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AN.

790.

femblez au mois d'Octobre de la quatorziéme indiction, l'an 790. ils declarerent Conftantin feul empereur. Mais au mois de Janvier 792. indiction p. 349. quinziéme, il fe laiffa perfuader par sa mere & par plufieurs grands, de la declarer encore imperatrice;

P. 395.

P. 394.

Cedr. tom. 2.p. 472.

L.

lix & d'Elipand.

792.

Eginari, an.

& de mettre à la tête des actes les deux noms de Conftantin & d'Irene, comme au commencement. Ce jeune prince étoit foible & leger, & croyoit aux aftrologues: un desquels nommé Pancrace, lui perfuada de combattre temerairement les Bulgares:qui lebattirent, & lui tuerent plufieurs perfonnes confiderables, & Pancrace lui-même. De fon tems, au mois de Decembre 790. il y eut un incendie à C. P. qui brûla une partie du palais patriarcal, & entre autres l'endroit où étoient les originaux des explications de faint Jean Chryfoftome fur l'écriture.

En Espagne il s'éleva cependant une nouvelle hei refie. Elipand qui avoit fuccedé à Cixila dans le fiege de Tolede, confulta Felix évêque d'Urgel, qui avoit été fon maître, de quelle maniere il reconnoiffoit J. C. pour fils de Dieu : s'il le tenoit pour fils naturel ou pour adoptif. Felix répondit, que J. C. felon la nature humaine n'eft que fils adoptif & nuncupatif: c'est-à-dire de nom feulement. Elipand Jen. Aur. de ayant reçu cette réponse, répandit cette doctrine img.lib. x.init, dans les Afturies & la Galice; & Felix la répandit au deça des Pyrenées, dans la Septimanie, qui eft

Cod. Cirn. 97

à

peu prés nôtre Languedoc. Elipand attira encore à fon parti Afcarie archevêque de Brague; & quelques Chrétiens de Cordoue.

Le pape Adrien averti de cette erreur naissante,

Matth. XVI. 6,
Rom. VIII 32.

écrivit une lettre à tous les évêques d'Espagne, par laquelle il les exhorte à s'en donner de garde, & à demeurer fermes dans la doctrine de l'églife. Saint Pierre, ajoûte-t-il, a reconnu J. C. pour le fils du Dieu vivant : & faint Paul dit, que Dieu n'a pas épargné fon propre fils. Il raporte enfuite les autoritez de plufieurs peres Grecs & Latins, pour montrer, que le nom d'enfans adoptifs convient aux Chrétiens, & non à J. C. même. Il fe plaint dans cette même lettre de quelques autres abus, qui regnoient en Espagne, Quelques-uns reculoient la pâque, au delà des bornes prefcrites par le concile de Nicée : & les chefs de cette fecte étoient deux évêques, Migetius & Egila. Quelques-uns traittoient d'ignorans ceux qui ne vouloient pas manger du fang de porc & des viandes fuffoquées : quoi que la pratique generale fût de s'en abstenir ; & le pape declare ceux qui en mangent chargez d'anathême. D'autres, entendant mal la prédestination, nioient la liberté : ou la relevoient trop au préjudice de la grace. D'autres fe conformoient aux mœurs des juifs, & des payens, c'est-à-dire des Mufulmans, & contractoient des mariages avec eux: des femmes fe remarioient du vivant de leurs maris. Les prêtres étoient ordonnez fans examen ; & plufieurs autres abus regnoient en Espagne, fans doute à la faveur de la domination des Arabes. Egila dont il eft parlé dans cette lettre, étoit évêque d'Elvire ou Illiberis dans la Betique: & avoit été ordonné par Villicaire archevêque de Sens, qui en avoir obtenu commiffion du pape, fur le raport

Ead. ep 97.

AN. 792. avantageux qu'il lui avoit fait de fa foi & de fes

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mœurs.

En confequence de cette lettre du pape, Elipand archevêque de Tolede affembla un concile, où il condamna l'erreur de Migece touchant la Pâque : mais il continua d'enseigner la fienne touchant l'adoption de J. C. Celui qui lui resista le plus fut Beat, prêtre & moine dans les montagnes des Asturies nommées Lievanes. Il fut aidé dans ce travail par Etherius son disciple: depuis évêque d'Osma; & ils ramenerent à l'églife plufieurs de ceux qu'Elipand avoit feduits. Celui-ci en fut extrêmement irrité, & écrivit contre eux à un abbé nommé Fidele, une lettre, où il difoit entre autres chofes : Qui ne confeffe pas que Jesus- Christ est adoptifselon l'humanité, & non felon la divinité, eft heretique. Au lieu de me confulter, ils veulent m'enfeigner: montrant qu'ils font ferviteurs de l'Antechrist. Je vous envoye la lettre de l'évêque Ascarie, qui m'interroge modeftement: afin que vous voyiez la difference & l'humilité des ferviteurs de J. C. On n'a jamais oui dire que des Livaniens ayent inftruit ceux de Tolede. Tout le monde fait que ce fiege a toûjours été illuftre par sa foi, & qu'il n'en est rien sorti de schifmatique. Mes freres & moi nous avons reprimé à Seville l'herefie de Migetiens, touchant le pâque, & leurs autres erreurs : & ceux-ci prétendent nous reprendre. Si vous agissez mollement & ne les corrigez, je le ferai connoître à nos freres, c'est-à-dire aux autres évêques, & vous en aurez la confufion. Inftruisez nôtre frere Ethe

