place. Je n'ofe, difoit-il, accufer Theodore, parce qu'il a été envoyé par le faint fiege: mais fi vous jugez que je ne fois plus évêque, je me foumets humblement ; je vous prie feulement de chasser par vôtre autorité les ufurpateurs de mon diocese. Si l'archevêque & les évêques mes confreres trouvent à propos d'augmenter le nombre des évêques, qu'ils les choififfent dans un concile, & les tirent du clergé de la même églife, j'obéïrai absolument aux decrets du faint fiege. On voit ici, que le principal pretexte de la dépofition de faint Vilfrid étoit, que le païs avoit besoin d'un plus grand nombre d'évêques.

AN. 679..

Aprés la lecture de fa requête le pape loüa fa Eddi. 6. 294, conduite & sa soûmiffion, & le concile prononça, qu'il feroit rétabli dans fon évêché: que ceux qui y avoient été mis irregulierement feroient chaffez: mais que les évêques qu'il choifiroit avec le concile affemble fur les lieux pour lui aider, feroient ordonnez par l'archevêque : Le tout fous peine de dépofition & d'anathême, contre les évêques, les prêtres, & les diacres, & d'excommunication contre les autres, même contre les rois. Saint Vilfrid demeura encore à Rome plus de quatre mois.

VI..

Concile pour des

En effet il affifta au concile que le pape Agathon tint le troifiéme jour de pâque, c'est-à-dire, le mar- puter à C. P. divingt-feptiéme Mars 680. afin de nommer des de

Eddi c. so.

putez, pour aller à C. P. fuivant le defir de l'empereur. Ce concile fut de cent vingt-cinq évêques Tom. 6. conc. på affemblez de toutes les parties d'Italie. Premiere 69.

ment des provinces immediatement foûmises au

ms)

Bij

AN. 679. faint fiege, la Campanie, les Brutiens, la Calabre, & les autres plus voifines de Rome, & de la Sicile. Enfuite de la province de Milan, dont l'archevêque Manfuet affiftoit au concile avec Jean de Bergame, Anaftafe de Pavie, & plufieurs autres. Manfuet eft honoré comme Saint le dix-neuvième de Février, Jean l'onzième de Juillet: & le roi CuId.av bife.c.44. nibert avoit pour celui-ci un respect particulier. Anastase avoit été évêque Arien : mais il se convertit si bien, qu'il ast honoré comme Saint le 30. de May.

Martyr. R.19.
Feb. 1. Jul. Paul.

Iv hifto. c. 8.

Martyr. R. 30.

May.

Paul.xv. hift.c.4.

L'archevêque Manfuet tint fon concile aprés ou devant celui de Rome, & Damien alors prêtre, & depuis évêque de Pavie écrivit la lettre fynodale à 1. 6. conc. p. 601. l'empereur. Il y rapporte les exemples de tous les empereurs, qui ont fait tenir les conciles pour condamner les heresies. Il marque que les évêques au nom defquels il parle font fujets des rois Lombards trés-chrétiens Pertarit & Cunibert fon fils, qu'il avoit fait reconnoître de fon vivant. La lettre du concile de Milan finit par une exposition de foi, qui reconnoît expressément en Jesus-Christ deux volontez, & deux operations. Damien auteur de cette lettre eft honoré comme Saint le douzième d'Avril. On voit dans le concile de Rome les autres évêques de la domination des Lombards : ceux de la province d'Iftrie dont le Metropolitain eft Agathon évêque d'Aquilée : ceux de la Pentapole & de la Tofcane: puis Theodore archevêque de Ravenne avec les autres évêques de l'exarcat encore Anast.inDonc.& foûmis aux Romains. Il y avoit long-tems que les

Mart. R.1.Apr.

Boll. tom. 10. p. 91.

som. 6. conc.p.

704. D.

1.703.

Agath.

697. D.

archevêques de Ravennes refufoient au pape l'obéïf- A N. 679. fance qu'ils lui devoient. Mais Theodore y fatisfit, inf. n. 32. & fe prefenta au pape Agathon. Aprés les évêques immédiatement foûmis au pape, on voit dans les foufcriptions du concile de Rome celle d'Adeodat tom. 6. conc.p. de Toul, de Vilfrid d'Yorc, de Felix d'Arles & de Taurin de Toulon. Adeodat, Felix & Taurin se difent tous trois legats du concile des Gaules: ce qui fait croire qu'il s'en étoit tenu effectivement. un pour ce fujer: mais faint Vilfrid prend auffi la tom.6. cont. På qualité de legat du concile de Bretagne, dont il eft 1887. bien certain que les évêques ne l'avoient pas envoyé. Or il étoit ordinaire dans les actes ecclefiaftiques de nommer concile les évêques d'une même province, quoiqu'ils ne fuffent pas affemblez: & faint Vilfrid fans en avoir de commiffion pouvoit hardiment rendre témoignage de la foi des églifes Britanniques.

