EPIGRAMME S: I. Le Debiteur reconnoiffant. JE l'affiftay dans l'indigence, Il ne me rendit jamais rien. Mais quoy qu'il me dûft tout fon bien REMARQUES. 1. Les Epigrammes de l'Edition de 1701. finiffent par la XXIV. VERS 1. Le célèbre M. Patru, preflé par un Créancier impitoïable (c'êtoit un Fermier Général) êtoit fur le point de vendre fes Livres, la plus agréable & prefque la feule chofe, qui lui reftoit. M. Defpréaux le tira de cetre fâcheufe extrémité, en lui portant une fomme beaucoup plus confidérable que celle pour laquelle il êtoit réfolu de les donner. Il voulut même que M. Patru gardât fa Bibliothèque, comme auparavant, & qu'elle ne lui vînt qu'en furvi vance. Il débourfa environ qua tre mille livres ; & il n'avoit pas encore les fucceffions qu'il recueillit dans la fuite. Cette Epigramme n'a êté faite qu'après la mort de M. Patru, arrivée en Janvier 1681. BROSS. Voïés Sat. I. 123. Sat. IX. 290. Ep. V. 97. Art Poët. Ch. IV. 71.91. Cette Epigramme eft bonne affurément; mais il me femble qu'elle feroit beaucoup meilleu re, fi l'Auteur avoit fupprimé le cinquiéme Vers. C'eft une réflexion, qu'il falloit laiffer faire au Lecteur. I I. A Monfieur RACINE. RACINE, plain ma destinée, REMARQUES. II. En 1674. M. Des Marêts de Saint-Sorlin entreprit une Criti que générale des Oeuvres de M. Defpréaux, & la fit imprimer en 1675. Nôtre Poëte, qui en fut averti, prévint la Critique par cette Epigramme. M. le Duc de N.... l'Abbé Testu & Des Marêts avoient travaillé de concert à cette Critique. BROSS. Il s'agit là de la Deffense du Poëme Héroïque, laquelle parut en 1674. non en 1675. comme M. Profette & l'Edition de 1740. le difent. VERS 3. Où le Prophete Des-Marais] Son nom eft écrit Des-Marais, afin que la Rime foit plus vifible. Il s'êtoit érigé dans quelques Ouvrages, en Homme infpiré. Dans fes Delices de l'El prit, Part. III. p. 2. il difoit fort férieufement, que Dieu, par fa bonté infinie, lui avoit envoié la clef du trésor de l'Apocalypfe. Dans fon Avis au SaintEfprit, il affuroit que Dien l'avoit defliné à faire une réformation générale du genre humain ; & que pour cet effet il levoit une armée de VERS 5. Qui mit le Port - Royal en poudre, ] DES-MARESTS avoit fair en 166. une Réponse à PApologie pour les Religieufes de PortRoial. Ce qu'il y a de plus fingulier ici, c'eft que M. Des préaux en plaifantant fur cet Ouvrage, adrefle la parole à M. Racine, qui lui-même avoit par une Lettre imprimée en 1666. pris la défenfe de Des-Marêts & des Poëtes de Théatre, que M. Nicole avoit traités dans fa première vifionnaire, d'empoisonneurs publics & de gens horribles parmi les Chrétiens. BROSS. C'en C'en eft fait, mon heure eft venuë. 10 N'ayt affez de quoy le confondre : REMARQUES. M. Broffette à la fuite des Oesres de M. Despréaux avoit fait imprimer cette Lettre de M: Racine. On ne la trouvera pas dans cette Edition, non plus que les Réponses, que MM. Du Bois & Barbier d'Aucourt firent à cette Lettre,ni celle par laquelle M. Racine leur repliqua. Ces troisPièces avoient êté jointes à la première Lettre de M. Racine, dans les Editions des Oeuvrès de nôtre Auteur, dont M. Du Monteil a pris foin. J'ai cru qu'elles n'avoient plus que faire ici, depuis qu'on les a fait entrer toutes avec les Notes de M. Broffette & de M. Du Monteil, dans l'Edition des Oeuvres de M. Racine, donnée à Paris en 1736. VERS 12 Helas! il faut lire Clovis.] POEME de Des-Marais ennuieux