AN. 727. Graco cod. orient. dire que les faintes images devoient être ôtées, mais non fous vôtre regne. Leon l'ayant preffé de Fragm epift. in dire fous quel empereur, il répondit fous Conon. Leon reprit: Il eft vrai que mon nom de baptéme est Conon. Et le patriarche reprit : A Dieu ne plaise feigneur, que ce mal s'accompliffe fous vôtre regne. Celui qui l'executera eft un précurseur de l'AnteChrift; & tend à renverser le myftere de l'incarnation. Enfuite voyant l'empereur irrité de ce difcours, il le fit fouvenir de ce qu'il avoit promis à fon couronnement ; & comme il avoit pris Dieu à témoin qu'il ne changeroit rien à la tradition de l'églife. L'empereur n'en fut point touché : mais il continua de parler au patriarche, pour en tirer s'il pouvoit quelque difcours offenfant, afin de le faire dépofer comme feditieux. Il étoit aidé dans ce deffein par Anastase disciple, & fyncelle du patriarche; car il étoit dans les mêmes fentimens que l'empereur, qui lui avoit promis de le mettre à la place de Germain dans le fiege de CP. Le faint patriarche qui n'ignoroit pas la mauvaise difpofition d'Anastase, se contenta de lui repréfenter fa trahifon avec fageffe & douceur. Mais voyant que fon égarement étoit fans retour : il lui dit un jour comme ils entroient chez l'empereur, & qu'Anastase le fuivant avoit marché fur fa robbe: Ne vous preffez point, vous n'entrerez que trop tôt dans l'hippodrome. Anaftafe fut troublé de cette parole, auffibien que ceux qui l'entendirent: mais elle fut verifiée quinze ans aprés, quand l'empereur Constantin fit dépofer honteusement Anaftafe, l'an 744. Car : ceci fe paffoit en 729. L'empereur prit donc en aver- AN. 729. fion le patriarche Germain accufant d'idolâtrie tous les empereurs les prédeceffeurs, tous les évêques, & tous les Chrétiens. Car il étoit trop ignorant pour comprendre la difference du culte relatif & abfolu. Et il ne condamnoit pas feulement la veneration des images, il rejettoit encore l'interceffion des Saints, & avoit leurs reliques en hor reur. p.340. Au commencement de l'année fuivante 730. in- Thcob, an, so. diction treiziéme, le feptiéme de Janvier, il tint un confeil où il fit un decret contre les images; & voulut obliger le patriarche d'y souscrire : mais le faint vieillard le refufa courageufement, & aima mieux renoncer à fa dignité. Il ôta son pallium, & dit entre autres paroles dignes d'un docteur de l'église : Il m'eft impoffible, feigneur, de rien innover contre la foi fans un concile œcumenique. L'empereur irrité envoya au palais patriarcal des officiers armez pour l'en chaffer à coups de poing, & avec outrage, quoiqu'il fût âgé de quatre-vingt ans. Il fe retira dans fa maison paternelle, au lieu nommé Platanie, pour y pratiquer la vie monaftique laiffant dans une extrême défolation la ville de CP. dont il avoit tenu le fiege quatorze ans, cinq mois & trois jours. Il finit faintement fes jours Martyr. R. 12 dans cette retraite, & l'églife honore fa memoire le douzième de May. Les Grecs honorent le même jour l'abbé Etienne que faint Germain fit venir de May 26. jun. Palestine pour reformer les moines de CP. & le vingt-fixiéme de Juin, ils font memoire de Jean May Bell. tom. .14. Menol. Bafil 12.. : AN. 730. évêque des Goths d'au-delà du Pont-Euxin : que ces peuples aprés l'avoir élû envoyerent à S. Germain pour l'ordonner mais craignant qu'il ne fût infecté par le commerce des heretiques, il l'envoya en Iberie pour être facré par les évêques du pays, qui le pouvoient mieux connoître. Saint Germain avoit compofé un ouvrage que nous n'avons plus, où il défendoit faint Gregoire de Nyffe contre ceux qui l'accufoient d'Origenifme; & on lui attribuë quelques écrits, que les meilleurs critiques croyent être d'un autre Germain patriarche de CP. plus nouveau de 500. ans. Phot. Cod. 233. 7. Dupin. tom.7. P.9 4. 