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Theglis,

tout pour la clarté de l'intrigue, & pour la jufteffe du dénouement. Elle eft affez bien écrite; mais elle manque de chaleur.

Quoique la Tragédie de Theglis par Tragédie. M. Morand ait eu peu de fuccès, elle n'eft pas fans mérite. Il y a des Scenes touchantes, & des Vers bien faits qui dans une autre faifon auroient pû la foûtenir plus long-tems. Cette Piéce, loin de lui faire deshonneur, donne lieu de préfumer qu'il peut aifément naître de lui quelqu'autre Ouvrage, qui fera autant eftimer fon talent qu'on eftime fa politeffe & sa mo

deftie.

Ce 14. Octobre 1735.

Je fuis, &c

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V

LETTRE XXXII.

Réflexions

Ous lûtes avec étonnement, Monfieur, il y a trois ans le Ca- Critiques talogue des Ouvrages Manufcrits fur les Hicomposés par M. Fourmont l'aîné, Pro- Anciens feffeur en langue Arabe au College Peuples, Royal donné au public par lui-mê

:

me: mais en même tems vous crai-
gnites que la haute idée d'un fi prodi-
gieux amas de connoiffances ne fût
un jour malheureusement effacée, par
l'impreffion de quelqu'un de ces doc-
tes & nombreux écrits; vous citiez à
ce fujet quelques Ouvrages imprimés,
qui tiennent une place honorable dans
ce fameux Catalogue, mais dont le
fuccès n'a pas répondu à l'attente du
Public. On dut néanmoins fufpendre
alors fon jugement fur tous les autres
Tome III,

B

de

Ouvrages, que l'érudition de l'Auteurpromettoit, ceux-là n'étant que foibles effais, & comme une efpece de prelude; auffi ne daigna-t-il pas les publier fous fon nom, qui ne devoit paroître qu'à la tête d'un Ouvrage trèsvafte, & vraiment digne de lui? C'est cet Ouvrage que je vous annonce aujourd'hui, & dont voici le titre, Réflexions Critiques fur les Hiftoires des Anciens Peuples, Chaldéens, Hébreux, Phéniciens, Egyptiens, Grecs, &c. in 4°.

M. Fourmont s'eft principalement proposé de prouver que l'Idolâtrie née dans la Phénicie a fucceffivement pafsé en Egypte, dans la Gréce, & chez les Romains. Les monumens qui reftent pour éclaircir l'origine hiftorique du Paganifme font en petit nombre: « Se mettre en état de con» fulter ceux qui fubfiftent, ou de fe » fervir des débris de ceux qui font perdus, eft-ce une petite entreprise? » combien fe trouve-t'il de fçavans » même, affez hardis pour le tenter? » Le Fragment de Sanchoniathon Hiftorien Phénicien, traduit en Grec par Philon de Biblos, & rapporté par Eufebe, renferme, felon notre Auteur, une idée jufte des Divinités payennes, des premiers hommes, de leurs def

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دو

cendans, & de leurs peuplades. D'où il est aisé de voir que M. F. déterminé à débrouiller le cahos ténébreux de la premiere Antiquité, a dû commencer par développer le Paganifme, qui eft, felon lui, un des Phenoménes de la Nature les plus furprenans.

Une autre raifon non moins folide, & exposée d'une maniere ingenuë, l'a engagé à publier ces Réflexions Critiques; M, Didier Ingenieur du Roy & Chevalier de Saint Louis mort l'année derniere, avoit voyagé dans les Indes; outre fes talens politiques & militaires, il étoit homme de Lettres, Philofophe & Theologien, & portoit par-tout cet esprit de recherches. qui conftitue le caractere des vrais Sçavans. Il forma dans ce pays lointain des liaisons avec le Bramine Indien, & avec le Miffionaire Chrétien, pour trouver les moyens d'extirper plus facilement le Paganifme: ce Chevalier, frapé de la conformité de la Religion Indienne avec celle de l'Egypte, demanda un jour à M. F. s'il n'avoit rien écrit fur ces matierès. Dans le moment le fçavant Auteur lui fit la lecture des articles de fon grand Ouvrage & d'une partie de la Préface. Le Chevalier ébloui de tant de nouveautés

qu'il jugea dignes de l'impreffion »lui amena quelques jours après, » quatre ou cinq amis, à qui il en fal» lut lire quelques endroits, & fans » aller plus loin, par une violence gra»cieufe, ils réfolurent enfemble de les » faire imprimer. Ces amis étoient quel»ques Chevaliers de S. Louis, comme M. » le Chevalier Puget, &c. Outre M. " Pouffe Medecin de la Faculté de Pa» ris, M. l'Abbé Didier, &c. » Vous jugez bien que ce projet fut d'abord goûté par M. F. convaincu avec raison de la néceffité indifpenfable de donner au Public le fruit de fes veilles.

M. F. s'eft contenté d'indiquer dans cet Ouvrage, les paffages fur lef quels il établit fes nouvelles opinions: car pour citer, dit-il, tous ceux que j'employe, il auroit fallu trente in folio. Un certain Auteur avoit reproché à M. F. d'avoir inferé dans un de fes Ouvrages, un Dictionnaire d'injures; il paroît que pour ne pas s'attirer un pareil réproche, il a fait une débauche de politeffe en faveur de plufieurs Auteurs vivans, dont il combat les opi-. nions mais à l'égard des Anciens, »ne feroit-il pas étrange, dit-il, qu'on » nous obligeât aujourd'hui à leur faire des complimens? nos Ancêtres même

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