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A N. 726.

1. L'empereur Leon attaque les ima

ges. Theopba an. 10.

P.338.

S. Niceph. p. 37.

LIVRE QUARANTE-DEUXIE’me.

P

ENDANT l'efté de l'année 726. indiction neuviéme il fortit une épaiffe fumée comme d'une fournaife ardente entre les ifles Thera & Therasia de l'Archipel : la mer s'élevant à gros boüillons jetta quantité de pierres ponces de tous côtez fur les terres voifines d'Afie & d'Europe; & il parut une ifle nouvelle prés de l'ifle Hiera. Quoi que de pareils accidens arrivent de tems en tems, l'empereur Leon prit celui-ci pour un prodige & pour une marque de la colere de Dieu irrité, à ce qu'il croyoit, de l'honneur que l'on rendoit aux images de JesusChrift & des faints. Car il s'étoit mis dans l'efprit que c'étoit une idolâtrie, ayant appris cette opinion des Mufulmans. Il y fut confirmé par un nommé Theopban 7. Befer Syrien né de Chrétiens, qui étant pris par ces infideles avoit apoftafié & embraffé leur religion, & depuis étant délivré étoit revenu chez les Romains. L'empereur Leon en faifoit cas à caufe de la force de fon corps & de la conformité de leurs fentimens. Il fut encore appuyé dans cette erreur par Conftantin évêque de Nacolie en Phrygie.

2.336.

Donc aprés la dixième année de fon regne l'an de Jesus Christ 727. ayant assemblé le peuple il dit Vita S.Steph. publiquement, que faire des images étoit un acte d'idolâtrie; & que par confequent on ne devoit pas les adorer. Le peuple gemit à ce difcours, l'empereur n'en dit pas davantage alors, & tâcha de donner

jun, t.).

Anal. Gr. p. 412.

un

un autre fens à fes paroles, mais faint Germain patriarche de CP. lui refista fortement, foûtenant que les images avoient toûjours été en ufage dans l'églife, & déclarant qu'il étoit prêt à mourir pour leur défense.

Il essaya auffi de ramener à la raifon les évêques qui étoient dans les fentimens de l'empereur, particulierement Conftantin évêque de Nacolie auteur de cette herefie. Nous avons trois lettres que Germain écrivit sur ce fujet. La premiere à Jean évêque de Synnade en Phrygie métropolitain de Conftantin, où il dit : Le patrice Taraife m'a rendu vôtre lettre où vous parlez de l'évêque de Nacolie. Je vous déclare donc qu'avant que je l'euffe reçuë, cet évêque étant venu ici, nous entrâmes en difcours & j'examinai fon fentiment touchant ce que j'avois oüi dire de lui. Et voici la défense, car il faut vous dire tout en détail. Ainfi ayant oüi, dit-il, ces paroles de l'écriture: Tu ne feras aucune image pour l'adorer, foit de ce qui eft au ciel, foit de ce qui eft fur la terre : j'ai dit qu'il ne falloit point adorer les ouvrages des hommes, mais au refte nous croyons les faints martyrs dignes de tout honneur & nous implorons leur interceffion. Je lui répondis: La foi chrétienne, fon culte & fon adoration fe rapporte à Dieu feul comme il est écrit: Tu adoreras le Seigneur ton Dieu & tu le ferviras feul. C'est à lui feul que s'adreffe nôtre doxologie & nôtre culte. La doxologie eft cette priere que l'église repete fi fouvent: Gloire foit au Pere & au Fils & au faint Esprit. Saint Germain continuë: Nous n'adorons point de

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creature, à Dieu ne plaife, & nous ne rendons. point à des ferviteurs comme nous le culte qui n'est dû qu'à Dieu. Quand nous nous profternons devant les empereurs & les princes de la terre, ce n'eft pas pour les adorer comme Dieu. Le prophete Nathan fe profterna en terre devant David qui n'étoit qu'un homme, & il n'en eft point repris. Et quand nous permettons de faire des images ce n'est pas pour diminuer la perfection du culte divin. Car nous n'en faisons aucune pour representer la divinité invisible, que les anges même ne peuvent comprendre.

