lançoient, dont ils tuérent encore un de nos foldats.

L'Amiral, Groenewegen & de Bruin, aiant été enterrez dans le Fort, avec les folemnitez ordinaires, Simon Janfz Hoen fut établi Amiral par provifion, jufques à ce que François Wittert Viceamiral, fût venu pour remplir cette Placc. Jean Hendrickfz premier Pilote des Provinces Unies fut fait Maire du vaiffeau, & Confeiller, & Jaques van Schagen en fut fait premier Commis. Simon Martenfz Maître du Delft, fut établi Confeiller & enfin le nombre des Officiers fut rempli.

Le même jour les habitans de Jortato envoiérent un de nos gens qui y résidoit, nommé Wouter van den Enden, pour les difculper du maffacre,à quoi ils difoient n'avoir point eu de part, & pour offrir de vivre en paix avec les Hollandois, ainsi qu'auparavant, & de défendre les Commis qui étoient parmi eux contre les habitans de Néra. Van den Enden étant allé faire fon raport aux Infulaires, ils le renvoiérent dés le même jour à la flote, pour dire qu'il falloit que les Hollandois abandonnaffent fans delai leur Fort qu'ils partiffent, & qu'ils ne laifsafsent dans l'Ifle que quelques Commis, comme y en avoit eu, finon que ceux de Jor

il

tato leur déclareroient auffi la guerre ; qu'ils fe joindroient aux autres Villes & Villages; qu'ils égorgeroient tous ceux de la nation qui étoient dans leur Ville, à Pulo Wai, & à Pulo Rin. Le Confeil fit réponse que ce n'étoit pas-là fon deffein, & Van den Enden n'ofa le déclarer à ceux de Jortato.

L.c.2

4. van den Enden fut encore envoié à Néra par les Jortatois, avec deux Orancaies & un efclave de Lontor, qu'ils y engagérent par de belles paroles & en lui donnant de l'argent. Lorfqu'ils furent dans la loge, on mit aux fers les Orancaies & l'efclave, qui en furent fort furpris, s'étant atendus qu'on alloit abandonner le Fort, & fe retirer. Il fut alors réfolu d'envoier un efclave à Lontor avec une lettre, par où l'on déclareroit, que fi l'on ne renvoioit les Hollandois qui y étoient, on pendroit les deux Orancaies. On ne refut point de réponfe..

Le 25. on fut informé que les habitans. de Lontor avoient maflacré le Commis Dirck Pieterfz qui étoit déja malade, & fon Affiftant nommé Corneille van Eerden. Sur cette nouvelle on arbora par tout les pavillons rouges, l'on déclara la guerre aux Bandanois, & on battit Lontor avec le canon.

Le 30. nos chaloupes armées alléreng

à Néra, où elles brûlérent toutes les navettes & les pirogues qu'elles rencontrérent, avec deux jonques qui étoient fur les chantiers. Comme les pluïes continuel les ruïnoient une partie des Fortifications, il fut arrêté qu'on y mettroit des paliffades.

Le 1. de Juin 1609. le yacht l'Aigle fut détaché pour aller à Amboine & à Ternate, porter la nouvelle du funeste événement qui étoit arrivé. Le 3. un Chinois de Célame vint donner avis d'une entreprife que les Noirs méditoient contre les chaloupes. Cependant on travailloit toûjours aux Fortifications. Les deux Orancaies qu'on gardoit dans le vaiffeau Hollan de, aiant rompu leurs fers, fe fauvérent à la nage..

Le 1 o. on vit une jonque en mer. Les chaloupes l'aiant jointe, on lui cria de fe rendre. Comme on n'eut point de réponfe, on en vint à l'abordage. Le premier qui fauta fur fon bord aiant été tué d'un coup de poignard, fes compagnons qui y fautérent prefque en même tems, tuérent d'abord tout ce qu'ils rencontrérent, puis voulant faire les autres prifonniers, ils fe retranchérent au fond de cale, fans vouloir fe rendre. On y mit le feu, & les plus opiniâtres furent brûlez. Il-y en eut 15. qui fe rendirent. La jonque étoit de Greflick, chargée de ris, de porcelaines & de nates.

Le 22. le Banda étant chargé de noix mufcades & de macis, fit voiles pour retourner en Hollande.

Le 5. de Juillet 1609. toutes les chaloupes armées de Matelots & de Soldats, allérent ataquer Lapetaque, petite Place dans le païs de Néra. Les Noirs s'enfuirent dans les bois, & l'on pilla la Ville, où les équipages firent un affez bon butin. Entre autres on y trouva 4. pierriers qui furent menez au Fort. Il n'y fut point tué de nos gens: mais le Vice-amiral Hoen y fut bleffé avec trois ou qua

tre autres.

Le 26. les chaloupes allérent à Célame, pour brûler quelques bâtimens qu'on difoit être fur les chantiers. Mais comme on n'y en trouva point, Jean de Bitter, qui avoit été établi Gouverneur du Fort, & qui commandoit en cette expédition, jugea qu'il pouvoit pouffer plus loin fon entreprife, & mit du monde à terre pour furprendre Célame, qui eft une petite Ville fort peuplée.

Ceux de Jortato & de Lontor s'étant aperçus affez tôt de ce deffein, allérent au fecours de la Place, qui par ce moien fit une fi vigoureufe réfiftance, que les attaquans furent contrains de faire retraite & de fe rembarquer avec perte de 9. hommes, & il y en eut 7o..de blef

fez entre lesquels étoit le Commandant, qui fut bleffé au gras de jambe..

Les jours fuivans, jufques au douziéme Août 1609. les Bandanois tâchcrent par Pentremife d'un habitant de Macaffar, qui fe trouva parmi eux, de faire leur paix, & la chofe fut pouffée fi avant, que Henri van Bergel, qui y avoit été premier Commis, eut ordre d'aller avec cet étranger, à bord du Zélande, qui étoit à l'ancre devant Lontor, pour y entrer en conférence. L'infulaire de Macaffar fut envoié à terre, pour dire aux Bandanois qu'ils fiffe nt avancer une pirogue à moitié chemin du Zélande, où van Bergel alla leur parler. A fon retour il fut ordonné que fi l'on voioit venir quelque pirogue à la flote, avec une banniére blanche, on ne tireroit pas deffus.

Le 11. l'entremetteur de la paix fe rendit à bord du Vice-amiral, & lui affura que les infulaires avoient véritablement intention de traiter, & que pour cet effet ils demandoient une amiable conférence. Le Vice-amiral lui aiant auffi donné fa parole, Van Bergel & Vander Duffen furent députés, pour aller avec cet entremetteur devant Lontor, où quelques Orancaies fe rendirent proche d'eux dans des pirogues, & promirent d'aller le lendemain à bord du Zélande, pour faire des ouvertures de paix.