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roit en ennemis. Ils répondirent qu'on n'àvoit qu'à s'en retourner, qu'ils ne vou loient pas feulement parler à de tels chiens, & que fi l'on ne s'en retournoit vîte, ils alloient tirer fur la chaloupe.

Comme on faifoit ce raport au Roi de Ternate & au Vice-amiral, le trére du Roi de Bachian vint à bord demander fi l'on étoit venu dans le deffein de les exterminer ? Le Vice-amiral repliqua que c'étoit dans la vue de traiter amiablement avec eux, ou bien, s'ils n'y vouloient pas entendre, d'exercer toutes fortes d'actes d'hoftilité.

Sur cette déclaration l'acord fut bientôt fait, favoir que de part & d'autre on vivoit en bonne intelligence ; & que les Infulaires ne donneroient aucun fecours aux Efpagnols ni aux Mardicres, qu'on avoit réfolu de chaffer & de détruire. Aprés cela on fit débarquer les troupes fous la conduite du Capitaine Schot, & les Matelots fous celle de Jean Dirckfz qui eut l'avant-garde, & ils prirent le Fort fans réfiftance.Il y avoit 18. Soldats Efpagnols & 100. Mardicres pour le garder. Mais ils s'étoient retirez & fauvez vers le haut de la riviére, où l'on ne put les pourfuivre, parce qu'il n'y avoit pas aflez de profondeur.

Le 1. de Décembre 1609. un Sergeant

Major

Major & 20. Soldats remontérent la riviére dans des pirogues qu'on fit venir, pour épier la contenance des Efpagnols, & ils aprirent que le Roi de l'Ifle étoit avec eux; deforte qu'on ne favoit fi l'on étoit en paix ou en guerre avec lui. Dans ce doute on alla le trouver le lendemain avec plus de forces, & on lui demanda des ôtages, s'il ne vouloit pas être traité en ennemi. Il partit avec nos gens, & vint trouver le Vice-amiral, à qui il dît qu'il venoit fe prefenter lui-même pour otage; & en effet, il paffa la nuit à bord avec quelques-uns de fes Officiers.

Les Capitaines Schot & Jean Dircksz aiant poursuivi, pendant quelques jours, les foldats Efpagnols, fe rendirent le 5. au pié de la montagne où ils étoient campez avec les Mardicres. Mais il y avoit de la difficulté à y monter. Enfin quelques foldats s'y étant hafardez, il y eut une gran de allarme parmi les ennemis. Les Hollandois s'en étant aperçûs, leur envoiérent un Noir pour les inviter à parlementer. I.s y confentirent, & fur cela nos gens s'emprefférent à monter.

Un Alpheres, ou Enfeigne, les voiant faire, leur cria, Halte-là, ou bien nous ferons feu. Que demandez-vous ? Les Hollandois répondirent; Nous venons vous offrir une capitulation avantageu Tome VII.

fe, quieft de vous rendre prifonniers, afin d'être changez pour ceux de nos gens qui le font auffi, ou bien fil'on vous prend, on vous livrera aux Maures. Ils répondirent qu'ils aimeroient mieux mourir que de fe rendre prifonniers up e

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Enfin pourtant, après s'être confultez, ils demandérent un fauf-conduit pour fe retirer, & qu'on leur fournit deux caracorres. Au lieu de cela on leur offrit de les menet à Tidore, ou à Ternate, pourû qu'ils rendiffent les armes. Les gens mariez & le Prêtre y confentirent; mais Alpheres s'y opofa, & voulut qu'on s'engageât à mettre à terre lui & fes gens tout armez, ou qu'autrement ils n'avoient plus rien à dire. ut unun

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A l'inftant on cria des deux côtez, Aux armes, Aux armes, & l'on fit le plus grand feu qu'on pût. Mais il pleuvoit fi fort qu'on ne pouvoit rien faire, & les Hollandois furent contraints de fe retirer. Alors les Soldats commencérent à faire les fanfarons, & à dire aux Mardicres, ou gens mariez;,, Le voicz vous à present que les Hollandois ne font que des poules? Les voiez-vous fuïr? Quoi nous nous ferions livrez entre leurs mains? Un-feul d'entre nous battra toûjours dix de ces chiens de Luthériens.

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Le 6. nos gens eurent ordre d'aller en

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core les ataquer, quoiqu'il fût difficile de monter jufqu'à eux, fur tout à caufe de la multitude de pierres qu'ils jettoient.Néanmoins en montant tous à la fois, on parvint à la fin jufqu'à eux, & l'on tua tout ce qu'on pût atraper. Ce qu'il y eut de cruel, & d'inévitable en même tems, fut que les Ternatois exercérent leur vengeance fur les femmes & fur les enfans, & mafacrérent tout, à la réferve de huit Efpagnols qu'on fit prifonniers, & de quelques Mardicres, qui s'enfuïrent dans les bois.

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Leole Capitaine Schot & le Roi de Ternate prirent la route de Machian ; mais le Vice-amiral demeura encore à Bachian, où il fit faire quatre baftions au Fort, qui fut nommé de Barneveldt. Le même jour on drefla & on figna un Traité entre les Hollandois & les Rois de Ternate & de Bachian, pour le prêter mutuellement fecours contre les Efpagnols & les Portugais, qu'on regardoit comme les en

nemis communs.

Tous les Caboves, ou Chrétiens, furent auffi mandez devant le Vice-amíral, pour lui prêter le ferment au nom du Prince d'Orange, & déclarer qu'ils tenoient les Efpagnols & les Portugais pour ennemis, & qu'ils demeuréroient fidelles aux Hollandois; ce qu'ils promirent fort

volontiers, & en conféquence il leur fut permis de retourner avec leurs familles habiter fous le Fort.

Le 11. on cût avis que l'ennemi avoit parû de l'autre côté de l'Ifle, avec une galére & quatre caracorres. Bien qu'on ne crût pas que cela fût poffible, on ne laiffa pas de commander le Capitaine Jean Dirckiz & le Sergeant-Major, avec 6o. foldats, pour aller fur la hauteur, & défendre le Roi, les femmes & fes enfans.

Le 12. le Capitaine étant fur cette hauteur envoia queiques Infulaires à la découverte. Ils raportérent qu'ils avoient vu T'ennemi, & quoi qu'on n'en crût rien, on fit donner avis de ce raport au Viceamiral qui envoia le lendemian 20. foldats pour en découvrir la vérité. Cependant le Roi fe retira & emmena fa famille & fes gens. And ab

Le 13. le Sergent-Major qui commandoit les zo. foldats, paffa devant un lieu où étoient en embufcade 400.Mardicres, qui ne fe montrérent point. Le Sergeant aiant fait deux lieues de marche fans rien découvrir, revint fur fes pas, jufqu'à l'endroit où étoit l'embufcade, qui fit alors un grand feu, & mit les Hollandois en fuite, aprés qu'ils eurent perdu leur Commandant.

Cependant les Espagnols, de leur côté,

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