Imágenes de páginas
PDF
EPUB

XVIII.

Contre un ATHE'E.

ALIDOR affis dans fa chaife,
Medifant du Ciel à son aise,
Peut bien médire auffi de moy.
Je ris de fes difcours frivoles,
5 On fçait fort bien que fes paroles
Ne font pas articles de foy.

REMARQUES.

XVIII. Nôtre Auteur, dans Ta 1. Sat. Vers 128.(Voïés-y la Remarque) avoit mis la conver

fion de Saint Pavin au rang des impoffibilités morales. Celui-ci s'en vengea par ce Sonnet. DESPRE AUX grimpé fur Parnaffe Avant que perfonne en fût rien, Trouva Regnier avec Horace Etrechercha leur entretien.

[ocr errors]

Sans choix de mauvaise grace
Ilpilla prefque tout leur bien;
Il s'en fervit avec audace
Et s'en para comme du fien,
Jaloux des plus fameux Poëtes,
Dans fes Satires indifcrètes
Il choque leur gloire aujourd'hui.
En vérité, je lui pardonne:
S'il n'eut mal parlé de perfonne,
On n'eut jamais parlé de lui.

A quoi M. Defpréaux répondit fa chaife, Première manière, par cette Epigramme XVIII. BROSS.

VERS I. affis dans fa chai. Je, Il êtoit tellement gouteux, qu'il ne pouvoit marcher. DEs

PRE'AUX.

CHANG. Ibid. Alidor affis dans

Saint Pavin grimpé sur sa chaife. Il êtoit toujours affis fur un Fauteuil fort haut. BROSs.

On ne fauroit s'empêcher d'avouer, que l'Epigramme de nôtre Auteur ne vaut pas le Sonnes de Saint Pavin.

XIX.

DANS le Palais hier Bilain
Vouloit gager contre Menage,
Qu'il eftoit faux que Saint-Sorlain
Contre Arnauld euft fait un Ouvrage.
5 Il en a fait, j'en sçay le temps,
Dit un des plus fameux Libraires.
Attendez... C'est depuis vingt ans.
On en tira cent Exemplaires.
C'est beaucoup, dis-je, en m'approchant
10 La piece n'eft pas fi publique.
Il faut comter, dit le Marchand
Tout eft encor dans ma boutique.

REMARQUES.

[blocks in formation]

XX.

QUATRAIN

Sur un Portrait de ROCINANTE Cheval de Dom GUICHOT.

TEL fut ce Roy des bons Chevaux

Rocinante la fleur des Courfiers d'Iberie,

Qui trotant jour & nuict, & par monts & par vaux
Galoppa, dit l'Hiftoire, une fois en sa vie.

REMARQUES.

XX. Tit. Dom Guichot. ] C'eft ainsi que l'Auteur écrit ce nom dans l'Edition de 1701. Nous écrivons ordinairement Dom Quichotte, ainsi qu'ont fait M. Braffette & les autres Editeurs de puis lui.

VERS 2. pagne. BROSS.

d'Iberie ,] d'Ef

VERS 4. Galoppa, dit l'Hifloire, &c.] Dom Quichotte, Tome III. Ch. 14. BROSS.

L'Auteur fait ici le portrait d'un très méchant cheval,fur le quel êtant fort jeune, il avoit êté voir fa Maitrefle, au Village de faint Prit près S. Denis. (Voïés

Poëfies Diverfes, IV. ) Il avoit fait
de ce voïage, une Relation en
Vers & en Profe; & M. de La
Fontaine, auquel il la montra,
s'arrêta principalement aux qua-
tre Vers, qui font ici. L'Auteur
fupprima le refte. Il fe fouve-
noit pourtant d'une autre Epi
gramme qui faifoit partie de
cette Relation; mais il ne la ré-
citoit que pour s'en moquer lui-
même, & pour en faire voir le
ridicule. Quand je mourrai, di-
foit-il en riant, je veux la lais
fer à M. DE BENSERADE. Elle lui
appartient de droit : j'entens pour la
Stile. La voici :

J'ay beau m'en aller à Saint Prit,
Ce Saint qui de tous maux guérit,
Ne fçauroit me guérir de mon amour extrême,
Philis, il le faut avouer,

Si vous ne prenez foin de me guérir vous-même ;

Je ne fçay plus du tout à quel Saint me voler. BROSS.

Cette mauvaise Epigramme eft, encore pour le fonds, totalement on feulement pour le Stile;mais dans le goût de Benferade.

XXI.

Vers pour mettre au bas du Portrait de TAVERNIER le celebre Voiageur.

DE Paris à Dély du Couchant à l'Aurore
Ce fameux Voïageur courut plus d'une fois :
De l'Inde & de l'Hydafpe il frequenta les Rois,
Et fur les bords du Gange on le revere encore.
S En tous lieux fa vertu fut fon plus feur appui ;
Et bien qu'en nos climats de retour aujourd'hui
En foule à nos yeux il presente

Les plus rares trésors que le Soleil enfante ;
Il n'a rien rapporté de fi rare que lui.