VII. Lettres à l'em

Il ne nous refte de ce concile que les deux lettres à l'empereur: l'une au nom du pape en parti- percur. culier, l'autre au nom du concile : toutes deux adreffées, non feulement à Constantin, mais à fes freres Heraclius & Tibere qui portoient auffi le titre d'Auguftes. La lettre du pape est trés-longue fuivant le stile du tems: mais en voici la substance: tom, 6. cone. p. Nous avons reçû avec une grande confolation vos lettres adreffées au pape Donus nôtre predecesseur, par lesquelles vous nous exhortez à examiner la vraye foi. Auffi-tôt j'ai commencé à chercher des perfonnes telles que le malheur du tems & l'état de cette province permet de les trouver. J'ai pris le con

630.

A N. 680. feil de mon clergé, & des évêques voifins de ce fiege: mais il a fallu du tems pour affembler ceux que nous attendions des provinces plus éloignées, més predeceffeurs ont envoyé prêcher la foi: fans parler de mes maladies continuelles.

1.634.

ou

Donc pour vous rendre l'obéïssance que nous vous devons, nous vous envoyons nos venerables freres les évêques Abondantius, Jean & un autre Jean; & nos chers fils Theodore & George prêtres, Jean diacre, & Conftantin foûdiacre de nôtre églife: Theodore prêtre, legat de l'églife de Ravenne avec des moines ferviteurs de Dieu. Ce n'est pas par la confiance que nous avons en leur favoir : car comment pourroit-on trouver la fience parfaite des écritures, chez des gens qui vivent au milieu des nations barbares, & qui gagnent à grande peine leur nourriture chaque jour par leur travail corporel? Seulement nous regardons avec fimplicité de cœur la foi que nos peres nous ont laiffée: demandant à Dieu comme nôtre principal avantage, de conferver & le fens & les paroles de leurs decifions, fans rien ajoûter ni diminuer. Nous avons donné à ces deputez quelques passages des peres, avec les livres même pour vous les prefenter quand vous l'ordonnerez, & vous expliquer la foi de cette églife apoftolique vôtre mere fpirituelle: non par F'eloquence feculiere, dont ils font dépourvûs: mais par la fincerité de la foi que nous avons apprise dés le berceau : & nous vous fupplions de les. écouter favorablement.

Le pape explique enfuite la foi de l'église fur

la Trinité & l'Incarnation, principalement par ra- AN. 680. port à la question des deux volontez: fur laquelle il dit nettement, que les trois perfonnes divines n'ayant qu'une nature, n'ont auffi qu'une volonté, mais qu'en Jefus-Christ comme il y a deux natures, il y a deux volontez, & deux operations. Il foûtient p. 66. que le faint fiege n'a jamais erré, & ne s'est jamais écarté du chemin de la verité, en vertu de la promesse faite à saint Pierre ; & que fes predeceffeurs 637. n'ont jamais ceffé d'exhorter les heretiques pour les ramener. Ensuite il prouve la diftinction des deux p. 640. volontez, par les paffages de l'écriture expliquez par les peres. Il y joint la définition du concile de Cal- p. 648, cedoine & celle du cinquième concile : puis plufieurs paffages des peres grecs en original, & des peres latins traduits en grec: de S. Gregoire de Nazianze,de S. Gregoire de Nyffe, de S. Jean Chryfof- p. 6530 tome, de S. Cyrille d'Alexandrie, de S. Hilaire, de S. Athanafe, du prétendu faint Denis, de faint Am- 6.560 broife, de faint Leon. Le pape Agathon fait l'ap- p.657. plication de tous ces paffages, & ajoûte: On y pour- p. 664 roit joindre ceux qui ont combatta pour le concile de Calcedoine : favoir Jean évêque de Scythopolis, Euloge d'Alexandrie, Ephrem, & le grand Anastafe d'Antioche.

p.6 9.

p.6520

D'ailleurs il rapporte les paffages des anciens he- s retiques, qui ont foûtenu qu'il n'y avoit en JesusChrift qu'une operation,& une volonté : d'Apollinaire, de Severe chef des Acephales, de Neftorius, de Theodofe d'Alexandrie: puis des nouveaux hereriques, c'est-à-dire, des Monothelites, Cyrus, p. 668.