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ro. Il y a des Auteurs qui divifent les Dieux en trois Claffes feulement ceux que les Poëtes ont inventés, font dans la premiere; ceux des Philofophes occupent la feconde ; & ceux des Legiflateurs & des Politiques, la troifiéme (a). 11. D'autres divifoient le ciel en feize demeures, & plaçoient des Dieux dans chacune (6), appellant a ceux qui n'étoient renfermés dans aucune de ces Spheres.

12. Ciceron (1) diftribue tous les Dieux en trois Claffes; la (1) De Legib'; premiere eft celle des Dieux Celeftes, qu'on peut appeller Liv. 2. auffi Majorum Gentium Dii: la feconde eft celle de ceux que leur merite a élevés à ce rang, & qu'on peut appeller les demi-Dieux & les Indigetes; la troifiéme eft celle des Vertus qui nous élevent jufqu'au Ciel, & qui ont été elles-mêmes divinifées.

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Deor.

1-3. Varron foutenoit qu'il y avoit des Dieux connus, & des Dieux inconnus, & il reduifoit à ces deux Claffes tous ceux de la Gentilité. Dans la premiere étoient ceux dont on fçavoit les noms, les fonctions, &c. comme, le Soleil, la Lune, Jupiter, Apollon, & les autres. Dans la feconde étoient placés ceux dont on ne fçavoit rien d'affûré, & aufquels on ne laiffoit pas d'élever des Autels, & d'offrir des Sacrifices. Le Philofophe Alboïcus (2) regardoit les fept Planetes, com- (2) De Imag, me les fept premiers Dieux du Paganisme, qu'il arrangeoit dans cet ordre, Saturne, Jupiter, Mars, Apollon, Venus Mercure & la Lune. Paufanias (c), Ciceron, Hesychius, & plufieurs autres Auteurs, parlent des Autels élevés aux Dieux inconnus ; & l'on voit dans les Actes des Apôtres que S. Paul dit aux Atheniens: Ayant vû en passant un Autel confacré au Dieu inconnu, ayvos tã, je viens vous prêcher celui que vous adorez fans le connoître. C'étoit Epemenidès, ce grand Prophete des Cretois, qui avoit été l'auteur de cette fuperftition. Confulté par les Atheniens comment ils pourroient appaifer les Dieux, & faire ceffer la pefte qui ravageoit leur pays, il repondit qu'il falloit laiffer aller dans les champs des brebis noires, & les faire fuivre par des- Prêtres pour les im

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(a) Varron & Scevola, apud Aug. de Civitate Dei. L.-4.

(b) Martianus, voyez Lylio Geraldi, Synt. 10.

(Paufanias in Eliacis, dyvóçw, der Bauss, Deorum ignotorum aras,

(1) In Protrept.

moler dans les lieux où elles s'arrêteroient ; & c'eft depuis ce temps-là, comme le remarque Diogene Laerce, que l'on voyoit dans la campagne plufieurs Autels élevés aux Dieux inconnus (a); c'eft-à-dire, depuis la vingt-feptiéme Olympiade, felon cet Auteur, ou la quarante-deuxième fi nous en croyons Suidas.

14. Clement d'Alexandrie (1) a cru pouvoir renfermer tous les Dieux du Paganifme dans fept Claffes. Il met dans la premiere les Aftres; dans la feconde les Fruits de la terre, & les Dieux qui y prefident, Cerès, Pomone, Vertumne, Bacchus, &c. La troifiéme comprend les Dieux des peines & des châtimens, comme les Furies, & quelques autres. Il plaçoit dans la quatriéme les Dieux des paffions & des affections, tels que l'amour, la pudeur, &c. Les Dieux des vertus, comme la Concorde, la Paix, &c. formoient, felon lui, la cinquiéme Claffe. Les Grands Dieux, qu'on nommoit Di Majorum Gentium, n'occupoient que la fixiéme. Enfin les Dieux Salutaires, comme Efculape, Hygieia, Telefphore, & quelques autres, étoient ceux de la feptiéme.

