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tuyau de la cheminée, contraint la fu mée à defcendre, & à chercher une if fue dans la chambre où elle ne trouve prefque point de réfiftance. Il est vrai que la fumée tend en haut l'action par des corpufcules, de l'air collatéral qui la preffent; mais le vent prédomine toujours à cette action qui, étant la plus foible, doit céder à la direction du plus fort; car l'air qui eft dans la cheminée, quelque fumée qu'il y ait, eft toujours plus raréfié & moins preffé que celui de dehors, quand le vent fouffle & va fort vîte; & s'il n'entre pas toujours dans la cheminée en paffant par deffus horizontalement, c'est parce qu'il trouve devant lui, une libre issue.

On pourroit, dira-t-on, interrompre la direction du vent dans le tuyau de la cheminée, par le moyen d'une couverture horizontale. Cela eft vrai; mais on ne l'empêchera pas toujours de fumer par un grand vent, puifqu'on voit prefque par

tout des cheminées fumeufes, quoiqu'elles foient couvertes, horizontalement ; d'où vient cela? Si ce n'eft de la grande agitation qu'un vent violent caufe dans l'air extérieur de la cheminée, qui eft plus que fuffifante pour empêcher l'iffue de la fumée, puisqu'elle rompt fa direction & la voie qu'elle s'étoit ouverte à travers un air calme & tranquille. Ce chemin étant interrompu & occupé fucceffivement par des inondations d'air qu'elle ne peut vaincre; elle est donc forcée de refter dans le tuyau de la cheminée, lequel se remplit bientôt de fumée, dont la furabondance fe répand néceffairement dans la chambre, comme étant le feul chemin qui lui foit ouvert.

Mais on pourroit peut-être encore objecter, comment est-ce que la fumée qui eft déja parvenue au haut du tuyan de la cheminée, peut redefcendre en bas? Puifque, felon les régles du mouvement, quand un corps a été chaffé du lieu qu'il

occupoit, & qu'une caufe extérieure l'a pouffé dans un autre, il semble qu'il ne doit point retourner dans le lieu qu'il a quitté, furtout fi cette caufe fubfifte toujours dans fa même force: Or, la fumée ayant été chaffée jufqu'au haut du tuyau de la cheminée, par des causes extérieures dont l'action dure toujours, c'eft-à-dire par la chaleur du feu & l'action de l'air collatéral, qui tous deux ont encore leur même force; il femble qu'elle ne devroit plus redescendre.

Il eft facile de faire fentir la foibleffe de cette objection, en difant qu'à la vérité, tout corps étant de foi-même indifférent pour être dans un tel lieu, ou dans un autre, dèflors qu'il a été chaffé du lieu qu'il occupoit par une cause extérieure ; il ne doit point y retourner, à moins qu'une nouvelle caufe extérieure, plus puissante que la premiere, ne l'y force: C'est donc ce qui arrive à la fumée, lors qu'ayant été pouffée en premier lieu jus

qu'à l'extrêmité du tuyau de la cheminée, par l'action de la chaleur du feu & de l'air collatéral, elle est ensuite repouffée en bas par la force du vent extérieur, ou par la pefanteur de la pluie; foit même par le poids de la lumiere du Soleil, foit par la vibration de fes rayons qui, comme je le prouverai ci-après, font de nouvelles causes bien plus puiffantes que les premieres. Il n'eft donc pas alors furprenant que la fumée redefcende. Nous verrons en expliquant les autres causes de la fumée, que le vent y eft prefque toujours pour quelque chofe.

ARTICLE II.

DU DÉFAUT D'AIR,
Seconde caufe de la Fumée.

I la fumée ne monte que par l'ac

Stla

tion du feu & de l'air collatéral qui la preffe, il s'enfuit néceffairement, que lorfque l'air de la chambre n'eft pas en fuffifante quantité, pour forcer la fumée par fa preffion, de lui céder la place en la chaffant en haut, elle ne peut pas monter, & par conféquent qu'elle doit fe répandre dans la chambre. Tout le monde convient qu'en fait de phyfique, l'expérience prévaut aux raifons les plus fubtiles; c'eft pourquoi je raporterai celle de Borelli, dont la conclufion fert de preuve à ma propofition.

Cet Anteur a fait une expérience qui prouve évidemment que le feu & la fu

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