Imágenes de páginas
PDF
EPUB

FESTE' eft au deffus de toutes celle qu'on lui donne; &, par conféquent il vaudroit mieux s'abstenir de par ler de fes glorieuses actions, que d'e parler, ainfi que font quelques gens qui ont plus de zéle, que d'efprit endes termes qui n'en laiffent que baffes idées. Joint que, selon l'a xiome de Tacite, il ne faut pas don nerdes noms, ni des furnoms com muns & vulgaires à des Princes qui ne font rien de communl. Et c'e céte raifon, SIRE, qui m'a oblig d'emprunter de Gracian des titre auffi extraordinaires, que vos ac tions.

A son sentiment, il n'y a rien qui rende un Héros fi celebre, qu d'être belliqueux. Il n'y a que le Guerriers, qui rempliffent le catalo

Nova in remp. merita non Ann. II. ufitatis vocabulis honoranda.

1

gue

gue de la Renommée ; c'est à eux feulement que le nom de Grand apartient en propre m. C'est donc à jufte titre, que ce furnom vous est dû, puifque jufqu'ici tout votre regne a été militaire & victorieux. Plu. fieurs Princes ont été grans, parce qu'ils étoient heureux: mais Vous, SIRE, Vous étes heureux, parce que vous étes grand. Votre prudence eft la mére de votre bonheur: & quand nous difons, que vous étes heureux, ce n'est pas de vôtre fortune que nous parlons; c'eft de votre belle ame n, qui vous rend digne de l'être ; le bonheur, au dire de Tucidide, étant le patrimoine & l'apanage de la prudence.

Quand toute l'Europe s'eft bandée

m Chap. 8.de fon Héros. mum miramur. Eft enim deno te felicem! Quod cùm ai-mum vera felicitas, felicitate citur, non opes tuas, fed ani- § dignum videri.Plin. in Parez.

é

contre vous, pour arêter le torrenɛ de vos conquêtes, Vous ne vous étes pas amufé à dénouer le Naud Gordien, que vos ennemis avoient entrelacé de mille tours retours,Vous l'avez coupé par la moitié, comme fit Alexandre: De forte que ce qui leur avoit coûté tant de tems à brasser contre la France, ne vous a coûté qu'uncoup de tête, & uncoup d'é pée, à défaire.

Vous leur avez tres-fouvent mon tré, que vous aviez non feulement le cœur d'Alexandre & de Céfar, mais encore leur diligence. Quelquefois, Vous leur avez emporté des provinces, & mefme au fort de l'hiver, prefqu'avant qu'ils fûffent, que vous étiez en Campagne ; tefmoin la Franche-Comté, que vous prites la premiére fois o, en plein

En 1668.

Carnaval, comme pour entremefler les divertiffemens de vôtre Cour avec ceux de vos braves Soldats, & pour combatre le froid, à force d'alumer par tout des feux de joie.

Mais ce qu'il y a de plus rare en Vous, SIRE, c'est que vous acordez ensemble deux chofes, que l'on croioit eftre incompatibles, favoir, la Diligence & l'Intelligence, qui, audire de Gracian, font un prodige, lorfqu'elles fe rencontrent toutes deux dans un homme, qui gouverne p. C'est auffi par ces deux qualitez, que l'on peut vous définir tout entier. Dire el Diligente y Inteligente, c'eft dire tout ce que vous étes; c'est vous défigner autant, que fi l'on vous apeloit par votre propre nom. Tout votre regne vérifie ce

p Dans fon Diferet, chap. ! Diligente y Inteligente.

qu'il dit q, que l'Intelligence &) la Diligence viennent à bout de tout. Vous avez humilié, ou plutôt anéanti les Huguenots, non pas par des faignées violentes, comme fit autrefois Charles IX.mais parune longue diéte, qui leur a ôté non feulement tout leur embonpoint, mais encore toutes leurs forces, c'est-à-dire, en les excluant de toutes les charges, de tous les honneurs, qu'ils partageoient auparavant avec les Catoliques; par où vous vous étes montré également bon & juste.

Vous avez banni le Duel, qui avoit commencé de s'introduire en France, fous le regne de Henri II. ty avoit fait un fi grand progrés, par l'efpace de fix-vints ans, que fi vous n'euffiez pris la maffie d'Her

Au même Chapitre

« AnteriorContinuar »