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X.

A Monfieur PERRAULT fur les Livres qu'il a faits contre les ANCIENS.

POUR quelque vain discours fottement avancé

Contre Homere; Platon, Ciceron, ou Virgile,
Caligula par tout fut traité d'infenfé,

Neron de furieux, Hadrien d'imbecille.

Vous donc, qui dans la mesme erreur,

Avec plus d'ignorance & non moins de fureur,
Attaquez ces Heros de la Grece & de Rome,
Perrault, fuffiez-vous Empereur,
Comment voulez-vous qu'on vous nomme -

REMARQUES.

X. Vers 3. Caligula par tout &c.] Cet Empereur avoit deffein d'abolir les Ouvrages d'Homere, de Virgile & de Tite-Live, SUETONE, Vie de Caligula, Chap. 34. BROSS.

VERS 4. Neron de furieux,] SUETONE ne dit pas un mot, qui fafle croire que Néron pensât comme Caligula, fur le comte des grands Ecrivains de la Grèce & de Rome.

Ibid. Hadrien d'imbecille.] Il vouloit abolir la mémoire & les Ouvrages d'Homère, pour établir fur les ruines, un certain Antimachus, Poëte, dont alors le nom n'étoit prefque pas connu. Dion, Liv. 69. BROSS.

Quoique l'Hiftorien Dion en ait pu dire, le Poete Antima. chus êtoit très-connu des Romains. Voici ce que Quintilien en dit dans fes Inflit. Orat. Liv. X. Ch. I. In ANTIMACHO vis

gravitas, & minime vulgare elo quendi genus habet laudem. Sed quamvis ei fecundas fere Gramma ticorum confenfus deferat, & affectibus, & jucunditate, & difpofitione, & omnino arte deficitur, ut plane manifefto appareat, quanto fit aliud proximum effe, aliud fe cundum. Ce que M. l'Abbé Gé doyn traduit de cette manière : ANTIMAQUE a de la force & de la folidité. Son élocution, loin d'être commune mérite des loüanges, Mais, quoique du confentement de prefque tous les Grammairiens, il ait le fecond rang après HOMERE, on ne trouve ni fentimens, ni conduite, ni agrément dans fes Ouvrages, & l'art lui a manqué entièrement. Ce qui montre visiblement la prodigieuJe différence, qu'ily a entre être le premier après quelqu'un, & approcher de iui de fort prés. Avant Quintilien, CATULLE avoit parle différemment de ce même Poëte

XI.

Sur le mefme fujet.

D'OU vient que Ciceron, Platon, Virgile, Homere,

Et tous ces grands Auteurs que l'Univers revere, Traduits dans vos écrits nous paroiffent fi fots? Perrault, c'eft qu'en preftant à ces efprits fublimes 5 Vos façons de parler, vos baffeffes, vos rimes; Vous les faites tous des Perraults.

REMARQUES.

Antimachus, dans le fecond de fon Epigramme: DE SMYRNA ees deux Vers, qui terminent CINNE POETE.

Parua mei mihi funt cordi monimenta laboris,
At populus tumido gaudeat Antimacho.

Seroit-il difficile aujourd'hui
de faire plus d'une application
très-jufte de ces deux Vers ?

L'Epigramme X. de nôtre Auteur, laquelle n'a certainement de mérite, que d'être extrêmement injurieufe, fut faite à l'occafion de l'Ouvrage de M. Perrault l'Académicien, intitulé: Paralelle des Anciens & des Mo dernes &c. Voïés la Remarque 40. fur la Lettre de M. Perrault.

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Les Editions faites du vivant de nôtre Auteur & celle de 1713. ne défignent M. Perrault que de cette manière P**. M. Broffette ne met qu'un P. fuivi de quelques points, Mais M. Du Monteil écrit le nom tout du long, & les Editeurs de Paris 1735. & 1740. en ont fait autant. Il en eft à cet égard de toutes les Epigrammes, que nôtre Auteur a faites contre M. Per rault, comme de celle-ci.

