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C. 17.

le Typhon des Egyptiens : les Syriens l'honoroient d'un culte particulier, & sa fête portoit le nom de Sacrée.

7°. Pour ce qui regarde Adramelech & Anamelech, s'ils leurs noms me comme pays, n'étoient pas d'anciens Rois du (1) Grotius portent à le croire à le croire, puifque celui du premier fignifie (1) un in Lib. 4. Reg. Roi puissant, & celui du fecond, un Roi magnifique, je croirois volontiers que c'étoit le Soleil & la Lune; car je ne fçaurois être du fentiment de ceux qui penfent qu'Adramelech étoit Junon, fondés fur ce que ce Dieu étoit reprefenté fous la figure d'un Paon, oifeau confacré à l'épouse de Jupiter car, encore un coup, les Syriens n'ont reçu que fort tard les Divinités des Peuples d'Occident, & long-temps après que ces derniers avoient adopté celles de l'Orient.

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8°. Enfin les Syriens & leurs voisins adoroient encore plufieurs autres Divinités, dont on ne fçait prefque rien d'affûré; car il ne faut pas écouter les Rabbins qui ont debité à ce fujet une infinité de conjectures auffi frivoles que ridiculés. Tels étoient un Nibbas, qu'on croit être le même que le Dieu Anubis. L'Empereur Julien après avoir renoncé au Christianisme, affecta de retablir le culte prefque oublié de cette ancienne Divinité : il en fit même graver l'image fur fa ́ monnoye, tenant un caducée d'une main, & un fceptre Egyptien de l'autre.

Tel étoit encore un Moazim, dont l'impie Antiochus rétablit le culte. Daniel eft le feul qui parle de ce Dieu, & ce qu'il en dit eft fort obfcur. Ce Prophete dans une de fes revelations où il prédit ce qui doit arriver un jour aux Rois de Syrie, parle d'un Prince qu'on croit être Antiochus Epiphanès, qui abandonnera le Dieu de fes peres & qui fubftituera à fa place un Dieu qu'ils ne connoiffoient pas : Deum autem Moazim in loco fuo venerabitur, & Deum quem ignoraverunt patres ejus colet auro & argento, & lapide pretiofo .. Et faciet ut (2) C. 11. maneat Moazim cum Deo alieno quem cognovit (2). La verfion 37. 38. & de Theodontion a confervé le même nom que la Vulgate donne à ce Dieu, mais d'autres verfions portent feulement le Dieu des forces ou des fortifications, ce qui a fait croire à plufieurs Interpretes que Moazim étoit le même que le Dieu Mars, puisque son nom eft compofé de celui de Dazas, qui

veut dire, fort, ce qui convient parfaitement au Dieu de la guerre, que les Juifs appelloient Modin, par un changement de lettres qui leur eft affez ordinaire.

L'Auteur de l'Hiftoire Critique des Cultes, après avoir rapporté l'opinion des Interpretes fur ce paffage, croit que par Moazim on doit entendre les Romains, qu'Antiochus appaifa par des prefens, & en leur abandonnant les Provinces qu'il poffedoit en deçà du mont Taurus ; & que les Aigles Romaines étoient ce Dieu inconnu à fes peres, qu'il adora, c'eft-à-dire, auquel il fut obligé de fe foumettre par un Traité de paix, dont l'avantage étoit tout du côté des Romains. Ce fentiment que cet Auteur établit par de folides raisons, ne manque pas de vraisemblance (1).

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(1) P. 4. c. 3.

Enfin l'Ecriture Sainte fait mention de plufieurs autres P. 705. Dieux, qui ne font connus que par les noms des Villes qui les honoroient; comme les Dieux d'Emath, d'Arphad, de Sepharvaïm, d'Avia, de Séir, d'Eva, & plufieurs autres dont le culte faifoit une partie de ces abominations si souvent reprochées aux Nations, & quelquefois même aux Juifs, surtout aux Ifraëlites qui fuivirent les fuperftitions de Jeroboam & adopterent dans la fuite prefque toutes les Divinités de leurs voisins. M. Fourmont n'a oublié aucun de tous ces Dieux, au fujet defquels je ne m'étendrai pas davantage, pour ne pas remplir cet Ouvrage d'étymologies, fouvent contestées, & toujours affez inutiles. L'Auteur que je viens de citer en a cependant de fort heureuses, que l'on peut voir dans fon Ou- (2) T. 1. L. 2. vrage (2).

