Imágenes de páginas
PDF
EPUB

& nos Prédeceffeurs, eft-il permis de "porter l'encenfoir jufques fur leurs » tombeaux ? » Vous voïez que M. F. craint de leur rendre un culte auffi fuperftitieux que celui que les Chinois rendent à leurs Ancêtres. Quoiqu'il abufe quelquefois de la liberté qu'on peut prendre en critiquant des Morts illuftres, il ne croit pas les avoir maltraités, puifqu'il fouhaite que la Postérité ait la même indulgence pour lui: mais il y a peut-être de la témérité, ajoute t'il, à porter ses vûës fi loin.

Ne vous attendez pas à trouver ici un extrait de l'Ouvrage de M. F. qui tire en partie la force de fes preuves d'une multitude fçavante d'étymologies Hébraïques, Phéniciennes Coptes, Grecques & Arabes. On croit. être à la Tour de Babel. Le Fragment de Sanchoniathon*, qu'il fe propose

* Sanchoniathon eft un Auteur Phénicien, qui, à ce qu'on prétend, vivoit du tems de Gedeon Juge d'Ifraël. Son hiftoire écrite en langage Phénicien a été traduit en Grec par Philon de Biblos fous le regne d'Adrien; il nous refte quelques fragmens de cette verfion dans Porphyre & dans la Préparation Evangélique d'Eufebe. Voyez le Canon de Sam. Bochart 1. 2. ch. 27. Le célébre Dodwel dans un Livre Anglois imprimé à Londres en 1681, foûtient que l'Hiftoire de Sanchoniathon n'a jamais

d'expliquer, fert à connoître la Théologie ou plûtôt l'ancienne Hiftoire des Phéniciens. Eufebe, qui le cite d'après Porphyre, le croit autentique, & il eft fuivi en ce point par les anciens Auteurs, & par plufieurs modernes tels que Voffius le Pere, Bochart, & les Peres Thomaffin & Pezron, qui ont fair quelques remarques fur ce monument. Cumberland Evêque de Peterbauroug a même entrepris de former, conformément a ce Livre ancien, une espece de Systeme mythologique & hiftorique. Mais de fçavans critiques, comme Dodwel, Simon, les Peres de Monfaucon, Calmet, & Tournemine tiennent pour la fuppofition de ce fragment. M. F. ayant trouvé ruineux le Syfteme de Cumberland, dans plufieurs parties qui entraînent les autres avec elles, acrû en devoir propofer un nouveau, plus folide & mieux lié; Ouvrage felon lui, plein d'opinions nouvelles, & que fans cela, dit-il, il n'auroit point publié. Il soûtient que les défenfeurs & les adverfaires de Sanchoniathon n'ont été ni affez attentifs, ni affez inftruits des

exifté, & que la verfion prétenduë de cet Hiftorien a été fabriquée par des Philofophes Grecs. Son fentiment a été fuivi par plufieurs fçavans.

langues Orientales, qui de l'aveu des fçavans, font abfolument neceffaires pour éclaircir l'ancienne mythologie. Ainfi parloit autrefois le docte Richard Simon. M. F. ne fera pas le dernier à tenir ce difcours, & peut-être y aurat'il part.

Le premier Tome eft divifé en trois parties. Dans la premiere on trouve le Fragment de Sanchoniathon en Grec & traduit en François, & le jugement de divers Critiques pour & contre fon autenticité, avec des réflexions de l'Auteur. La feconde eft, à proprement parler, un long commentaire fur ce Fragment, partagé en quatre fections. La premiere en développe la Cofmogenie, ou la maniere dont l'Univers, felon l'Hiftorien Phénicien, a été formé, & l'on fait voir fa conformité avec la Cofmogonie de Moyfe. La feconde eft l'Hiftoire des dix Générations des premiers Arts, depuis Adam, ou Protogonos, jusqu'à Ñoé ou Tiddik. Les Générations fuivantes juf qu'aux defcendans de Kronos ou Saturne, que l'Auteur prend pour Abraham, dont la famille contient prefque tous les Grands Dieux, rempliffent la troifiéme Section. Enfin pour réformer entiérement l'ancienne Mythologie, il

[ocr errors]

décrit dans la derniere les Dieux particuliers de chaque Peuple ; & finit par une Table générale, qui offre aux yeux les Dieux de Sanchoniaton, rélatifs aux Perfonnages de l'Ecriture.

[ocr errors]
[ocr errors]

دو

Mais que réfulte-t'il de tous les efforts de l'Auteur, pour découvrir l'origine de l'Idolatrie ? » Un Paradoxe, (de fon propre aveu) mais Paradoxe digne de nos méditations, & qui re» leve infiniment l'Ecriture; c'eft 1°. Que les Patriarches dans leur fié»cle ont été des hommes du premier » ordre; 2°. Que dans. la fuite des âges, apothéosez, & pris pour des » divinitės tutélaires, ils font devenus » les Dieux du Phénicien, de l'Arabe, » de l'Egyptien, du Grec, du Romain, » de l'Hebreu même lorfqu'il a été » Idolatre. Qui l'auroit cru? toute la » terre les a adorés ; & Ancêtres de » Nations affez haies par les autres, » ils étoient les Dieux de ceux qui mal» traitoient leurs defcendans. Rien de

دو

[ocr errors]

plus aveugle que le Paganifme. « Après tant d'heureufes découvertes faut-il s'étonner de ce qu'il dit p. 376. » Tranchons le mot, un Lecteur hom»me d'efprit, aimant la vérité, je le

fuppofe dégagé de tous préjugés, » fera ravi non-feulement d'apperce

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

voir ici ce que l'on cherche depuis "3000 ans, la naissance du Paganisme & l'origine de les Dieux, mais auffi de » remarquer (affertion qui frappe à prefent les yeux, comme l'éclair qui paffe de l'Orient à l'Occident) » de remarquer, dis-je, que l'Ecriture paroît dans une Majefté nouvelle, à » laquelle certainement peu de gens fe » feroient attendus. « Selon lui, perfonne jufqu'ici n'a développé la vertueufe politique de Moyse, ni la liaison du Livre de la Genefe avec les autres Livres du Pentateuque. Le Legiflateur des Juifs en écrivant l'Hiftoire de la Création & des Patriarches, s'eft propofé, dit-il, de dégouter de l'Egyptia nifme les Ifraëlites, à qui il repréfente leurs Ancêtres, comme des hommes vertueux, attentifs à plaire au feul Dieu de l'Univers, dignes par conféquent de leur imitation, mais non de leur adoration. Cependant pour menager leur délicateffe, il ne s'éleve point avec force contre les Divinités de l'Egypte, qui n'étoient autres que ces vertueux Patriarches. Mais ce politique filence étoit-il bien propre à déraciner l'Idolatrie? Je crains bien qu'il n'y ait en tout cela plus de fubtilité que de jufteffe. Si tel avoit été le but

« AnteriorContinuar »