rius, qui eft encore jeune, & n'a conferé qu'avec des ignorans & des fchifmatiques. Il compare enfuite Beat à Bonofe le Fautinien, & à Faufte le Manichéen; & ajoûte : Je vous prie, excitez vôtre zele, pour ôter cette erreur d'entre vous: afin que comme le Seigneur a déraciné par fes ferviteurs l'herefie Migetienne dans la province Betique : ainfi il se serve de vous pour arracher de la province d'Afturie l'herefie Beatienne. Ainfi parloit Elipand. Sa lettre fut écrite au mois d'Octobre, Ere 823. qui eft l'an 785. & Beat étant venu avec Etherius trouver l'abbé Fidele, à cause de la reine Abofinde, ils virent cette lettre le vingt-fixiéme de Novembre suivant; & apprirent qu'elle étoit répanduë par toute l'Af

turie.

Sup. l. 18. 17.

Ether 1.1.adv.

El. init. tom.

1 bibl. PP. Lugd p. 355.

doval.

Abofinde étoit fille du roi Alfonfe le catholique, Sebaft. Salman & veuve de Silo, qui fucceda à Aurelius, l'Ere 812. P. 49. & Sunc'est-à-dire l'an774. & regna neuf ans. Il apporta de Merida le corps de fainte Eulalie vierge & marryre, & le mit dans le monaftere de faint Jean de Pravia qu'il fonda, & où il fut enterré, & son épouse auffi. Cette princeffe avec tous les officiers du palais donna pour fucceffeur à Silo, Alfonse fils du roi Froïla fon frere, l'Ere 821. l'an 783. Mais Mauregat fon oncle, fils d'Alfonfe premier, & d'une efclave, le chaffa & s'empara du royaume, qu'il tint fix ans. Aprés fa mort, Ere 827. l'an 789. Veremon neveu d'Alfonfe premier, regna pendant trois ans : au bout defquels fe fouvenant qu'il avoit été ordonné diacre, il remit la couronne à Alfonfe, que Mauregat avoit chaffé, & vêcut avec lui

Sup. xt n48.
Vitas. Beat in 8.

plufieurs années en grande amitié. Alfonfe fecond, furnommé le chafte, fut donc rétabli, l'Ere 830. l'an 792. & regna cinquante ans. Pendant l'ufurpation de Mauregat, la reine Abosinde se retira & prit l'habit de religieufe fuivant l'ordonnance du troifiéme concile de Sarragoce; vêcut sous la conduite de l'abbé Bear.

Celui-ci ayant donc vû la lettre d'Elipand à l'abbé Fidele, y fit une réponse eu fon nom & de son difciple Etherius, déja évêque d'Olma. Elle est divifée en deux livres, & écrite avec peu d'ordre & de methode : mais elle fait voir une grande étude Lib. 1. p. 353. de l'écriture & des peres. On y raporte le symbole ou confeffion de foi d'Elipand, où parlant de la Trinité, ildit, que les trois perfonnes, font: Dieu, le principe & le faint Efprit; & compare leur union à celle du mari & de la femme, & de plufieurs ames unies par la charité. En quoi il femble n'admetre qu'une union morale. Enfuite parlant de l'incarnation, il exprime nettement fon erreur: en difant que J. C. n'eft que fils adoptif de Dieu, selon fon humanité; & que ce n'eft pas par celui qui est né de la Vierge & fils par adoption, & par grace, que Dieu a créé les chofes vifibles & invifibles : mais par celui qui eft fils par nature. Ce qui eft Nef torien. Beat écrivit encore un commentaire fur l'Apocalypfe, que nous n'avons plus ; & se retira V. Boll. to. 5. p au monaftere de Valcavado, où il mourut en paix, le dix-neuvième de Février 798. Il y eft honoré comme faint, fous le nom de faint Bieco.

146.

Comme le roi Charles avoit étendu fes conquê

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