Mais puifque le Fils de Dieu a bien voulu fe faire homme pour nôtre falut, nous faisons l'image de fon humanité pour fortifier nôtre foi montrant qu'il n'a pas pris nôtre nature par imagination, comme ont enseigné quelques anciens heretiques, mais réellement. & veritablement. C'est à cette intention que nous faluons ces images, & que nous leur rendons l'honneur & le culte convenable, pour nous rappeller la memoire de fon Incarnation. Nous faifons de même l'image de fa fainte mere; montrant qu'étant femme & de même nature que nous, elle a conçu & enfanté le Dieu tout puiffant. Nous admirons auffi & nous eftimons heureux les martyrs, les apôtres, les prophetes & tous les autres faints qui ont été vrais ferviteurs de Dieu, éprouvez par leurs bonnes œuvres par la prédication de la verité & la patience dans les fouffrances, qui font fes amis & ont acquis un grand credit auprés de lui; & nous peignons leurs images en memoire de leur courage & du service agréable qu'ils ont

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rendu à Dieu. Non que nous prétendions qu'ils participent à la nature divine, ni que nous leur rendions l'honneur & l'adoration dûë à Dieu, mais pour montrer l'affection que nous leur portons ; & pour fortifier par la peinture la créance des veritez que nous avons apprises par les oreilles. Car étant compofez de chair & de fang nous avons befoin d'aflurer nôtre ame même par la vûë.

Saint Germain conclut ainfi fa lettre: Nous avons expofé tout cela à l'évêque de Nacolie, qui l'a recu, & a déclaré devant Dieu qu'il le tenoit ainfi, & qu'il ne diroit ou feroit rien qui pût fcandalifer les peuples. Vous ne devez donc point fatiguer les évêques de vôtre province, ni vous fcandalifer vous. même pour ce fujet, mais feulement l'envoyer querir, lui lire cette lettre, & l'obliger à y donner fon confentement.

p.295. B.

Conftantin évêque de Nacolie qui étoit porteur Taraf.7. cone. de cette lettre, la tint fecrette, & ne la rendit point à fon metropolitain, c'est pourquoi le patriarche Germain écrivit ainfi à Constantin lui-même : Jean metropolitain de Synnade m'a écrit que vous ne lui aviez point rendu ma lettre. Je fuis fort affligé que vous ayez été fi peu touché de la crainte de Dieu, de la charité & de l'honneur que les membres de J.C. fe doivent les uns aux autres. C'est pourquoi je vous enjoins de rendre par vous-même inceffamment ma lettre précedente à vôtre metropolitain, de vous foûmettre entierement à lui fuivant l'ordre de l'épifcopat, & de perfeverer dans la refolution que vous avez témoignée de fuivre nos fentimens fans

Tom. I. cons.

p. 198.

P.2991

vous appuyer fur vôtre propre fens. Car je crois que vous n'avez pas oublié que vous m'avez prié d'accepter vôtre renonciation à l'épifcopat, fous prétexte que l'on vouloit fe foulever contre vous, pour un crime dont vous ne vous fentiez point coupable. Affurant que vous n'aviez rien dit ni rien fait d'injurieux à nôtre Seigneur ni à fes faints au fujet de leurs images, feulement que vous aviez propolé la doctrine de l'écriture, qu'il ne faut rendre à la créature aucun honneur divin. Je vous lûs ce que j'écrivois à vôtre metropolitain: vous déclarâtes que vous en étiez d'accord, & je vous en donnai copie. Ne fcandalifez donc pas le peuple innocent, mais souvenez- vous du terrible juge. ment de Dieu contre les auteurs du fcandale; & fachez que jusques à ce que vous ayez rendu ma lettre à vôtre metropolitain, je vous défends au nom de la fainte Trinité de faire aucune fonction d'évêque, car j'aime mieux ufer de quelque rigueur, que me rendre moi-même coupable de

vant Dieu.

Le patriarche Germain écrivit encore à Thomas évêque de Claudiopolis, qui s'étoit déclaré contre les images. Il lui dit entre autres choses: Vous avez été long-tems avec nous, nous logions enfemble, vous propofiez quelquefois des queftions de l'écrifans que jamais vous nous ayez dit un mot fur les images des faints, de Jefus-Christ, ou de sa fainte mere. Vous avez gardé un profond filence fur ce fujer. Toutefois j'apprens qu'étant de retour en vôtre ville, vous avez fait ôter les images com

ture

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