pare la paix à l'é

296.

'EMPEREUR Conftantin Pogonat fit avec le Calife Moavia une paix L'empereur preavantageufe pour trente ans l'an 677. glife. neuviéme de fon regne ; & Moavia Theopha. an. 9.p mourut trois ans aprés, l'an 6o. de Elmac.lib. 1.6.74 l'Hegire, 680. de Jesus-Christ. Il étoit âgé de quatre-vingts ans, & en avoit regné vingt. L'année precedente il avoit fait reparer à la priere des Chrétiens le dome de l'églife d'Edeffe tombé par chr.or. Elma un tremblement de terre. De fon tems mourut

Abulfer«

lib. 3. c. Fo

À N. 678. Agathon patriarche des Jacobites à Alexandrie l'an 678. 58. de l'’Hegire, & eut pour successeur Jean qui tint le fiege huit ans. Il rebâtit l'église de faint Marc, & prit grand foin des pauvres pendant une difette de trois ans. Moavia eut pour fucceffeur fon fils Iëfid, à qui il avoit fait prêter le ferment par les Mufulmans dix ans auparavant. Le traité que l'empereur Conftantin avoit fait avec eux, lui attira des ambassades des Avares & des autres peuples d'Occident, qui lui demanderent aussi la paix. Îl la leur accorda, & fut ainfi en repos de tous côtez pendant le reste de fon regne.

Sacra Conft. 19. 6. Conc.p.594. E

Il fongea auffi-tôt à rétablir la paix dans l'églife Theoph. p. 299 divisée depuis le regne d'Heraclius fon bisayeul. Conftantin patriarche de C. P. mourut l'an 678. aprés avoir tenu le siege unan & huit mois : & eut pour fucceffeur Theodore prêtre, fyncelle & treforier de l'églife de C. P. Il voulut écrire au pape incontinent aprés fon ordination, mais il craignit que s'il envoyoit une lettre fynodique fuivant la coûtume elle ne fut pas reçuë, non plus que celles de fes predeceffeurs. C'eft pourquoi il envoya feulement une lettre d'exhortation à la paix ; & elle fut renduë au pape Donus. Enfuite l'empereur demanda au même Theodore & à Macaire patriarche d'Antioche, refidant à C. P. qu'elle étoit la cause de leur divifion. Ils répondirent, que l'on avoit introduit de nouvelles manieres de parler des mysteres, foit par ignorance, foit par une curiofité exceffive : & que depuis le commencement de ces questions il n'y avoit point cu d'affemblée de la

part des deux fieges pour éclaircir la verité. C'est A N. 678. ce qui fit refoudre l'empereur à convoquer un

concile.

Il écrivit pout cet effet au pape Donus une let-, p. 595. D. tre où il dit, que le tems ne permet pas de faire une assemblée parfaite, c'est à dire un concile univerfel: apparemment à caufe des évêques de la haute Syrie, de Palestine, d'Egypte & d'Afrique qui fe trouvoient fous la domination des Mufulmans. Enfuite il prie le pape d'envoyer des hommes fages & bien inftruits, qui apportent les livres neceffaires pour agiter & décider toutes les questions avec les deux patriarches Theodore de C. P. & Macaire d'Antioche; leur promettant une entiere fûreté, même pour le retour, en cas qu'ils ne puffent convenir. Aprés cela, ajoûte-t-il, nous ferons juftifiez au jugement de Dieu : car nous pouvons exhorter tous les Chrétiens à l'union, mais nous ne voulons contraindre personne. Envoyez-nous de vôtre fainte église trois hommes, ou plus fi vous voulez : & de vôtre concile jufques à douze évêques, compris les metropolitains. On voit ici la difference des deputez du pape & de ceux des évêques d'Ita le, ou de tout l'Occident: car c'est ce que les Orientaux appelloient fon concile.

L'empereur continue: Nôtre patriarche & celui d'Antioche nous ont fort preffé d'ôter Vitalien des, Diptyques difant que l'on y fait mention d'Honorius pour l'honneur du fiege apoftolique de Ro me; & qu'ils ne peuvent fouffrir que l'on faffe mention de fes fucceffeurs, jufques à ce que l'on

p. 598. D..

