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AN. 768. Coups de lance. Paffif courut porter cette nouvelle à fon frere Conftantin: ils fe cacherent enfemble en divers lieux du palais de Latran, & s'enfermerent enfin dans l'oratoire de faint Cefaire. Theodore évêque & vidame de Conftantin, étoit avec eux. Mais quelques heures aprés les chefs de la milice Romaine les tirerent de cet oratoire, & les mirent en lieu de feureté.

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LIII.

Le lendemain dimanche, dernier de Juillet, le prêtre Valdipert, à l'infû de Sergius, affembla quelques Romains, & ils allerent au monaftere de S. Vitus: d'où ils tirerent le prêtre Philippe, & le menerent à la basilique de Latran, criant avec joye: Philippe pape, faint Pierre l'a choifi. Là un évêque ayant fait la priere fur lui felon la coûtume, il donna la paix à tout le monde, & fut introduit dans le palais de Latran : où il s'affit dans la chaire pontificale, monta en haut & tint fa table fuivant l'ufage des papes, avec quelques-uns des principaux de l'églife & de la milice.

Christofle arriva le même jour; mais ayant appris Etienne III. pa- cette élection, il en fut fort irrité, & jura devant tout le peuple, qu'il ne fortiroit point de Rome, que Philippe ne fût chaffé du palais de Latran. Gratiofus executa cet ordre auffi-tôt, & Philippe s'en retourna modeftement à fon monaftere. Le lende main lundi, premier Août, Chriftofle affembla les évêques, & les premiers du clergé & de la milice, les foldats, les citoyens & tout le peuple de Rome; & ils convinrent d'élire Etienne Sicilien, fils d'Olivus. Il étoit inftruit des faintes lettres, & de

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tradition

traditions ecclefiaftiques, & trés-fidele à les observer. A fon arrivée de Sicile à Rome, le pape Gregoire III. le mit dans le monaftere de faint Chryfogone, qu'il venoit de fonder. Le pape Zacarie l'en tira: pour le mettre à la chambre du palais de Latran : puis il l'ordonna prêtre, du titre de fainte Cecile, le gardant toute fois prés de lui, à cause de la pureté de fa vie. Les deux papes fuivans Etienne II. & Paul, l'y retinrent auffi: & il affista Paul dans la maladie dont il mourut, fans s'éloigner de fon lit, jufqu'à ce qu'il eût rendu l'esprit. Ensuite il fe retira à fon titre de fainte Cecile, où on l'alla prendre, pour l'élire pape; & on l'amena avec de grandes acclamations au palais de Latran, où il fut ordonné fuivant toutes les regles.

Si-tôt qu'il fut élu, quelques méchans prirent Theodore évêque & vidame de Constantin, lui arracherent les yeux,lui couperent la langue, & l'enfermerent dans le monaftere du mont Scaurus. où il mourut de faim & de foif, demandant de l'eau avec des cris pitoïables. Ils arracherent auffi les yeux à Paffif, le mirent au monaftere de faint Silveftre, & pillerent le bien de l'un & de l'autre. Ils prirent Conftantin lui-même, le mirent à cheval fur une felle à femme, avec de grands poids aux pieds, & le menerent ainfi publiquement au monaftere de Celles-neuves. Le famedi matin, fixiéme d'Août, quelques évêques, avec des prêtres & des clercs s'affemblerent à Latran dans la bafilique du Sauyeur: on y amena Conftantin, & aprés la lecture des canons, on le dépofa en cette forte. Maurien

AN. 768.

AN. 768.

LIV.

Mort de Pepin.

Charles & Car-
loman rois

Epi. 95. inter
Bonifa

foudiacre lui ôta du cou l'orarium, ou étole; & la lui jetta aux pieds, puis il coupa fes fandales. Le lendemain dimanche, feptiéme d'Août,& Etienne III. fut confacré évêque dans l'églife de faint Pierre; on lut à haute voix fur lambon, une confeffion blique du peuple Romain, pour n'avoir pas empêché l'intrufion de Conftantin.

pu

Mais les violences ne cefferent pas pour cela Gracilis tribun d'Alatre en Campanie, & partifan de Constantin, fut amené à Rome, mis en prison, on lui arracha les yeux & la langue. Conftantin luimême fut tiré du monaftere de Celles-neuves: on lui arracha les yeux, & on le laiffa en cet état étendu dans la rue. Le prêtre Valdipert accufé d'avoir voulu faire tuer Christofle le primicier, & livrer Rome aux Lombards: fut tiré de N. D. des Martyrs, c'est-à-dire, de la Rotonde, où il s'étoit refugić, & mis dans une affreuse prifon : puis on lui arracha les yeux, & on luy coupa la langue fi cruellement, qu'il en mourut. C'est ainsi que l'on vivoit à Rome,qui étoit fans maître. Le pape Etienne III. incontinent aprés fon ordination envoya en France Sergius fils de Chriftofle, & alors nomenclateur de l'églife Romaine, vers le roi Pepin & les princes fes enfans: avec des lettres par lefquelles il les prioit d'envoyer à Rome des évêques fçavans dans l'écriture & les canons, pour y tenir un concile fur l'inpape Constantin.