8.286. V.. Violences à CP. Si-tôt que faint Germain eut été chaffé, & le vingt-deuxième du même mois de Janvier 730. Anaftafe fut ordonné patriarche de CP. & mis en poffeffion à main armée. Il donna tout pouvoir à la cour fur l'églife; & l'empereur Leon se fentant ainfi autorifé, commença à faire executer par force fon decret contre les images. Le grand palais de CP. avoit un veftibule nommé Chalqué, parce qu'il étoit couvert de lames d'aiChr. lib. 2. p.114. rain, & proche de la place nommée Calcopratea, V. Cang. C. P. &c. & lib.4. n. 9. p. 85. c'est-à-dire le marché au cuivre. Dans ce veftibu'le étoit élevée une image de Jefus - Christ sur la croix, qui étoit en veneration finguliere. On disoit que le grand Constantin l'avoit fait faire en memoire de la croix qui lui apparut au ciel : & on en racontoit plufieurs miracles, entre autres celui-ci. Nart.de Antiphon. Un marchand nommé Theodore ayant perdu tout And bibl. PP. fon bien par un naufrage, emprunta cinquante Combef. p.611. livres d'or d'un Juif nommé Abraham, & lui donna som.2. pour caution Jefus - Chrift représenté en cette ima A N. 730. ge. Aprés quoi il fit un voyage tres - heureux, le Juif fe convertit, & on nomma cette image Antiphonetés, c'est à-dire le répondant. Greg. epift. 1. 10.7. conc. p.19. A. p. 415. L'empereur Leon voulut commencer par cette image, & envoya pour l'abattre un de fes écuyers Vita S. Steph nommé Jouin. Des femmes qui fe trouverent prefentes s'efforcerent par leurs prieres de le détourner de ce facrilege: mais fans s'arrêter à elles, il monta à une échelle, & donna trois coups de hache dans le vifage de la figure. Les femmes tirerent l'échelle, firent tomber Jouin, le tuerent fur la place, & le mirent en pieces. Toutefois l'image fut abatue, Cang. lib.2. p.116. & brûlée, & l'empereur fit mettre à la place une fimple croix, avec une infcription, pour marquer qu'il en avoit ôté l'image. Car les Iconoclaftes honoroient la croix, pourvû qu'elle n'eût pas de crucifix: ils n'en vouloient qu'aux images qui avoient figure humaine. Les femmes qui avoient maffacré Vita S. Steph. Jouin coururent au palais patriarcal, & jettant des pierres, elles crioient contre Anastase: Infame ennemi de la verité, as-tu donc ufurpé le facerdoce pour renverser les chofes facrées ? Anastase outré de cette infulte courut à l'empereur, & obtint que ces femmes fuffent punies du dernier fupplice. On fit mourir auffi dix autres perfonnes, huit hommes Martyr. R. 96 & deux femmes pour cette même image, & l'église Greque les honore comme martyrs le neuviéme d'Aouft. Plufieurs Chrétiens d'Occident furent témoins de cette violence: il y en avoit de Rome de France, du païs des Vandales, de Mauritanie, P. 415. Aug. Menol. Theoph. an. tom. de Gotthie, & ils porterent chez eux ces triftes 2.339. B. Conftant. Monaf P. Chrift. lib. 2. 2.3. p.IsI. nouvelles. Comme l'empereur Leon étoit ignorant, il perfecuta principalement les gens d'étude, & abolit p.87. v. Cang. C. les écoles des faintes lettres, qui avoient subsisté depuis le grand Conftantin. Il y avoit à CP. prés du palais une bibliotheque fondée par les empereurs, contenant plus de trente mille volumes. Le bibliothecaire nommé Lœcumenique étoit un homme d'un merite distingué; & il en avoit douze autres fous lui, qui enfeignoient gratuitement là religion & les fiences profanes. Leur merite étoit fi reconnu, qu'il n'étoit pas permis même aux empereurs de rien faire d'extraordinaire fans les confulter. L'empereur Leon fit son possible par menaces & par promeffes pour les amener à son opinion touchant les images: mais enfin defefperant d'y réüffir, il fit entourer la bibliotheque de fascines, & de bois fec; & la brûla avec les livres, & ceux qui les gardoient. Enfin il voulut obliger tant par violence, que par careffes tous les habitans de CP. à ôter toutes les images de Jefus-Christ, de la Vierge & des Saints, quelque part qu'elles fuffent : les brûler au milieu de la ville, & blanchir toutes les églifes peintes. Et comme plufieurs refusoient d'obéir, on coupa la tête à quelques-uns, d'autres furent mutilez de quelque partie du corps. Plufieurs 11. tant clercs que moines & fimples laïques fouffrirent le martyre en cette occafion. Anaft. in Greg P.343. La nouvelle de cette perfecution étant portée en Italie, on abatit les images de l'empereur, & on les |