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a fait craindre que cette ignorance ne les empê- AN. 787. chât d'entendre les faintes écritures. C'est pourquoi nous vous exhortons à vous appliquer à l'étude, & à choisir des perfonnes capables d'inftruire les autres. La même lettre fut envoyée aux métropolitains, pour l'envoyer à tous les évêques leurs luffragans, & à tous les monafteres. Charles fit auffi corriger les livres de l'ancien & du nouveau tefta- zbid. p. 203. ment, alterez par l'ignorance des copistes : & fit faire par Paul diacre, un recueil en deux volumes d'homelies des peres choifies, pour fervir de leçons aux offices nocturnes; & les adreffa aux lecteurs de toutes les églifes.

XLIII.

Chr. Caffin. l.

Paul diacre d'Aquilée étoit un des plus favans hommes de ce tems-là. Il étoit Lonbard de nation, Paul diacre. & fils de Varnefrid, dont il portoit auffi le nom. 1. c. 15. Ayant été inftruit dés l'enfance dans les arts liberaux, il fut fecretaire du roi Didier & en grande confideration à la cour. Aprés la chute de Didier le sup. n. s. roi Charles le rétint auprés de lui, pour fon merite, & lui porta beaucoup d'affection. Mais quelques années aprés, il fut accusé par des envieux, d'avoir confpiré contre Charles, qui le rélegua dans une ifle des côtes d'Italie. Aprés y avoir demeuré quelques années, il s'en fauva & vint a Benevent, où il fut trés-bien reçû par le duc Arigife & Adelperge fa femme, fille du roi Didier. Ce fut à la priere de cette princeffe qu'il continua l'abregé de l'histoire Romaine d'Eutrope depuis Julien l'apoftat jufques à Juftinien. Après la mort du duc Arigife arrivée cette même année 787. il se retira au mont-Caffin,

A N. 787. Aufrag. to. 2. Duchef.p.23

Hift. Long.lib.

VI.c.16

XLIV.

Fiu de faint

Villehade.

8. to. 4.act. S S.

Ben. 459.

Sup. n. 17.

& Y

embraffa la vie monaftique fous l'abbé Theodemar : à la priere duquel il compofa une explication de la regle de faint Benoît. Le roi Charles ayant appris la retraite en ce monaftere, l'en felicita par une lettre en vers latins, à laquelle Paul répondit de même. Avant fon exil, il compofa l'histoire des évêques de Mets, à la priere de l'évêque Enguerran. Mais le plus fameux de fes ouvrages eft l'hiftoire des Lombards, depuis leur origine jufques à fon tems: c'est-à-dire jusques à la mort du roi Luitprand.

Le roi Charles étant de retour à Vormes, & voyant la Saxe paifible, y voulut établir de nouVita S. Vill.co Veaux évêques. Il fonda en Vestfalie l'église d'Ofnabruc, dont le premier évêque fut Viho, disciple de faint Boniface, ordonné l'an 788. Au-delà fut mis faint Villehade qui portoit déja le nom d'évêque, parce qu'il gouvernoit depuis sept ans une grande étenduë de païs. Il fut facré le treiziéme de Juillet, la même année 787. on lui donna pour diocese plufieurs païs, comprenant la Frife orientale & une partie de la Saxe: & fon siege fut à Brême, capitale de la province de Vigmode, au-delà du Vefer. L'année fuivante 788. vingt uniéme du Adam.hift lib. regne de Charles, il donna des lettres à cette églife, où il dit, qu'en faveur de la converfion des Mabill. to. + Saxons, il les décharge du tribut annuel qu'ils lui devoient à condition de payer : à Jesus-Chrift & à fes prêtres la dixme de tous leurs fruits & leurs beftiaux. Ainfi, ajoûte-t-il, reduifant tout leur païs en province, fuivant l'ancien usage des

I. c. 10.

ast. p. 402.