XI. Vers 2. Et tous ces grands

Auteurs que l'Univers revere,] Ce
Vers eft d'une furieufe dureté.

Cette Epigramme eft celle de nôtre Auteur, que M. Racine préféroit à toutes les autres, comme on l'a vu dans les Remarques fur l'Epigramme. VII. M. Brof fette n'en a point dit la raifon. Mais elle eft aifée à deviner par le petit nombre d'Epigrammes, qui nous reftent de M, Racine, & par ce qu'on dit de lui dans le Bolaana, N. LXXX.

Voiés au fujet de M. PERRAULT, Sat. IX. 262. Sat. X, Avertifl. Rem. * Vers 26. 134. 429.438. 449. 459. 641. Epit. IX. 64. Epit. X. . 56. Art Poët, Ch. IV. 1. Lutr. Ch. III, 48. Difc. fur l'Ode, & Rem, 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 9. 11. 13. 14. 17. 18. 19. 20. 21. 22. 24. 25. 27. Lett. de Perrault entière, & les Remarques. Epigr. X. XII. XIII. XXXII. XLIII. XLIV. & les huit premières Réflex. Crit, fur Longin.

XII

Au mefme.

TON Oncle, dis-tu, l'Affaffin

M'a gueri d'une maladie.

La preuve qu'il ne fut jamais mon Medecin
C'est que je fuis encore en vie.

REMARQUES.

XII. On trouve un mot fem. blable de Paufanias dans PLUTARQUE, Dits notables des Lacè démoniens. BROSS.

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VERS 1. Ton Oncle Il n'a pas voulu dire: Ton Frère. M. Perrault difoit effectivement que fon Frère le Médecin avoit rendu de fort grands fervices à nôtre

Auteur, en le guériflant de deux maladies. Voïés, Tom. II. la I. Réf. Crit. fur Longin. BROSS.

Voïés fur le même fujer, Lettre de Perrault,N.XII.& Rem. 28,

CHANG. Ibid. Ton Oncle, distu, l'Affaffin, &c.] Les deux premiers Vers avoient d'abord êté faits ainfi :

Tu te vantes, Perrault, que ton Frere Assassin
M'a gueri d'une affreufe & longue maladie.

Le P. Commire a traduit cette Epigr, en Lacin,de cette manière
Mene tuus, Clades quendam Urbis publica, Frater
Eripuit morbo difficili atque gravi?

Mentiris Medico non fum ufus Fratre, Peralti.
Vis teflem? vitâ perfruor incolumis.

M.l'Abbé Fraguier a tourné cette même Epigr. en Vers Iambes,
Ain, Peralte, me gravi eripuit. malo
Tuus ifle Frater nobilis veneficus,
Fuiffe medicum quem narras meum?
Omitte. Nam quod vivo fat refelleris.

Dans l'Edition de 1701. où cette
Traduction fe trouve avec quel-
ques autres Pièces de l'Abbé Fra-
guier, contre M. Perrault, cet
Académicien n'eft nommé nulle

part. On y parle de lui fous le nom de Fabullus. Mais il eft nommé, comme ici, dans l'Edition de 1694.

Voiés, Epigr. VII. Vers 5.

XIII.

Sur ce qu'on avoit leu à l'Academie des vers contre HOMERE & contre VIRGILE.

CLIO vint l'autre jour fe plaindre au Dieu des vers,

Q'en certain lieu de l'Univers

On traitoit d'Auteurs froids, de Poëtes fteriles

Les Homeres & les Virgiles.

5 Cela ne sçauroit estre ; on s'eft moqué de vous, Reprit Apollon en courroux :

ΤΟ

Ou peut-on avoir dit une telle infamie?

Eft-ce chés les Hurons, chés les Topinamboux ?
C'est à Paris. C'est donc dans l'Hospital des Fous,
Non, c'est au Louvre en pleine Academie,

REMARQUES.

XIII. VERS 7. Où peut-on avoir dit une telle infamie? On n'a peutêtre jamais emploïé ce mot infamie, d'une manière plus impropre.