AN. 678. fe foit éclairci touchant les mots dont on difpute entre les deux sieges. C'est que les deux patriarches de C. P. & d'Antioche étoient Monothelites: ainsi de tous les papes ils ne tenoient pour orthodoxe qu'Honorius. Mais, ajoûte l'empereur, je n'ai pas confenti que Vitalien fût ôté des Dyptiques. Premierement pour garder l'égalité, & montrer que je tiens les uns & les autres pour orthodoxes: enfuite par reconnoiffance de l'amitié que Vitalien nous a temoigné de fon vivant dans le mouvement de nos tyrans: C'eft la revolte de Mezece. Et enfuite: nous avons ordonné au patrice Theodore exarque d'Italie, de donner à ceux qui viendront de vôtre part toute forte de secours, foit pour le transport, foit pour la dépense du voyage : & de vous donner même des vaiffeaux de guerre, pour vous escorter s'il eft befoin. La lettre eft dattée du douzième d'Août indiction fixième, c'est-à-dire, l'an 678.

Sup. liv.

XXXIX. B. 42.

II.

Mort de Dorus. Agathon pape.

Anafi.

Mais avant qu'elle arrivât à Rome le pape Donus mourut, & fut enterré à faint Pierre l'onziéme d'Avril 679. aprés avoir tenu le faint fiege un an cinq mois & dix jours. En une ordination il fit dix prêtres & cinq diacres, & d'ailleurs fix évêques. Aprés fa mort le S. siege vaqua deux mois & quinze jours: & on ordonna Agathon moine Sicilien de naiffance, qui tint le faint fiege deux ans & demi. Il étoit d'une douceur & d'une gayeté merveilleuse envers tout le monde. La lettre que l'empereur Conftantin avoit adreffée à fon predecesseur lui fut renduë par le fecretaire Epiphane, & il se mit auffitôt en devoir d'y fatisfaire.

I II.

Vita per Eddi.c.

XXXIX. n 46. Bea

IV. hift c. 19.

Cependant faint Vilfrid archevêque d'Yorck ar- A N. 679. riva à Rome se plaignant d'avoir été injustement Eglife d'Angledépofé. Il gouverna fon fiege paifiblement pen- terre. dant quatre ans, depuis son rétablissement : c'est- ¿3. à dire, tant que la reine Eteldrite demeura avec le sup. liv. roi Ecfrid. Cette princesse garda toûjours fa virgi- vis. Edilth.co. nité, quoique mariée deux fois : premierement avec 2. 44. B. le prince Tombert pendant peu de tems, enfuite avec le roi Ecfrid pendant douze ans. Comme il n'y avoit perfonne en qui elle eût plus de confiance que faint Vilfrid, le roi lui offrit des terres & de grandes fommes d'argent s'il perfuadoit à la reine d'habiter avec lui. Enfin ne pouvant y réüffir il lui permit ce qu'elle demandoit depuis fi longtems, de fe retirer dans un monaftere. Elle reçut lé voile des mains de faint Vilfrid, & enfuite il l'établit abbesse du monaftere d'Elge ou Ely qu'elle fonda; & outre la grande communauté des filles il y en cut une d'hommes. Sept ans aprés cette fondation elle mourut l'an 679. & feize ans aprés fa mort fon corps fut trouvé entier : ce que l'on attribua au merite de fa pureté.

Aprés la retraite le roi Ecfrid époufa Ermenburge, qui ayant pris faint Vilfrid en aversion, representa éloquemment au roi fa puiffance_seculiere, fes richeffes, le nombre de les monasteres la grandeur des bâtimens, la multitude de ses vasfaux qui le fuivoient vêtus & armez magnifiquement. Le roi entra dans les fentimens de fa femme & perfuada à faint Theodore de Cantorberi de dé- Be. Iv. hift. c. 124 pofer faint Vilfrid, & d'ordonner en fa place trois