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AN 764.

1.495.

XLII. Continuation de la perfecutio Theoph. n. 25. P. 367. 368

affiftans dirent: Affurement, puis qu'elle porte l'i-
mage & le nom des empereurs invincibles. Le faint
répondit avee un grand foupir : Quel sera donc le
fupplice de celui qui foule aux pieds le nom de Je-
fus-Chrift & de få mere, dans leurs images? Ne
fera-t-il pas
livré au feu éternel? Alors il jetta la
piece de monnoye & marcha deffus. Ceux qui ac-
compagnoient l'empereur fe jetterent fur lui, com-
me des bêtes feroces, voulant le precipiter de la
terrasse en bas mais l'empereur les en empêcha,
& l'envoïa lié par le cou & les mains derriere le dos,
à la maifon publique nommée le pretoire ; voulant
le faire juger felon les loix, pour avoir foulê aux
pieds l'image de l'empereur.

Cependant plufieurs officiers & plufieurs foldats étant accufez d'adorer les images, l'empereur les fit punir rigoureusement en diverses manieres, & il fit prêter un ferment general à tous les fujets, de ne point adorer les images. Il obligea le patriarche Conftantin à monter fur l'ambon, & à faire le même ferment fur la vraïe croix; aprés quoi il assista à la table de l'empereur, couronné de fleurs, entendant la mufique, & mangeant de la chair: au mépris de la profeffion monaftique qu'il avoit

embraffée.

me,

Le vingt-uniéme d'Aouft de l'indiction quatriél'an 766. l'empereur voulant rendre abfolument méprisable l'habit monaftique, fit passer dans l'hippodrome ce qui fe trouva de moines, tenant chacun une femme par la main,au milieu du peuple, qui crachoit fur eux, & les traitoit indignement.

V. Cang.

Le vingt-cinquième du même mois, il fit auffi me- AN. 766. ner honteufement dans l'hippodrome dix-neuf officiers des plus confiderables, accufez d'avoir confpiré contre lui : mais en effet, parce qu'il étoit jaloux des louanges, que tout le monde leur donnoit, pour leur force & leur bonne mine. Il en fit mourir quelques-uns , pour leur pieté, & parce qu'ils avoient été voir faint Etienne,& avoient loüéhautement fes fouffrances. On en remarque huit entre les autres. Constantin patrice, qui avoit été logothete du drome, ou contrôlleur general des poftes: fon frere Strategius patrice & domestique des excubiteurs ; c'est-à-dire, capitaine des gardes. Antiocus qui avoit été auffi logothete du drome, & gouverneur de Sicile. David spataire, c'est-à-dire, écuyer & comte de l'Obfequium, troupes ains nommées. Theophylacte protofpataire, ou premier écuyer & gouverneur de Thrace.Chriftofle écuyer, Theoph. p. 369 Conftantin protoftrator,ou premier écuyer de l'empereur, fils du patrice Bardane. Theophylacte candidat, ou garde du corps. L'empereur les fit passer dans l'hippodrome, où le peuple cracha fur eux & les chargea de maledictions. Puis il condamna les deux freres Conftantin & Strategius, à perdre la tête fit crever les yeux aux autres, & les envoïa en exil, où il leur faifoit donner tous les ans cent coups de nerfs de bœuf.

Enfin il fit fentir fa mauvaise humeur au patriarche Conftantin. Le trentiéme du même mois d'Août 766. il lui fufcita des clercs & des laïques d'entre les confidens du patriarche même, qui l'accuferent

AN, 766. d'avoir mal parlé de l'empereur, & comme il le nioit, ils en firent ferment fur la vraye croix. Il envoya auffi-tôt mettre le fcellé au palais patriarcal, & bannit le patriarche, premierement dans l'ifle Hierie puis en celle du prince. Trois mois & demi Theoph. 47.26. aprés, Içavoir le feizième de Novembre de la même année 766. indiction cinquième, l'empereur fit ordonner patriarche Nicetas eunuque, Sclave d'origine.

P. 370.

tilli.

XLIII.

V. Coint. an. 767. n. I. 2. c.

Cependant il continuoit de perfecuter les catholiques, évêques, moines, laïques, magistrats & particuliers. Il défendoit par tout de vive voix & par écrit les prieres adreffées à la Vierge & aux Saints. Il faifoit déterrer & confumer les reliques les plus respectées, traitoit d'impies ceux qui les honoroient & les menaçoit de mort, de confifcation de biens, d'exil, de tourmens. Il fit jetter dans la mer la châfse de fainte Euphemie, qui étoit à Calcedoine : no pouvant fouffrir l'huile precieuse, qui en degoutoit en prefence de tout le peuple. Mais la relique fut confervée miraculeufement, & retrouvée en l'isle de Lemnos. Cependant l'empereur fit de cette église un attelier pour forger des armes ; & les ouvriers faifoient leur ordures dans le fanctuaire.