15. Jamblique Philofophe Platonicien divisoit les Dieux (2) De Myft. en huit Claffes (2). Il mettoit dans la premiere les Grands Sect. 2. c. 1. Dieux, qui invifibles de leur nature, fe trouvent dans toutes les parties du monde ; c'est-à-dire fans doute, cet Esprit univerfel dont nous avons déja parlé. Des Efprits Superieurs, qu'il nommoit Archanges, occupoient la feconde. D'autres Efprits d'un rang inferieur, les Anges, formoient la troifiéme. Dans la quatrième étoient les Demons. Ceux qu'il appelle Archontes Majeurs, c'eft-à-dire, les Genies qui prefidoient fur le monde fublunaire & fur les élemens, étoient dans la cinquiéme; & les Archontes Mineurs, dont le pouvoir ne s'étendoit que fur la matiere groffiere & terreftre, dans la fixiéme. Les Heros formoient la feptiéme ; & enfin les ames des hommes mis au rang des Dieux, la huitiéme & la derniere. Voyez là-deffus le Chapitre suivant.

16. D'autres Philofophes de la même Secte renfermoient tous les Dieux du Paganifme, ou fi on veut tous les Genies, dans deux Claffes. Ceux qu'ils nommoient do, immate

(a) Ex eo tempore per agros Attica, are fine nomine Dei vifebantur. Diog. Laërt.

riels,

riels, &, ou materiels, occupoient la premiere ;. & ceux qu'ils appelloient Mondains, ou Supramondains, la feconde.

17. On affure que Mercure Trifmegifte admettoit trois Claffes de Dieux. Dans la premiere étoient ceux qu'il nommoit Celeftes; dans la feconde les Empyrées, & dans la troifiéme les Etherées. Ce celebre Auteur, dit-on, avoit compofé mille volumes fur les Dieux de cette premiere Claffe, & cent fur ceux de chacune des deux autres.

18. On divifoit encore les Dieux, en Dieux Publics, & en Dieux Particuliers. Les premiers étoient ceux dont le culte. étoit établi, & autorifé par les Loix. Les feconds, ceux que chacun choififfoit pour être l'objet de fon culte. Tels étoient les Dieux Lares, les Penates, & les Ames des Ancêtres, qu'il étoit permis à chaque particulier d'honorer comme il vouloit.

19. La divifion la plus generale, eft celle qui partage les Dieux, en Dieux naturels, & en Dieux animés. Par les premiers on entend les Aftres & les autres Etres Phyfiques; par les feconds, les hommes qui par leurs belles actions meritorent les honneurs divins. Cependant elle ne renferme pas encore tous les Dieux, puifque ces Genies de differens ordres dont nous venons de parler après Jamblique, ne s'y trou

vent pas.

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20. La derniere enfin, & en même temps celle que je fuivrai en parlant des Dieux des Grecs & des Romains, eft celle qui les divifoit en Dieux du Ciel, en Dieux de la Terre, & en Dieux de l'Enfer.

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De la Nature des Genies ou des Demons.

Ous avons rapporté dans le premier Chapitre de ce

N Livre, les fentimens des Philofophes fur la Nature des

Dieux; dans le fecond & dans le troifiéme ce qu'en pensoient les Poëtes & les Hiftoriens. On a dit dans le quatriéme qui étoient ceux qui paffoient pour être les Enfans des Dieux. Dans le cinquiéme on a vû la Division des Dieux en plusieurs Claffes. Il faut maintenant examiner ce que quelques Philofophes entendoient par les Genies, ou par les Demons.