Sect. 4

on Hebreu,

CHAPITRE VII

Des Dieux de Tadmor ou de Palmyre.

OMME la celebre Ville de Palmyre étoit dans la Syrie;

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je dois joindre ici l'Hiftoire des Dieux qu'on y adoroit. La ville de Tamor ou Tadmor, ainfi nommée à caufe des (1) Thamar, Palmiers que produit le terroir (1), fut bâtie, au rapport de Palme. Jofeph, par Salomon dans la partie la plus feptentrionale de la Syrie (a). Les Grecs & les Romains qui ne connoiffoient pas fon ancien nom, l'ont toujours appellée Palmyre. Je n'ai pas deffein de faire l'hiftoire de cette Ville, qui changea souvent de Maîtres, & qui fut enfin entierement foumise aux Romains par l'Empereur Aurelien, du temps de la fameuse Zenobie. Aujourd'hui on n'en trouve que les ruines; mais ces ruines-là même font juger quelle avoit du être fa magnificence; & l'on peut affûrer qu'il n'y a point de Ville au monde où l'on voye tout ensemble & plus de reftes d'une ancienne grandeur, & une plus affreuse desolation. Comme Guillaume Halifax, Seigneur Anglois, avoit examiné avec foin toutes ces ruines, on peut voir ce qu'il en dit dans fes Tranfactions Philofophes de l'année 1695. & dans la Lettre qu'il écrivit à Edmond Bernard, que Camille le Brun a inferée dans fes Voyages (b).

:

Tadmor, qui fuivit fans doute au temps de fa fondation la Religion Juive, se laissa enfin entraîner dans les fuperftitions du Paganisme; mais on ne fçauroit marquer le temps auquel elle devint idolâtre on peut dire feulement qu'elle adora d'abord les Dieux des Syriens, furtout Belus où le Soleil, pour lequel elle avoit un Temple magnifique, duquel M. Halifax fait la defcription en ces termes : » Tout l'enclos de » cet Edifice eft un espace quarré de 660. pieds, dont cha» que côté est environné d'une haute & belle muraille ornée (a) L'Ecriture qui dit que Salomon bâtit une ville, ne la nomme pas.

(b) Tome II. de l'Edition de Rouen, p. 281. On peut auffi confulter la Differtation de M. l'Abbé Renaudot, imprimée dans le fecond Volume des Memoires de l'Academie des Belles-Lettres, p. 509.

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de Pilaftres par dehors & par dedans, au nombre de 62. » de chaque côté, ainfi qu'on peut le juger par ce qui en refte, car les Turcs, maîtres de ce pays depuis long-temps, » ont prefque tout detruit ou mutilé, Sculpture, Bas-reliefs, Infcriptions, &c ».

L'Auteur que je viens de citer dit que ce Temple fut détruit par Jehu, & converti en latrines, ainfi qu'il eft rapporté

27.

au quatrième Livre des Rois (1), & fi toute cette place ajou- (1) V. 10. & te-t'il encore, a été le Temple de Jupiter-Belus, la raifon qu'employe l'Ecriture Sainte eft fort jufte.