Romains, & la partageant à des évêques: nous AN. 785. avons offert en action de graces à J. C. & à S. Pierre la partie Septentrionale, qui est abondante en poisson, & propre à nourrir des bestiaux, & nous y avons établi une église & une chaire épifcopale au lieu nommé Bremon. Nous avons foûmis à ce diocese dix cantons, dont nous avons changé les noms & les divifions anciennes, & les avons reduits à deux provinces, nommée Vigmode & Lorgoë. Pour la conftruction de cette églife, nous avons donné foixante & dix manfes avec leurs habitans: outre les dîmes de toute la province. De plus par l'ordre du pape Adrien, & le confeil de Lulle évêque de Mayence, & des autres évêques qui y ont été prefens, nous avons confié l'églife de Brême à Villehade homme de fainte vie, & l'avons fait confacrer évêque, pour établir cette nouvelle églife, fuivant l'ordre canonique & monaftique. Or il nous a representé, qu'à caufe des incurfions des barbares & des divers accidens ordinaires en ce pays, ce diocese ne peut fuffire pour l'entretien des ferviteurs de Dieu, qui y travaillent. C'eft pourquoi puifque Dieu à ouvert la porte à la foi chez les Frifons, auffi-bien que chez les Saxons, nous donnons à l'églife de Brême la partie de Frife qui est voisine de la Saxe; & de peur qu'à l'avenir quelqu'un n'ufurpe fur ce diocefe, nous en avons fait marquer les bornes. Enfuite cette partie de la Frife eft bornée en détail. On trouve une ordonnance de l'année suivante 789. par laquelle le roi Charles établit Trutman comte de Saxe: & lui

to. I. Capit.240

AN. 788.

Vita c. 9.

6. 10.

Martyr. R. 8.

Νου.

XLV. Capitulaire

pour la Saxe.

2. I.

recommande la protection des prêtres dans tout le

pays.

Saint Villehade ne furyêcut à fon ordination que deux ans, pendant lefquels il s'exerça de plus en plus à la vertu. Dés fa jeuneffe il avoit obfervé une grande abftinence, ne buvant ni vin, ni rien qui pût enyvrer; ne mangeant ni chair, ni lait, ni poiffon, mais feulement du pain, du miel, des herbes & des fruits. Toutefois à la fin de fa vie le pape Adrien lui ordonna de manger du poisson, à caufe de fes frequentes maladies. Il ne fe paffoit prefque aucun jour qu'il ne celebrât la meffe avec beaucoup de larmes, & qu'il ne chantât le pfeautier; & tel jour il le repetoit deux ou trois fois : il étoit continuellement appliqué à la lecture, ou à la meditation des veritez chrétiennes. Il bâtit à Brême une fort belle église pour sa cathedrale, qu'il dédia le dimanche, premier jour de Novembre 789. & mourut huit jours aprés. Il y fut enterré, & il fe fit plufieurs miracles à fon tombeau. L'église honore fa memoire le jour de fa mort, huitiéme de Novembre.

On raporte avec vrai-semblance à ce même tems un capitulaire du roi Charles touchant la Saxe, contenant trente-quatre articles : dont la plûpart Capit. tom. 1. regardent l'affermiffement de cette églife naiffante. En voici les principaux. Les églises feront du moins autant honorées qu'étoient les temples des idoles. Elles ferviront d'azile à ceux qui s'y refugieront: ils y demeureront en paix, jufqu'à ce qu'ils se prefentent à l'affemblée, pour être jugez: & on ne

6.

C. 2.

I.

c. 3.

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c. 9.

1. 6.

les condamnera ni à mort, ni à mutilation de mem- AN. 789. bres. Défense de brûler une église, d'y entrer par force, où en enlever quelque chofe : fous peine de la vie. Même peine contre quiconque aura tué un évêque, un prêtre, ou un diacre. C'est-à-dire, que ces meurtres ne pourront être rachetez, comme les autres l'étoient, fuivant les loix barbares. Défense fous même peine de facrifier un homme au démon: de brûler un homme ou une femme, comme forciers: en manger, ou en faire manger la chair, fuppofant que ces forciers mangent les hommes. Défense de brûler les corps morts, fuivant l'ufage des païens: de manger de la chair en carême, au mépris de la religion chrétienne. Tous ces crimes font punis de mort. On condamne auffi a mort tout Saxon, qui fe cachant dans la multitude, méprisera de venir au baptême: & quiconque confpire avec les païens contre les chrétiens. Mais ce qui peut faire croire que ces loix fi feveres avoient principalement pour but, d'intimider les barbares, & procurer leur converfion: c'eft qu'il eft dit, que quiconque n'aïant commis ces crimes qu'en fecret, fe foûmettra à la penitence, sera délivré de la mort par le témoignage de l'évêque.

On fera baptifer tous les enfans dans l'an, fous peine de groffe amende. C'eft qu'on les refervoit en core pour Pâques, à moins qu'ils ne fuffent en danger. Les mariages illicites font auffi punis d'amende. Les corps des Saxons chrétiens feront portez aux cimetieres des églises, & non aux tombeaux des payens. Ceux qui auront fait des vœux à des fon

C. 7.

64.

c. 8.

C. 14

c. 19.

с 20.

6. 22.

C. 21.

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