à la mort. DESP. Dans quelques Editions on lit: envieux à la mort; & cette faute d'imprefion fait une équivoque afles plaifante. BROSS. Voies Epigr. XX. Ce dernier Vers fait allufion à quelque chofe, dont la connoiflance rend l'Epigramme beaucoup plus piquante. Ce qu'il y avoit alors de jeunes Seigneurs des plus fpirituels à la Cour, s'affembloit prefque tous les jours avec MM. Defpréaux, Racine, Furetière, & quelques autres Tome II. Perfonnes d'élité chés un fameux Traiteur du Cimetière S Jean à la Croix de Lorraine. Ils avoient une Chambre qui leur étoit affectée. Là fut compofée la Parodie de quelques Scènes du Cid, fur une prétendue querelle de Chapelain & de La Serve avec l'enlèvement de la Perruque à Calote du premier. Là fut imaginée la Métamorphofe de cette fameufe Perruque en Comète! Là fut faite en très-peu de jours la Comédie des Plaideurs de Racine. Il ne feroit pas poffible de raconter toutes les plaifanteries. que ce rendés-vous a vu naître. 11 y avoit toujours fur la table de cette Chambre un Exemplaire de La Pucelle de Chapelain. Quand quelqu'un de la Compagnie avoit fait une faute, contre la pureté du Langage, contre la juftefle du raifonnement, ou quelque autre à peu près de même nature on le condam. noit, à la pluralité des voix, à lire un certain nombre de Vers de ce Poeme. Quand la faute êtoic confidérable, le coupable devoit en lire vingt. Il falloit qu'elle fut énorme pour qu'on le condamnât à la page entière. BROSS. Au fujet de Desmaréts, voïés, Sat. 1. 128. Sat. IV. Som, & Vers 22. 62. Sat. V. 148. Sat; VII. 68. 101. Sat. VIII. 167. A 2 III. VERS pour mettre fous le Bufte du Roy, fait par M.GIRARD ON, l'année que les Allemands prirent Belgrade. C'EST ce Roy Tout reconnoift fes loix, ou brigue son appui. REMARQUES. 307. Epit. I. 5. 19. Art Poët. Ch. I. 4. 71. 91. 94. 106. 119. Ch. II. 1. 145. Ch. III. 32. 41. 176. 189. 193. 197. 217. 219. 225.229. 232. 233. 247. 249. 272. 288. 296. 325. 409. Ch. IV. 80. 152. 236. Lutr. II. Avis Rem. 3. Ch. 1. 3. 26. 87. 218. Ch. II. 41. 56. 122. 152. Ch. III. 137. 151. Ch. IV. 6. 77. 117. Epigr. XIX. III. M. de Louvois aïant falt graver le Portrait du Roi, chargea M. Racine & M. Defpréaux de faire des Vers pour être mis fous ce Portrait. M. Racine eut pluftôt fait, & fes Vers furent gravés. Ceux-ci furent deftinés à l'ufage annoncé dans le titre. Ce fut en 1687. que Girardon fit le Bufte du Roi. BROSSETTE. IV. VERS pour mettre au bas du Portrait de Mademoi felle DE LA MOIGNON. AUX fublimes vertus nourie en sa famille Cette admirable & fainte Fille En tous lieux fignala son humble piété : REMARQUES. IV. Vers 4. Jufqu'aux climats où naift,& finit, la clarté, ] Mademoifelle de Lamoignon, faifoit tenir de l'argent à beaucoup de Millionnaires jufques dans les Indes Orientales & Occidentales. DESP. Madeleine de Lamoignon, fœur du Premier Président de ce nom, a vécu dans une pratique continuelle des Vertus Chrétiennes. Elle êtoit douée fur tout d'une grande douceur & d'une ardente charité pour les Pauvres. Elle appelloit ordinairement M.Def préaux, fon Directeur ; mais quelquefois elle vouloit le diriger à fon tour. Elle ne trouvoit pas bon qu'il fit des Satires, parce qu'elles bleffent la Charité. Mais ne me permettries-vous pas, 2 vous Madeleine de Lamoignon, née le 18. de Septembre, mourut le 14 Avril 1687. dans fa 78. année. Elle fut inhumée aux Cordeliers dans la Chapelle de fa Famille. |