VERS 8. Eft-ce chés les Hurons, chés les Topinamboux] Peuples fauvages de l'Amérique, BROSS.

Cette Epigramme que bien des gens trouvent la meilleure de nôtre Auteur fut faite à l'occafion du Poëme du Siècle de Louis le Grand, que M. Perrault lut à l'Académie Françoise

en 1687. & dans lequel Homère,
Virgile, & la plufpart des meil
leurs Ecrivains de l'Antiquité
font fort maltraités. Ce Poëme
fit du bruit dans le monde fa-
vant. On prit parti pour &
contre. Notre Auteur fe déclara
hautement pour les Anciens, &
s'effaïa par cette Epigramme &
quelques autres. BROSS.

Il eft faux que Virgile foit mal-
traité dans le Poëme de M. Per
rault. Il n'en parle que dans ces
mauvais Vers.
MENANDRE, j'en conviens, eut un rare génie
Et pour plaire au Théâtre une adreffe infinie;
VIRGILE, 'y confens mérite des Autels;
OVIDE eft digne encor des bonneurs immortels :
Mais ces rares Auteurs, qu'aujourd'hui l'on adore,
Etoient-ils adorés quand ils vivoient encore?
Ecoutons Martial: MENANDRE, efprit charmant.
Fut du Theatre Greç applaudi rarement ?

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XIV.

Sur la premiere reprefentation de L'AGESILAS de Monfieur CORNEILLE que j'avois veuë.

J'AY veu l'Agefilas.

Helas!

REMARQUES.

VIRGILE vit les Vers d'ENNIUS le bon-homme,
Lus, cheris, efimés des Connoiffeurs de Rome,
Pendant qu'avec langueur on écoutoit les fiens';
Tant on eft amoureux des Auteurs anciens
Et malgré la douceur de fa veine divine
OVIDE étoit connu de fa feule Corinne:

Voiés la Lettre de Perrault,
Remarque 22.

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XIV. Nôtre Auteur, êrant en 1686. à la première répréfentation d'Agefilas dit le bon mot, qui fait cette Epigramme, qu'il redoubla l'année fuivante au fujet de l'Attila, comme on l'a dit fur le Vers 177. de la Sat. IX. BROSS.

Je vais mettre ici quelque chofe, que M. Broffette & M. Du Monteil avoient cru mieux placé fous l'Epigramme XXIX.

Quoique M. Defpréaux ait cenfure Corneille en différens en droits, il ne laifoit pas de faire un très grand cas de fon mérite. En voici une preuve, qui fait honneur à l'un & à l'autre. Après la mort de M. Colbert, la penfion que le Roi donnoit à M. Corneille fut fupprimée. M. Defpréaux,qui étoit avec la Cour à Fontainebleau courut chés Madame de Montefpan , pour la prier d'engager le Roi de rétablir cette Penfion. Il en parla lui-même au Roi & lui dit qu'il ne pouvoir, fans honte &

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fans une espèce d'injuftice, recevoir une Penfion de Sa Majefté, tandis qu'un Homme comme M. Corneille en êtoit privé. M. Despréaux en parla avec tant de chaleur, & fon procédé parut fi grand & fi généreux, que fur le champ le Roi ordonna que l'on portât deux cens Louis à M. Corneille; & ce fut M. de La Chapelle, Parent de M. Def préaux & différent du fameux Chapelle l'Huilier qui les lui porta de la part du Roi. Outre le témoignage d'une infinité de perfonnes, aujourd'hui, vivantes, ( (en 1717.) qui ont connoiffan ce de ce fait, il a êté rendu public par l'Impreffion, dans les Lettres de Bourfault; & c'eft à quoi M. Racine fit allufion dans le Difcours, qu'il prononça en pleine Académie, à la Réception de M. Corneille le Jeune à la place de fon Frère. Deux jours avant fa mort, dit M. RACINE, & lorf qu'il ne lui refloit plus qu'un raion de connoiffance, le Roi lui envoia encore des marques de fa libéralité,

enfin les dernières paroles de

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