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CXXV. Bataille donnée

entre les deux fac

tions.

Polydor. Virg. hift.

Anglic. lib. 28.

Taffemblée à Conventry. On füt impatient d'en venir aux mains, on fe chercha, & on fe trouva bien- AN. 1459. tôt, on combattit de part & d'autre pendant cinq heures, fans qu'on pût déterminer de quel côté tourneroit la victoire. Mais les comtes qui étoient grands capitaines, fe conduifirent à la fin avec tant d'adrelle & de diligence, que l'armée du roi fut enveloppée, avant qu'elle fe fût apperçuë qu'on avoit dessein de le faire. Henri après avoir perdu dix mille hommes, & vû tuer à fes côtez le duc de Buckingham avec plufieurs autres de fes plus fidéles ferviteurs, tomba pour comble de difgrace entre les mains de ses ennemis qui le menerent en triomphe à Londres, pendant que la reine avertie de la perte de la bataille fauva le prince Edouard fon fils, & se retira avec lui & le duc de Sommerfet vers Durham.

CXXVI.
Le duc d'Yorck

Le duc d'Yorck qui étoit alors en Irlande, n'eut pas plûtôt appris cette nouvelle, qu'il en partit, & arriva à propos à Londres, pour affifter au parlement qu'on y avoit convoqué. Il entra en roi dans la capitale au fon des trompettes, environné de foldats, & faifant porter devant lui l'épée nuë. Il se logea à Westminster dans l'appartement du roi même qui étoit retenu prifonnier dans celui de la reine. Il parut au parlement fans avoir voulu faluer Henri au- veut fe faire déclaparavant, & y fit une déclaration qui convainquit tout le monde, que ce duc vouloit être roi. " Vous " fçavez affez, dit-il, qu'on a ufurpé fur mes ancê- " tres le trône où je viens ici m'affeoir, & vous " n'ignorez pas par quels crimes ceux qui l'occupent depuis foixante ans, s'en font mis en poffeffion. " Henri IV. trempa ses mains dans le fang de Ri- " Tome XXIII.

N

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rer roi d'Angle

terre.

AN. 1459.

CXXVII.

Le parlement laiffe

roi & au duc

d'York le droit de lui fucceder.

Anglic. lib. 28.

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,,chard II. Henri V. fit mourir mon pere.Epargnons-
,, nous des fouvenirs qui pourroient rallumer dans
un cœur fenfible des défirs mal éteints d'une ven-
„ geance que j'ai sacrifiée au bien public. Pendant
que la maifon de Lancastre n'a fait tort qu'à moi
& aux miens, je m'en fuis cru dédommagé par
l'honneur qu'elle a fait à la nation, & par les
,, belles & grandes provinces qu'elle a sɔumises au
fceptre Anglois. J'ai peu regretté de n'être pas roi,
tandis que vous en avez eu un qui au droit près,
méritoit de l'être. Mais aujourd'hui qu'un foible
heritier de cet heureux ufurpateur me retient une
,, couronne, & perd des conquêtes qui vous ont
coûté tant de fang, je ferois indigne de celui de
,,tant de rois qui coule dans mes veines, fi pour
recommencer leurs conquêtes, je ne prenois enfin
„la couronne. Aidez-moi à en foutenir le poids,
»jen partagerai avec vous les douceurs.,, Il est aifé
de connoître que tout ce difcours ne tendoit qu'à
faire détrôner Henri par le parlement, & à mettre
le duc en fa place.

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On délibera long-tems fur le parti qu'on devoit à Henri le titre de prendre; & comme on étoit fur le point de déclarer Henri IV. ufurpateur de la couronne fur la maifon d'Yorck, & de dégrader Henri VI. fon petit-fils, un Polyd. Virgil. hift. refte de compaffion ou de refpect pour la majesté royale fit adoucir la fentence. Un de l'affemblée propofa un tempérament que le duc d'Yorck tout vainqueur qu'il étoit, ne crut pas devoir rejetter, & que le roi captif regarda comme une faveur. Ce fut de conferver à Henri la couronne pendant sa vie, à condition qu'à sa mort elle passercit à Richard duc

d'Yorck & à fes enfans, à l'exclufion d'Edouard

prince de Galles. Cet article étoit conclu, on s'ac- A N. 1459. commoda bien-tôt fur tout le refte,& chacun paroifsant satisfait, on fit une proceffion folemnelle où le roi porta le manteau royal & la couronne fur la tête, ayant le duc d'Yorck près de lui comme son heritier préfomptif. La reine refusa absolument de ratifier ce traité, & prit le parti de fe retirer, dans le deffein de réprimer l'ambition du duc.