trufion du faux

Mais Sergius étant en France, apprit la mort du roi Pepin. Ce prince avoit fouvent donné des marques de fa pieté: mais nous en avons une assez

finguliere, dans une lettre écrite à faint Lulle ar- A N. 768. chevêque de Mayence: pour ordonner des prieres publiques en action de graces de l'abondance des fruits de la terre. Nous jugeons à propos, dit-il, que chaque évêque dans fon diocese fafle des litanies; c'est-à-dire, des proceffions, fans jeûne, mais seulement pour loüer Dieu, & que chacun distribuë des aumônes, & nourriffe des pauvres. Ordonnez de notre part que chacun donne fa dîme, foit qu'il le veüille ou non. C'eft que les dîmes n'étoient du com- o Cone Matif. mencement que des aumônes volontaires. Un au- «s. tre monument confiderable de la pieté du roi Pepin, fut l'abbaye de Prom, qu'il fonda à la priere de la reine Berthe, dans le diocese de Treves, & qui devint tres celebre. Le premier abbé fut Assuerus, & on en raporte la fondation à l'an 760.

Sup. l. xxxiv. n.

c.

Avant que de mourir, le roi Pepin assembla à faint Denis tous les feigneurs & les évêques de fon royaume, & de leur confentement, il le partagea Contin. 4. Freà les deux fils Charles & Carloman : qui furent cou- deg. c. ult. ronnez tous deux, & facrez par les évêques, en même jour, le dimanche dix-huitiéme de Septembre768. Charles à Noyon, & Carloman à Soiffons:du vivant du roi leur pere. Charles étoit âgé de vingtun an & Carloman de dix-fept: c'eft ce Charles que la grandeur de fes actions fit depuis nommer Ann. Fuld. &c Charlemagne. Le roi Pepin mourut fix jours aprés 768. fçavoir le vingt-quatriéme de Septembre, âgé de cinquante-quatre ans : dont il avoit regné feize & quatre mois. Il fut enterré à faint Denis, où il avoit donné de grands biens.

Ibid. c. 1.6.

v. Coint, an.

n.9.

LV.

Sandoval. not. p. 110.

La même année 768. mourut Froïla roi des chréAN. 768. tiens d'Espagne, aprés avoir regné onze ans & trois Eglise d'Espa- mois, aïant fuccedé à Alfonse le catholique, mort Sebaft. Salmant l'Ere 795. c'est-à-dire,l'an 757. Il remporta plufieurs yictoires contre les Arabes; & transfera à Oviedo l'évêché qui étoit à Lugo,ou plûtôt Lucus ancienne ville d'Afturie, á prefent ruinée. Oviedo commença par un monastere fondé fous ce même regne par des moines, pour y mettre des reliques de faint Vincent. Car les chrétiens chaffez de Valence par les Arabes, emporterent fes reliques par mer: jufqu'au cap, qui en a pris le nom de faint Vincent, dans la province d'Algarve, & qui fe nommoit auparavant le promontoire facré.Delà on répandit des reliques de ce faint en divers lieux d'Espagne. On raporte au regne de Froïla la fondation de divers monasteres, dont l'état ou l'Espagne étoit reduite, n'a pas permis de conferver des memoires affez autentiques. Froila ayant tué de fa main fon frere Vinaran, fut tué lui-même ; & eut pour fucceffeur Aurelius fon cousin germain qui regna fix ans.

Ed. p. 57.

Sebaft.

LVI. Premier capitul. de Charles.

189.

f. I.

p.

On raporte au commencement du regne de Charles en France, un capitulaire qui tend à la confertom. I. Capit. P. vation de la difcipline de l'églife. Il y parle ainsi : A la priere de tous nos fujets, & principalement des évêques & du clergé : nous défendons abfolument aux ferviteurs de Dieu, de porter les armes, de combattre, ou d'aller à l'armée : fi ce n'eft ceux qui font choifis pour le fervice divin; c'eft-à-dire, pour celebrer les meffes, & porter les reliques : favoir un ou deux évêques, avec des prêtres chape

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