Imágenes de páginas
PDF
EPUB

» le voisinage des Perfes, & que le Nil fertilife par fes premiers débordemens'; » enfin que dans la région où ce fleuve » prend fon origine, & commence à » couler de chez les Indiens, pour fe décharger enfuite dans la mer par fept embouchures: fçachez, dis-je, que tout ce pays-là fe fert de l'arti»fice que je vais dire, pour réparer » les abeilles. «

"

دو

[ocr errors]

دو

Traduction de l'Abbé de S. Remi. » Dans ces heureux climats, où les peuples enrichis par les inondations » du Ñil, navigent dans des gondoles peintes de diverfes couleurs, autour » de leurs campagnes, & en remontant » vers le midi de l'Afrique, où ce mê» me fleuve, qui prend fa fource dans l'E

[ocr errors]

دو

thiopie, arrafe les régions limitrophes » de la Perfe, d'où il coule chargé de limon, & vient engraiffer la baffe Egypte, & fe jetter dans la mer par fept embouchures, tous les peuples qui habitent cette étendue de païs, fe fervent pour renouveller la race » des abeilles de l'artifice dont je vais parler.

[ocr errors]

دو

رو

رو

La principale difficulté confifte dans ces deux vers, qui femblent bleffer la Géographie.

Quaque pharetrata vicinia Perfidis urget
Et viridem Egyptum nigrâ fœcundat arenâ.

Et dans cet autre:

Ufque coloratis amnis devexus ab Indis.

Le P. Catrou, comme vous voyez, interprete les deux premiers autrement que l'Abbé de S. Remy, & ils ont l'un & l'autre leurs raifons, qu'ils expofent dans leurs notes. L'explication de celui-ci me paroît plus fimple & plus nette. 1°. Par ces mots, Amnis devexus ad Indis, il entend les Ethiopiens, chez lefquels le Nil prend fa fource. Les anciens Auteurs ont fouvent donné le nom d'Indes aux pays méridionaux de l'Afrique. 2°. Il explique ces mots, Vicinia Perfidis urget, comme s'il Y avoit, Urget regiones vicinas Perfidis: c'est-à-dire, qu'il met Vicinia à l'accufatif pluriel du neutre Vicinium, au lieu que le P. Catrou en fait le nominatif du nom feminin Vicinia. Le Nil débordé preffe les régions voifines de la Perfe vicinia Perfidis, c'est-à-dire l'Arabie & la Syrie, qui confinent à l'Egypte & à la Perfe.

Le P. Hardouin, dont le P. Catrou femble avoir emprunté quelque chofe dans l'interpretation de cet endroit, Ky

l'a autrefois expliqué d'une maniere très-finguliere. Ce fameux Paradoxologue prétendoit que des huit vers qui compofent ce Paffage, les trois premiers fe devoient entendre de l'Egypte, les quatre fuivans de l'Inde, & que le

*

dernier étoit commun à ces deux régions & à toutes celles qui les féparent. Selon lui, Virgile par ces mots viridem Ægyptum a défigné l'Ifle de Prafane, que forme le fleuve Indus dans fon embouchure, de même que le Nil forme le Delta. Nigra arenâ, ajoute-t'il défigne les Indiens qui font noirs. Ce qu'il y a de plus ridicule eft de trouver le fleuve Indus dans ce vers: Ufque coloratis amnis devexus ab Indis. Dire,comme le P.H.que le fleuve Indus vient du pays des Indiens, n'eft-ce pas comme fi l'on difoit que la Seine vient du Pays des François? Cette interprétation digne du P. Hardoüin a été folidement & agréablement réfutée par M. Huet Evêque d'Avranche. L'Ecrit de ce Prélat, imprimé depuis peu, trouve dans la premiere partie du 17 To. de la Bibliotheque Françoife, p.97

fe

* C'est-à-dire, felon le P. H. P'Isle verte paolas fignifie viridis.

Je ne vous en citerai que cet endroit. » Ce qui rend ( dit le Prélat ) la har» dieffe du P. H. moins fupportable, c'eft qu'il ne pouvoit pas ignorer » combien cette Nation des Prafiens » étoit puiffante, puifqu'elle occupoit

toute cette vafte contrée, qui eft en"tre l'Indus & le Gange, & que felon » Pline (l'Auteur favori du P. H. & prefque l'unique qu'il lui ait plû d'ex»cepter de la profcription générale ) » & felon plufieurs autres Auteurs, ils a tenoient toute la côte méridionale,

qui eft entre les embouchures des » fleuves. La confideration de cette »nation Prafienne doit fuffire pour » convaincre, s'il eft poffible, le P.

H. que c'est une penfée frivole & ba» dine, que de chercher ailleurs l'ori

gine du nom de l'Ifle de Prafiane, » que dans le nom du peuple qui l'ha» bite : ce qui eft à peu près le même » que de dériver le nom de la Gaule » non pas des Gaulois qui l'habitent mais des Cocqs qui y chantent, ou

[ocr errors]

*

9

D

* Le P. L'Empereur Jefuite a prétendu férieufement,que le nom de Galli avoit été donné par les Romains aux Gaulois, comme un fobriquet, parce qu'ils reffembloient un peu des Cocqs par leur maniere de s'habiller. Differt, imprimée à Paris chez Pierre Cot. 1706.

Déprava

tion du

» du Poëte Aufone natif de Bordeaux, » qui, comme l'on fçait, portoit le » furnom de Gallus. Et fi le P. H. re.

[ocr errors]

"

[ocr errors]

plique que la Gaule étoit nommée » Gaule long-tems avant Aufone, té» moins Celar & Tite- Live, on sera » en droit de lui repartir qu'il eft bien perfuadé que Cefar & Tite-Live » étoient des Benedictins, & qu'ainf » le nom de Gaule n'en eft pas plus an» cien, pour avoir été mentionné par » Dom Cefar & Frere Tite- Live, "C'eft encore le même que de cher» cher l'origine du nom de l'Angleterre » ailleurs que dans le nom des Anglois qui l'habitent, & de s'imaginer puérilement, que cette Ifle eft ainfi nom» mée, parce qu'elle fait un angle de l'Europe, &c. «

"

[ocr errors]
[ocr errors]

Tandis que nos Auteurs Comiques abandonnant l'imitation de la vie goût, dans bourgeoife, objet naturel de la Co& dans les médie, fe plaifent à faire voir fur le Comédies. Théatre ce qui n'a jamais été vû dans

les Romans

le monde, & rappellent dans ce fiécle éclairé le goût de Melite, de la Place Royale, de la Veuve, dont leurs Ouvrages ne different que par un stile plus épuré, & par un plus larmoyant Comique; tandis que négligeant de

« AnteriorContinuar »