Les Philofophes Platoniciens des derniers temps du Paganisme, attachés à la Magie Theurgique, qui, felon eux, élevoit l'ame à la plus fublime fpeculation, & la mettoit en état de contempler la Divinité elle-même, avec laquelle elle P'uniffoit de la maniere la plus intime, ainsi que nous l'avons dit dans le Livre précédent, donnerent cours à l'opinion qui enfeignoit qu'il y avoit des Genies ou des Demons, dont le pouvoir s'étendoit fur le bas monde, & en particulier fur T'homme. Porphyre, le plus celebre de ces Philofophes, écrivit une longue Lettre à Anebo Prêtre Egyptien, pour lui demander des éclairciffemens fur les matieres les plus importantes de la Religion, & en particulier fur celles de ces Genies. Jamblique fon difciple fous le nom d'Abamon, autre Prêtre Egyptien, & le maître d'Anebo, repondit à cette Lettre; & c'eft cette réponse qui fait la matiere du Livre des Myfteres de cet Auteur.

Comme la Lettre de Porphyre n'eft qu'une confultation, ce Philofophe n'y fait pas toujours entendre ce qu'il pense; car voulant ménager la delicateffe d'Anebo, qui regardoit toutes les queftions qu'il lui propofe comme des myfteres de Religion, il femble ne les lui faire que pour s'en éclaircir. Je n'ai besoin pour le prefent que de ce qui regarde les Genies; ainfi laiffant les autres fujets qui font traités dans cette Lettre, je dis que Porphyre, fans trop fe déclarer, nous y apprend bien des particularités fur la Nature de ces Efprits, & fur les

effets qu'on leur attribue. Dabord, dit-il, on ne doit point établir leur fejour dans l'Ether, ou cet air pur qu'habitent les Dieux, mais dans un air plus groffier, ou dans le globe même de la terre. Il n'ofe pas même attribuer aux Demons toutes les impostures & les mauvaises actions qu'on met fur leur compte, & dont ce Philofophe eft justement choqué; mais ne voulant pas fe declarer ouvertement contre une opinion reil avoue qu'il y a de bons Genies, quoiqu'il foit perfuadé en même temps qu'en general tous les Demons ont de l'impu dence & de la folie.

que,

Après avoir diftingué les Demons & les Dieux, en ce que ceux-là ont des corps, & que ceux-ci n'en ont point, il demande à Anebo fi les hommes qui prédifent l'avenir, ou qui produifent quelqu'autre effet merveilleux & extraordinaire, doivent en regarder leur ame, ou ces Intelligences, comme la caufe: mais il décide lui-même la question, & paroît perfuadé qu'il faut attribuer ces effets à ces Genies; ce qui lui fait dire que quelques perfonnes croyent qu'il y en a d'un certain ordre qui entendent nos prieres, mais qui après tour ne font propres qu'à impofer & à feduire; que ces Efprits prennent toutes fortes de formes, fe changent en differentes figures, & imitent les Dieux mêmes, les Demons, & les ames des morts: que ce font ces Efprits qui operent tout ce qu'il y a de mauvais, fans produire rien de bon; qu'ils donnent de mauvais confeils, s'oppofent de tout leur pouvoir aux bonnes actions, & ont une haine marquée pour les perfonnes vertueuses; qu'ils aiment l'odeur de la chair & du fang des animaux, & qu'ils fe plaisent à être flattés. Il parle enfin de toutes les autres impoftures de ces Efprits malins qui font illusion aux hommes, foit qu'ils veillent ou qu'ils dorment.

Cette Lettre eft écrite avec art, & on ne peut pas douter que Porphyre ne s'y declare contre l'exiftence & le pouvoir de ces Genies dont il parle. Cependant il paroît en quelques endroits qu'il en admet, & que ce n'eft pas toujours le fentiment des autres, mais le fien qu'il expofe, ainfi que le dit S. Auguftin, qui a fait l'analyse de cette Lettre (1). Que les (1) De Civ. hommes faffent des menaces aux Dieux, que ces menaces c. II. » les épouvantent, & les reduisent à faire ce qu'on defire,

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Dei. Lib. 10.

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