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trouver une renaiffance fpirituelle, & dont le rit & les céremonies étoient differentes des autres Sacrifices. Mais comme le Poëte Prudence fait une description détaillée du Taurobole, nous allons donner, pour mettre nos Lecteurs au fait, une traduction de fes vers.

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» Pour confacrer le Grand Prêtre, dit-il, c'eft-à-dire, pour l'initier au Taurobole, on faifoit une grande foffe, dans laquelle il entroit, paré d'un habit extraordinaire, & por» tant une couronne d'or, avec une Toge de foye, ceinte à la maniere des Sabins. Au dessus de la foffe, il y avoit une efpece de plancher, dont les planches mal jointes laiffoient plufieurs fentes, & outre cela, on les perçoit de plusieurs >> trous .... On amenoit enfuite un grand Taureau couronné de feftons, portant fur les épaules des bandelettes » couvertes de fleurs, & ayant le front doré. On égorgeoit cette victime, enforte que le fang tout chaud, & à grands flots, couloit fur le plancher, lequel étant criblé de trous, » laiffoit tomber dans la foffe comme une pluye de fang, que le » Prêtre recevoit fur fa tête, fur fon corps, & fur fes habits. Non content de cela, il renverfoit aufli la tête pour rece» voir ce fang fur fon vifage, il en faifoit tomber fur-l'une » & l'autre joue, fur fes oreilles, fur fes lévres, fur fes narines: il ouvroit même la bouche, pour en arrofer fa langue » & en avaler. Lorfque la victime avoit rendu tout fon fang, son la retiroit, & le Grand Prêtre fortoit de la foffe. C'étoit un fpectacle horrible que de le voir ainfi la tête couverte de fang, la barbe chargée de grumeaux, & tous fes habits fouillés. Cependant lorfqu'il paroiffoit, tout le monde le saluoit, & l'adoroit même fans ofer en approcher, le dant comme un homme purifié & sanctifié ». Ceux qui avoient ainsi reçu le fang du Taurobole, portoient le plus long-temps qu'ils pouvoient leurs habits ainfi fouillés, comme une marque fenfible de leur regeneration.

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2o. Ce n'étoit pas toujours pour les particuliers que fe faifoit le Taurobole: on en faifoit la ceremonie pour les Corps de Ville, pour des Provinces entieres, pour la profperité de l'Empereur, &c. Quelquefois ces regenerations étoient pour vingt-ans; quelquefois enfin l'Archigalle, ou le Grand

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Prêtre de Cybele, l'ordonnoit dans certaines occafions (a). 3°. Ce Sacrifice de regeneration n'exigeoit pas toujours qu'on immolât un Taureau : la victime étoit quelquefois un belier, & alors il fe nommoit Criobole. Quelquefois une chévre, & alors il portoit le nom d'Egibole, ou Egobole. Plusieurs Sçavans ne conviennent pas que cette derniere victime ait été employée dans les Tauroboles, mais feulement le taureau, & quelquefois le belier, lorsqu'on vouloit honorer Atys, favori de Cybele, à laquelle le Taurobole étoit uniquement confacré; quoique Duchoul, Cambden, Selden & quelques autres ayent cru qu'il s'offroit auffi à l'honneur de Diane.

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Finiffons ce Chapitre par quelques obfervations generales au fujet des formules de prieres qu'on y faifoit. Comme on croyoit que les Dieux eux-mêmes avoient dicté ces formules, on les regardoit comme quelque chofe de fi effentiel, que fi celui qui étoit chargé de les prononcer, en oublioit ou tranfpofoit feulement quelque mot, on étoit perfuadé que le Sacrifice devenoit inutile. Aussi quand le Conful Decius fe deyoua aux Dieux infernaux, & avec lui les Troupes ennemies, il avertit le Pontife Valere Maxime de prononcer exa&ement la formule prefcrite en cette occafion. Il y avoit même des hommes préposés pour prendre garde qu'on n'oubliât rien du Formulaire, & pour qu'ils puffent entendre celui qui le prononçoit, fans en perdre aucune parole, ils impofoient filence aux Affiftans. La plupart de ces formules, fi nous en croyons Jamblique (1), comme celle de la Theurgie, efpece de ma- (1) Des Myft. gie, dont on parlera dans la fuite, avoient d'abord été compofées en Langue Egyptienne, ou en Langue Chaldaïque. Les Grecs & les Romains en les traduifant y avoient laiffé beaucoup de mots de ces Langues étrangeres, ce qui les rendit fouvent un langage barbare & inintelligible, mais toujours d'autant plus refpectable. qu'il étoit plus inintelligible & plus barbare.

(a) Tout cela eft tiré des Inscriptions, & de la Differtation de Monfieur de Bofe,

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(1) En. L. 4.

CHAPITRE XI.

Des Inftrumens dont on fe fervoit dans les Sacrifices & dans d'autres Čerémonies religieufes.

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PRE's avoir traité des Sacrifices & des Victimes, je dois parler des Inftrumens facrés ; mais comme il eft difficile d'en faire bien entendre la defcription fans figures, les Lecteurs auront recours aux Antiquaires qui les ont fait graver.

Celui qu'on nommoit Acerra, étoit un coffret dans lequel on mettoit l'encens, à peu près comme nous en avons dans nos Eglifes; car ceux des Anciens, que le temps nous a confervés, & qu'on voit dans les cabinets des curieux, n'étoient pas tous faits fur le même modéle, ni de même metal. Ce coffret ou cette boëte de parfums, fe voit fouvent fur les Monumens anciens, entre les mains des Camilles, quelquefois entre celles des Veftales.