REMARQUES.

XXI. Vers 1. De Paris à Dély] Ville & Roïaume des Indes, DESP.

Delli (c'eft ainfi qu'on l'écrit) eft la Capitale de l'Empire du Mogol, dans les Indes Orientales. BROSS.

VERS 3. De l'Inde & de l'Hydafpe] Fleuves du mefme païs. DESP.

VERS 4. Et fur les bords du Gange] Autre Fleuve confidérable des Indes. BROSS.

VERS 8. Les plus rares trésors que le Soleil enfante; ] Il êtoit revenu des Indes avec prés de trois millions en pierreries. DESP,

VERS 9. Il n'a rien rapporté de frare que lui. Ce mot rare a deux fens. Tavernier quoiqu'Homme de mérite, êtoit groffier, & même un peu original. BROSS.

Jean-Baptifle Tavernier, Fils

[ocr errors]

d'un Géographe estimé, qui d'Anvers fa patrie êtoit venu s'éta blir à Paris, y naquit en 1605. Il fut élevé dans la Religion Calvinifte, qu'il profeffà toute fa vie. A l'âge de 22. ans il avoit parcouru la France, l'An. gleterre, les Pais-Bas, la Suifle, l'Allemagne, la Pologne la Hongrie, & l'Italie. Il fit, pendant l'efpace de 40. ans,fix voïages aux Indes, par les différentes routes, qui peuvent y conduire. De retour de fon fixié. me voïage en 1668, il acheta la Baronie d'Aubonne en Suifle, qu'il vendit neuf ans après. Il entreprit en 1688. un feptiéme voïage aux Indes par la Mofcovie, qu'il n'avoit jamais vue. Il traverfa l'Allemagne & la Pologne, & fe rendit à Mofcow. Mais il y tomba malade & mourut au mois de Juillet 1689.

[ocr errors]

XXII.

Vers pour mettre fous le Portrait de M. de LA BRUYERE,au devant de fon Livre des CARACTERES du temps. C'est lui qui parle.

TOUT efprit orgueilleux qui s'aime

Par mes leçons fe voit gueri;
Et dans mon Livre fi cheri
Apprend à fe hair foy-mefme.

REMARQUES.

âgé de 84. ans, & non de 89. comme M. Broffette l'avoit dit. Le Roi l'avoit annobli. Comme il n'avoit point, ou très-peu de Lettres & qu'il écrivoit fort mal en François, il emprunta différentes Plumes pour rédiger les Relations de fes Voïages.

XXII. Jean de la Bruyère êtoit natif d'un Village près de Dour dan, & dêcendoit, à ce que l'on eroit, d'un fameux Ligueur, qui pendant les troubles de fon tems, avoit exercé dans Paris la Charge de Lieutenant Civil. M. de La Bruyère acheta, dans fa jeuneffe, une Charge de Tréforier de France à Caen, laquelle il quitta bientôt après, parce que M. Boffuet, Evêque de Meaux, le fit entrer, pour montrer l'Hif toire, auprès de M. le Duc, HenriJule de Bourbon, depuis Prince de Condé. Ce fut dans la Maifon de ce Prince, qu'il pafla le refte de fa vie, à titre d'Homme de Lettres, & non de Gentilhomme, comme le dit ici M. Broffette, & comme je l'ai dit ailleurs, d'après lui, M. de La Bruyère fut reçu de l'Académie Françoife le

15. Juin 1693. & mourut à Ver-
failles à l'Hôtel de Condé, non
à Paris comme le dit encore
M. Broffette, le 10. Mai 1696.
âgé de 7. ans, après une Apo-
plexie d'un quart d'heure. Qua-
tre jours auparavant êtant à
Paris en compagnie, il s'êtoit
apperçu qu'il devenoit fourd
tout-à coup, fans reffentir d'ail-
leurs aucune incommodité, C'ê-
toit un Homme fans ambition,
extrêmement Philofophe
même un peu mifantrope. Il
partageoit fa vie entre un très-
petit nombre d'Amis & fes Li-
vres. Son Ouvrage des Caractères
eft un des meilleurs, que nous
aïons en nôtre Langue. On y
trouve par tout un Efprit folide,
qui s'êtant nourri de bonne heu-
re

&

de la lecture de Montagne & de Charron, avoit puifé dans leurs Ecrits, ce Stile fort & nerveux, dont nôtre Langue, en s'épurant, paroifloit être devenue incapable. Mais il feroit à fouhaiter que M. de La Bruyère, en imitant, en furpaffant même la mâle vigueur de fes modèles, n'eut pas contracté

« AnteriorContinuar »