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Mais le Voyageur Anglois n'eft pas exact dans ce qu'il dit là - deffus, comme je le remarquerai en faifant imprimer le Voyage de Corneille le Brun. L'Ecriture Sainte ne se sert à cette occafion d'aucune comparaison ; il y eft dit feulement: Et protulerunt Statuam de fano Baal, & combufferunt, & comminuerunt eam. Deftruxerunt quoque ædem Baal, & fecerunt pro ea latrinas ufque in diem hunc. D'ailleurs il n'eft rien dit dans ce Chapitre, de la Ville de Tadmor, & il y eft rapporté feulement que Jehu pourfuivant les reftes de la Maifon d'Achab, alla à Samarie, où après avoir feint de vouloir adorer Baal, il fit affembler tous les Prêtres pour en celebrer la fête, & les fit égorger dans le Temple même de ce Dieu. Il eft vrai que le Texte facré ajoute qu'après cette expedition fes Soldats allerent dans la Ville du Temple de Baal: Et ierunt in Civitatem Templi Baal, d'où ils tirerent la Statue de ce Dieu qu'ils brûlerent, & firent des latrines de fon Temple; mais il faudroit prouver que cette Ville étoit Tadmor; car Baal étoit adoré dans plufieurs autres Ville de Syrie. Et quelle apparence que Jehu eût envoyé fes Troupes à plus de foixante lieuës, & dans un pays qui ne lui appartenoit pas, pour détruire un Temple que les habitans auroient défendu au peril de leur vie? Vatable foutient même que la Ville où Jehu envoya des Troupes, n'étoit pas éloignée de Samarie; ce qui eft très-vraisemblable, & il y a beaucoup d'apparence que cette Ville étoit celle de Balba, qui eft, felon Herbelot, l'Heliopolis de Syrie, ou Belus, c'eft-à-dire, le Soleil, avoit un Temple magnifique (a).

(a) Voyez le Voyage de M. de la Roque, & le Dictionnaire de M. Bruzen de la Martiniere, au mot Balba.

(1) Mifcell, Erud. Ant.

P. I.

Quoiqu'il en foit, les Palmyreniens adoroient Belus, ou le Soleil & la Lune, à la maniere des autres Syriens, mais ils donnoient des noms particuliers à ces deux Divinités, comme il paroît par un beau Monument qui étoit autrefois dans les Jardins qu'on appelloit Horti Carpenfes, & aujourd'hui dans ceux des Princes Juftiniani, près de S. Jean de Latran.

Ce Bas-relief a été publié en 1685. par M. Spon (1) avec l'Infcription qui l'accompagne, & qui eft en Palmyrenien, qu'on n'entend pas, & en Grec, qui contient apparemment (2) Pag. 86. la même chofe. Gruter avoit déja rapporté l'Infcription (2), fans y joindre les figures; mais comme le R. P. Dom Bernard de Montfaucon en reçut une copie plus exacte, & mieux figurée que celles qui font dans ces autres Antiquaires, c'eft de celle-là que nous nous fervirons, quoiqu'elle differe un peu de celle de Spon: en voici la Traduction:

Titus Aurelius Heliodorus Adrianus Palmyrenien fils d'Antiochus a offert & confacré à fes depens à Aglibolus & à Malachbelus, Dieux de la Patrie, ce Marbre, & un Signe ou une petite Statue d'argent, pour fa confervation, & pour celle de fa femme & de fes enfans, en l'année cinq cens quarante-fept, au

mois Peritius.

Ce Bas-relief, qui eft ce qu'on appelle un Ex Voto, reprefente le frontispice d'un Temple, foutenu de deux Colomnes, fur lequel font deux figures de jeunes personnes, au milieu defquelles eft un arbre que quelques Antiquaires croyent être un Pin ; mais je fuis perfuadé que c'eft plûtôt un Palmier, ce qui convient mieux à la Ville de Palmyre, qui en avoit pris fon nom. Au côté droit de cet arbre eft le Dieu Aglibolus, fous la figure d'un jeune homme vêtu d'une tunique relevée par la ceinture, enforte qu'elle ne defcend que juf qu'au deffus du genou; & qui a par deffus une espece de manteau; tenant de la main gauche un petit bâton fait en forme de rouleau. Le bras droit, dont il tenoit peut-être quelqu'autre chofe, eft caffé. A l'autre côté, eft le Dieu Malachbelus, qui reprefente auffi un jeune homme vêtu d'un habillement militaire, avec le manteau fur les épaules, une Couronne radiale à la tête, & ayant derriere lui un Croiffant, dont les deux cornes débordent des deux côtés.

L'Inscription

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