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65 & 54.

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PREFACE.

UOIQUE nous ne foyons plus dans ces fiécles malheureux, où l'Univers prefqu'entier étoit plongé dans les tenebres de l'Idolatrie, on ne peut guéres fe difpenfer de fçavoir l'hiftoire des Dieux & les Fables du Paganisme; & la Mythologie, qui apprend à connoître ces Fables & ces Dieux, fait une partie trop confiderable des Belles - Lettres, pour qu'on puiffe la négliger. En effet, nous lifons chaque jour les Ouvrages des Grecs & des Romains ceux de leurs Poëtes furtout qu'il feroit fouvent très-difficile d'entendre fi on ne connoiffoit les Fables aufquelles ils font d'éternelles allufions.

,

D'ailleurs tout conspire à nous rappeller le fouvenir de ces anciennes fictions, Statues, Bas-Reliefs Monumens de toute efpece; & de quoi en effet font remplis les Livres des Antiquaires, & les Cabinets: des Curieux, que de Figures de Divinités, d'Inftrumens de Sacrifices,& de tout ce qui nous refte de

j

l'ancien Paganisme? Nos Galleries, nos Plafonds, nos Peintures, nos Statues nous repréfentent fans ceffe les mêmes objets ; & comme fi l'Hiftoire fainte & profane ne fournissoient pas affez de faits intéressants, & capables de nous inspirer des fentimens vertueux, nous empruntons nos fujets de la Fable, furtout dans notre Poëfie dramatique.

Nos Theatres retentiffent tous les jours des plaintes d'Iphigenie & d'Andromaque, des fureurs d'Orefte, & des emportemens d'Achille & de Clytemnestre; &, ne rougiflons pas de l'avouer, nous voyons toujours fur notre Scene ces Héros & ces Héroïnes avec un nouveau plaisir, pendant que nous avons fouvent de la peine à y fupporter d'autres perfonnages plus propres à exciter en nous une noble émulation.

fi

Il eft donc utile, & même en quelque forte nécessaire de fçavoir la Mythologie; auffi voyons nous que ceux qui l'ignorent, paffent pour être dépourvus d'éducation, & des lumieres les plus néceffaires à un Homme de Lettres. Mais lorsqu'on vient à confiderer que les Fables ne font pas de pures ctions, comme je le prouve au commencement de cet Ouvrage; qu'elles ont un rapport réel avec l'Hiftoire des premiers fiécles, qu'elles en contiennent des événemens confiderables, & que la plupart des Dieux ont été des hommes, dont l'Hiftoire fait partie de celle des Peuples qui les adoroient : alors la Mythologie devient un objet plus important, & en même-temps plus digne de notre curiofité.

C'est ce fond d'Hiftoire caché fous l'enveloppe

Volumes in 12. en 1710.

d'un troifiéme

1715. On en famment une

tion, chez

à veur des jeu

nes gens auf

quels cet a

bregé fera très

utile.

de la Fable, qui fut le principal objet de mes recherches, lorfque je commençai à m'appliquer à l'étude de la Mythologie, & le Public reçut favorablement l'Explication Hiftorique des Fables, qui fut le premier Effai que je donnai fur cette matiere (1); (1) En deux mais en même-tems il parut fouhaiter une Mythologie plus étendue & plus approfondie. Cet Ou- augmentée vrage, m'ont dit fouvent des Perfonnes éclairées, Tome en manque à notre Langue, puifque fans parler du donnera incefftyle furanné de ceux que nous avons en François nouvelle Edifur ce fujet, on n'y trouve rien de fyftématique ; Briaffon,en fales Fables n'y font rapportées à aucune fource, aucun temps déterminé : l'origine des Dieux n'y eft point développée; on n'y diftingue point ces Dieux, qui fouvent étoient les mêmes fous differens noms: enfin fi on y trouve quelques traits d'Hiftoire, ils font noyés dans un amas d'Allegories & de Moralités arbitraires (2). D'ailleurs les Auteurs de ces Mythologies, privés des découvertes des Sçavans qui font venus depuis, avoient fuivi des Guides peu fûrs; & nous fommes aujourd'hui plus en état qu'ils ne l'étoient, de traiter cette matière. Quelles lumieres ci en effet n'y ont pas répanduës les Meziriac Bochart, les Voffius, & plufieurs autres ; & fi ces fçavans Hommes avoient expliqué toutes les Fables, comme ils ont expliqué celles qui fe font trouvées avoir quelque liaison avec les matieres qu'ils avoient entrepris d'éclaircir, nous n'aurions pas befoin d'une nouvelle Mythologie.

,

les

Pour fatisfaire à ce qu'on attendoit de moi, je formai le deffein de l'Ouvrage que je donne au

(2) Voyez dans le Chap.

J.

le jugement des Mytholo

que je porte

précedé celle

mont l'aîné.

A

jourd'hui. Mes Differtations fur differents fujets de la Fable, qui font imprimées dans les Mémoires de l'Academie des Belles-Lettres, & les Explica-l tions que j'ai jointes à la Traduction des Meta-I morphofes d'Ovide, prouvent que je ne l'ai jamais perdu de vûe.

J'avois déjà beaucoup profité dans mon Expli cation Hiftorique, des découvertes des Sçavans du dernier Siécle, & il fera aifé de voir dans cette Mythologie que je les ai encore relûs avec un nouveau foin; & que j'ai fait le même ufage de quelques autres Livres qui ont rapport à mon fujet, & qui ont paru depuis; fur tout des Reflexions Cri tiques fur les anciens Peuples, Ouvrage profond, où (*) M. Four-l'Auteur (*) pour qui les Langues fçavantes n'ont rien de caché, fait paroître partout autant de fagacité que de fçavoir. En effet, foit qu'il entreprenne de prouver l'autenticité d'un precieux fragment de maniere à ne pouvoir plus deformais la contester; ou qu'il developpe l'origine des anciens Peuples; ou enfin qu'il ramène la plupart des Fa bles à leur premiere fource, c'eft toûjours avec une érudition peu commune & fouvent par des dé couvertes qui avoient échapé aux autres Sçavans.

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Guidé d'ailleurs dans mes recherches par les lu mieres d'une Compagnie dans laquelle l'érudition la plus profonde fe trouve réunie à la Critique la plus judicieufe, j'ai également profité du precieux Recueil de fes travaux, & des fçavantes converfations qui rempliffent quelques momens de fes Affemblées.

Avec

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