Concile de Gen- L'empereur Conftantin avoit envoyé des ambassadeurs en France, qui furent entendus dans un concile tenu à Gentilli prés Paris. Car le roi Pepin y celebra la fête de Pâque, de l'an 767. qui fut le dix-neuvième d'Avril. À ce concile affiftoient auf, Te. 6. conc. P. fi des legats du pape Paul; & entre-eux & les Grecs, fut agitée une queftion fur la Trinité : fçavoir fi le

1703.

S. Efprit procede du Fils, comme du Pere. Car les Grecs reprochoient deflors aux Latins, d'avoir ajoûté au fymbole de C. P. le mot Filioque. Il y fut auffi parlé des images des Saints: fçavoir s'il falloit en mettre dans les églifes. Il eft à croire que les ambaffadeurs grecs vouloient juftifier auprés de Pepin l'empereur leur maître, accufé par les Romains de troubler la religion en Orient, en faisant la guerre aux images; & qu'en recriminant, ils accufoient les Romains d'errer fur la Trinité. On ne fçait point ce qui fut decidé en ce concile.

AN. 767.

XLIV. Moit du pape

Conftantin.

L'efté fuivant le pape Paul étant demeuré pen-Mo dant les grandes chaleurs à l'églife de faint Paul, Intrufion de tomba malade, & mourut le vingt-uniéme de Juintin Paul. 767. aprés avoir tenu le faint fiege dix ans & un v. Papebr. mois. Én une ordination au mois de Decembre, il fit douze prêtres & deux diacres, & d'ailleurs trois évêques. Il fut d'abord inhumé à faint Paul, ou il étoit mort: mais trois mois aprés on le transfera par le Tibre à faint Pierre, & on l'enterra folemnellement dans la chapelle de la Vierge qu'il avoit bâtie. Il eft honoré comme Saint le vingt-huitiéme Jain. de Juin. Le faint fiege vacqua treize mois ; & ce ne fut pas fans trouble.

Martyr. R. 28

III.

Car comme le pape Paul étoit à l'extremité, un af, in Step. duc nommé Toton, qui demeuroit depuis longtems à Nepi, avec fes freres Constantin, Paffif & Pascal: vint à Rome avec une grande troupe de foldats & de païfans, qu'il avoit ramassez, tant de Nepi, que des autres villes de Tofcane. Ils entrerent par la porte faint Pancrace, & s'affemblerent

dans la maison de Toton, où ils élurent pape AN 767. Conftantin fon frere encore laïque. Enfuite revêtus

de cuiraffes & les armes à la main, ils le menerent au palais patriarcal de Latran, & le firent monter à l'appartement du vidame. Auffi-tôt ils firent venir George évêque de Preneste, pour lui donner la tonfure clericale. L'évêque n'en vouloit rien faire; & fe profternant à terre aux pieds de Constantin, il le conjuroit par tous les divins myfteres, de quitter cette entreprise; & de ne pas introduire dans l'église une nonveauté si inoüie. Mais plusieurs de ces seditieux s'éleverent contre lui; & lui firent de fi terrible menaces, que faifi de crainte il ceda & fit les prieres de la clericature fur Constantin, qui demeu

poffeffion du palais de Latran. Le lendemain lundy vingt-deuxième de Juin, le même évêque l'ordonna foudiacre, contre les canons, dans l'oratoire de faint Laurent du même palais. Le dimanche fuivant, Conftantin accompagné d'une multitude de gens armez, alla à faint Pierre, où le même évêque George le confacra évêque de Rome : affifté d'Euftrafe évêque d'Albane, & de Citonat évêque de Porto: & il demeura pendant treize mois en poffeffion du faint fiege. C'eft le premier exemple à Rome d'une pareille intrufion. George évêque de Preneste, confecrateur de Conftantin, fut faifi peu de jours aprés d'une maladie qui lui ôta le mouvement: en forte que jamais depuis il ne celebra la meffe. Car fa main droite étoit tellement retirée, qu'il ne la pouvoit porter à la bouche. Il mourut ainfi tremblant & languiffant.

Saint

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