L'Encenfoir, ou Thuribulum, étoit connu des Anciens, mais on n'en voit aucune representation dans les Monumens. Les Grecs nommoient cet Inftrument Thymiaterion, & on voit bien quel en devoit être l'usage.

Le Prefericule étoit un vafe qui contenoit la liqueur dont on fe fervoit dans les Libations. Le Difque, un baffin où l'on mettoit les viandes des victimes. L'Afperfoir, qui étoit à peu près comme les notres, de crin de cheval, ou de quelqu'autre animal, avec un manche, fervoit pour les afperfions d'eau luftrale, qui étoit contenue dans un vafe, dont les monumens nous ont confervé quelque reprefentation.

La Patere, étoit un inftrument ordinairement rond, un peu creux, & avec un manche. Elle fervoit à recevoir la liqueur qu'on y verfoit du vafe, & à la repandre fur la victime; ce que Virgile explique très nettement:

Ipfa tenens dextrâ pateram pulcherrima Dido
Candentis vacca media inter cornua fudit (1).

La belle Didon tenant la patere de la main droite, la verfa entre les cornes de la Geniffe blanche. Cet inftrument, fait de differens metaux, avec quelques varietés pour fa forme, eft celui que le temps a le plus refpecté, & il y a peu d'Antiquaires qui n'en ayent plufieurs.

Le Simpulum, qui approchoit affez par fa forme de la Patere, étoit une efpece de cueiller, dont, felon Feftus, on fe fervoit dans les Sacrifices pour faire les Libations du vin. Pline (1) nomme cet inftrument Simpuvium, & dit qu'il y en avoit de terre cuite.

Le Bâton augural, qu'on appelloit Lituus, ainsi qu'une forte de trompette, étoit un peu étoit un peu recourbé par le bout, & les Augures, qui vouloient examiner le vol des oifeaux pour en tirer quelque préfage, le tenoient à la main: on le trouve communément fur les Monumens & fur les Medailles.

Le Maillet, malleus, fervoit pour affommer la victime, ainfi que la Hache; car on voit ces deux fortes d'inftrumens fur les bas-reliefs indifferemment entre les mains des Victimaires.

Le Secefpita, étoit un Coutelas qui fervoit à égorger la victime : il y en avoit de differentes formes, & même à guaîne. La definition qu'en donne Feftus eft jufte : c'étoit, dit-il un couteau de fer, long, à manche rond & d'yvoire, orné au pommeau de bandes d'or & d'argent, dont les Flamines & les Pontifes fe fervoient pour facrifier.

Le Ligula, ou Lingula, étoit une efpece d'Efpatule dont fe fervoient les Harufpices pour fouiller dans les entrailles des

victimes.

Le Candelabre étoit un chandelier à plufieurs branches fur lequel on mettoit les torches qui brûloient pendant le Sacrifice.

Le Dolabre, un grand couteau qui fervoit à découper la victime (a).

L'Enclabrès, dont parle Miffon dans fon Voyage d'Italie, étoit la Table fur laquelle on pofoit la victime, pour en confiderer plus commodément les entrailles, & en tirer les augures.

(a) On en trouve la reprefentation dans le cinquiéme Tome des Memoires de l'Academie des Belles-Lettres.

(1) L. 35.

C. 12.

L'Offa; étoit la Marmite dans laquelle les Prêtres faifoient cuire la portion de la victime, qui leur avoit été def

tinée..

La Trompette étoit une efpece de Cor ou de Clairon;. dont on fonnoit dans la ceremonie des Hecatombes ; mais dans tous les Sacrifices c'étoit toujours un joueur de flûte qui accompagnoit la victime, lorfqu'on la conduifoit dans le lieu où on devoit l'immoler, & qui jouoit de fes deux flûtes pendant le Sacrifice, comme on le voit dans prefque tous les monumens qui nous reftent fur ce fujet.

L'Urceolus, étoit un petit vafe, de bronze, d'argent, de terre, ou de quelque autre matiere, qui avoit un col retreffi,, & l'ouverture large, à peu près comme nos burettes, que. portoient les Miniftres fubalternes, pour laver les mains des Prêtres. On en trouve fouvent, fur les monumens antiques, entre les mains de ces fortes de Miniftres.

Quoiqu'on ne doive pas mettre les Trepieds au nombre des. Inftrumens dont on fe fervoit dans les Sacrifices, cepen-dant comme il y en avoit fouvent dans les Temples, fur-tout. dans ceux d'Apollon, & qu'ils fervoient quelquefois à foutenir des vafes facrés, il eft neceffaire d'en dire ici quelque. chose. Sans m'arrêter à la diftinction d'Athenée qui n'en admet que de deux fortes, qui fe reduifent aux grands & aux. petits Trepieds, je les, divife en trois efpeces. Je mets dans la premiere, ceux qui fervoient à la Pythie lorfqu'elle rendoit les Oracles d'Apollon dans le Temple de Delphes. Comme l'exhalaifon qui lui infpiroit l'avenir fortoit d'une caverne, ainsi que nous le dirons dans l'Hiftoire des Oracles, & qu'on pouvoit y tomber en s'en approchant de trop près, ce qui étoit arrivé quelquefois, on inventa une machine foutenuë fur trois pieds qui pofoient fur le roc, & la Prêtreffe s'y affeioit, pour recevoir commodément & fans danger l'exhalaison de la caverne. C'eft cette forte de Trepieds dont il eft tant parlé dans l'Hiftoire ancienne. La feconde efpece comprend tout ce qui étoit appuyé fur trois pieds, vases tables, ou quelque autre chofe que ce fut; & de ceux-ci il. y en avoit un grand nombre. Je mets dans la troifiéme les Trepieds votifs, que des Princes ou des Particuliers.confa-

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