CXXIII. Le pape s'adreffe aux Allemans pour les faire contribuer à la guerre contre

Le pape étoit toujours à Mantouë,où il ne ceffoit de folliciter l'union des princes pour l'exécution de fes deffeins contre les Turcs. Mais voyant qu'il ne pouvoit rien attendre ni des François ni des Anglois, les Turcs. il eut recours aux Allemans, & n'y trouvant pas moins de difficultez à caufe des differends furvenus entre les ambaffadeurs de l'empereur & ceux des autres princes; à peine pût-il leur faire promettre après leur avoir parlé à tous en genéral qu'ils fourniroient le même nombre de foldats qu'ils avoient autrefois promis à l'affemblée de Francfort, sçavoir trente-deux mille hommes d'infanterie, & dix mille de cavalerie, avec cette clause toutefois, qu'ils tiendroient encore deux diétes à ce fujet, l'une à Nuremberg, & l'autre auprès de l'empereur, où le pape envoyeroit exprès un légat à latere : ce que fa lain. teté accorda. Le cardinal Beffarion fut choifi pour cette légation, & l'empereur Frederic fut établi genéraliffime de l'armée chrétienne, avec pouvoir de mettre quelque prince à fa place s'il ne pouvoit commander en perfonne. Comme on étoit alors dans le mois de Décembre, on attendit à l'année fuivante à prendre encore des mefures. Pendant cet intervalle

le pape donna une bulle datée de Mantouë du trenteAN. 1459. uniéme Décembre pour l'établissement de l'univerfité de Bafle, qui a toujours eu d'habiles profeffeurs,. tels qu'Erasme, Amerbach, Buxdorf, Bauhin & di

CXXIX. Arrivée d'autres

deurs à Mantouë.

vers autres.

On voyoit toujours arriver de nouveaux ambasprinces & ambafla- fadeurs à Mantouë. Deux cardinaux, allerent au-devant de Sigifmond duc d'Autriche. Le cardinal de Sainte-Croix alla recevoir Albert marquis de BranCromer, lib. 24. debourg, qu'on furnommoit l'Achille d'Allemagne. Le pape le reçut avec beaucoup d'honneur, & lui

Comment. Pii II.

lib. 3.

CXXX. Charlotte veuve.

donna l'épée & la toque qu'il avoit bénites fuivant la coûtume à la messe du jour de l'Epiphanie. Gobelin. qui rapporte tous ces faits, ne dit rien de l'arrivée. des ambaffadeurs de Cafimir roi de Pologne, ni de leur entrée magnifique à Mantouë: Mais d'autres hiftoriens nous apprennent que ces députez ayant rendus leurs devoirs, & promis obéiffance au pape,. obtinrent de lui l'abfolution de l'excommunication. que les Pruffiens avoient encourue pour n'avoir pas voulu obéir aux chevaliers. Cependant ils ne purent obtenir, quelques follicitations qu'emploïaffent tous les autres ambaffadeurs, que ces mêmes chevaliers fuffent tranfportez en l'ifle de Tenedos dans l'Archi, pel, parce que Mahomet II. s'étoit emparé depuis peu de Corinthe.

Charlotte femme de Jean roi de Portugal, ayant da foi de Portugal confenti que l'on empoisonnât son mari, à quoi elle fuccede au royau- avoit été follicitée par Helene fa propre mere, on Eneas Sylvius in lui fit époufer Louis de Savoye. Helene mourut quelComment. Pii II. que tems après dans le mois d'Avril 1458. & Jean roi de Chypre pere de Charlotte ne lui furvêquit que.

me de Chypre.

Afia cap.97.

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AN. 1459.

Naucler, vel. 3.

ger. 49.

trois mois. Par la mort de l'un & de l'autre, Charlotte fe vit unique heritiere du royaume de Chypre. Comme fon droit étoit inconteftable, & que d'ailleurs elle fe croyoit bien appuyée, elle n'héfita pas. Bof. lib. 7. to. 2 à fe faire couronner reine de Chypre, de Jerufalem. & d'Armenie. La cerémonie fe fit le premier de Septembre de la même année. Mais elle fut bien-tôt. troublée dans fa poffeffion. Jacques archevêque de Nicofie fon frere bâtard, âgé d'environ vingt ans jeune homme hardi & entreprenant, moins fâché de la voir reine, quoiqu'il eût beaucoup d'ambition,. qu'irrité de ce qu'il n'avoit pas fait la cerémonie du couronnement, fe retira vers le foudan d'Egypte, fur ce qu'il apprit que les grands du royaume avoient. deffein de l'arrêter, parce qu'il ne cefloit de brouiller, & de répandre la divifion dans l'état. Cette retraite intrigua Louis de Savoye époux de Charlotte, qui arriva en Chypre fur ces entrefaites au commencement de cette année 1459. La premiere chofe à laquelle il s'appliqua après. fon couronnement fut d'envoyer des ambassadeurs au foudan avec des préfens, & le tribut que l'on avoit coûtume de payer depuis la prife de l'ayeule de Charlotte; avec ordre de foutenir les droits de la reine fon époufe contre Jacques qui avoit déja obtenu le royaume de Chypre du foudan d'Egypte...

CXXXI..

Le foudan donne"

Ces ambafladeurs étant arrivez en Egypte, firent fi bien valoir les droits de leur reine auprès du le roiaume de Chy foudan, que Jacques fut fur le point de fe voir fruf pre à Jacques. tré de toutes les efperances. Mais les ambaffadeurs de Mahomet II. qui furvinrent, raccommoderent tout. Jacques fçut fi bien les gagner, qu'ils ména-

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