faint fiége. Il est vrai que Pogebrac avoit abjuré fon heréfie l'année précedente; mais chacun étoit persuadé que cette abjuration n'étoit pas fincere, & que ce prince vouloit faire fervir les chofes les plus faintes au dessein qu'il avoit de demeurer paifible poffeffeur de la BoPlaintes de Sile. heme. C'eft pourquoi les députez des Silefiens protefens contre Poge- fterent qu'ils ne vouloient point reconnoître Pogebrac pour leur roi, fe plaignirent que le pape l'eut ainfi qualifié dans fes lettres, & demanderent du fecours pour le garantir du péril où la religion catholique fe trouvoit dans leur pays. Sur cela le pape leur promit d'écrire au roi de Boheme, de l'exhorter à ne les point troubler,& de l'avertir de renvoyer au saint fiége tous les differends qui naîtroient à ce sujet ; & il ajoûta, que fi le roi n'obéïffoit, il y pourvoiroit autrement. Pour commencer à exécuter fa promeffe, il envoya en Boheme Jerôme archevêque de Créte. Cochlée.hift. Huf- & François de Tolede archidiacre de Seville. Ils arriverent à Prague fur la fin du mois d'Octobre, & après avoir porté le roi à la paix, ils pafferent à Breflaw pour en conferer avec les principaux de la ville & du clergé, Ils retournerent à Prague à la fin de

fit. lib, 2.

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Décembre avec des envoyez de Breflaw,&après toutes ces négociations, on conclut à la paix qui fut faite à ces conditions Que le roi ne conferveroit plus de haine ni d'animofité contre la ville & le clergé de Breslaw, ni aucune autre de celles qui avoient entré dans leur parti, & qui l'avoient favorisé : Qu'il conferveroit tous les privileges: Qu'il défendroit les droits & la liberté des églifes: Qu'il feroit refpecter & garder les cenfures eccléfiaftiques dans tous fes états: Qu'il les protegeroit contre tous ceux qui voudroient introduire des heréfies dans la ville & le diocéfe de Breflaw & ailleurs : Qu'il accorderoit à ladite ville trois années de tréve avant que de lui prêter hommage; que cependant ils promettoient de lui obeïr comme des fidéles fujets, & de confirmer cette promeffe par l'engagement ordinaire après ce terme de trois années. Le roi de Boheme admit toutes ces conditions, & promit obéiffance au faint fiége, & de défendre avec zele la foi orthodoxe. Ce fut ainfi que la paix fut concluë, & l'acte fcellé le treiziéme de Janvier, 1460. & le dix-huitiéme les envoyez fe retirerent de Prague, & le roi s'achemina le même jour vers la Moravie. La Boheme eût pû être heureuse en effet fous le regne de Pogebrac, fi Roquefane ne lui eût pas infpiré fes erreurs dès fon enfance, en ne lui débitant que des calomnies contre l'églife Romaine, & lui faifant accroire qu'il vivoit dans fa religion fuivant le concordat du concile de Bafle,que les Huffites n'obfervoient cependant en aucune maniere. C'eft ce qui fit que ce prince aima mieux s'expofer à toutes fortes de périls, que de quitter les premiers fentimens.

AN. 1459

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