Dans tous ces Forts ils ont 800. foldats Efpagnols en garnifon, & à peu-prés autant d'Indiens des Manilles, qui travaillent fans ceffe à de nouvelles fortifications. Ils ont auffi une galére & une galiote, qui leur font de beaucoup d'utilité. C'eft une grande incommodité qu'il n'y ait point de vivres dans toutes ces Ifles; car il faut y en mener fans ceffe, & y en avoir toûjours de groffes provifions, pour nourir tant de gens. Mais c'eft ce qui aporte auffi de grands profits à la Compagnie; car fes Commis ne donnoient alors que deux livres de ris pour une livre de clou de gérofte. Le 18. du même mois de Juin 1610. comme la flote qu'on atendoit ne venoit point, le navire les Provinces-Unies fit voiles à Greffick, & le 2 o. de Juillet fuivant il y moüla l'ancre, aiant trouvé à la rade le Roterdam & le Hoorn, qui y étoient depuis un mois. Ils y avoient chargé 200. laftes de poivre, & il n'y en avoit plus à vendre. Ils raportérent que les Infulaires de Banda s'étoient foulevez de nouveau, & nous avoient déclaré la Guerre, par l'infpiration d'un Anglois qui étoit à l'ancre fur la côte de Céram, & qui avoit envoié fes gens à Pulo Wai & à Pulo Rin, pour acheter les noix mufcades & le macis, qu'on lui meBoit à bord. 1 Els dirent auffi que depuis qu'ils étoient à cette rade, le Roi de Madure avoit exer cé des hoftilitez contr'eux, leur aiant pris la chaloupe du Hoorn, & tué un homme: qu'il faifoit faire une garde exacte, & a vec beaucoup de gens, dans une certaine riviere nommée Avrabai; deforte qu'il ne faifoit pas für pour les chaloupes, d'aller à Greflick. Les deux premiers Commis de ces vaiffeaux y étoient pourtant alors, ne fachant pas comment ils pourroient retourner à bord; à quoi toutefois ils fe hafardérent le lendemain, s'étant embarquez dans une petite jonque, où le Sibandar de Greffick fe mit avec eux. Ce même jour les trois vaiffeaux firent voiles vers Jaccatra, par un vent de Sud-fud-eft, rangeant la côte à l'Oüest-quart-de-nord-ouelt. Le 29. ils mouillérent l'ancre à la rade de Jaccatra, fur quatre braffes d'eau, & a-prés avoir pris des rafraîchillemens, entre autres 67. tonneaux d'arack, ils remirent à la voile le z. d'Août. Le 4. ils ancrérent à la rade de Bantam, où le Commis Jaques Lhermite leur dit qu'il étoit mort quantité de gens de fa loge fort prompte ment, & que & que de 25. perfonnes il ne lui en reftoit plus que neuf. Le i o. du même mois d'Août, le yacht le Dragon Volant alla mouiller l'ancre au prés d'eux. Il venoit de Succadana & en amenoit le Commis, nommé Samuel Bloemart, qui aportoit une partie confidérable de diamans, & qui demandoit à être déchargé, vû que le tems de fa commiffion étoit fini. Il avoit laiffé par provifion son Affiftant en fa place. Le 4. de Septembre 1610. les vaiffeaux Rotterdam & Hoorn, qui avoient leur charge, firent voiles pour retourner en Hollande avec ordre de relâcher à l'Ile Maurice, & d'y atendre jufqu'à la mi-Décembre les Provinces Unies, qui devoit demeurer encore un mois à la rade de Bantam, pour charger du poivre de la nouvelle récolte n'y en aiant plus de vieux. Que fi ce navire ne fe rendoit pas à l'Ile Maurice dans le tems marqué, les deux autres devoient aller à Sainte Héléne, & y féjourner jufqu'au dernier de Mars.. Le 11. le Griffon qui revenoit de Banda, moüilla aufli l'ancre à la rade de Bantam. Il confirma les nouvelles de la guerre qu'on y faifoit aux Hollandois, difant que deux jours avant fon départ, il avoit fait pendre à fon beaupré un Bandanois, qui avoit été furpris en voulant couper le cable du vaiffeau, Il dit auffi que l'Anglois étoit encore fur la côte de Céram, & qu'il 3. avoit prefque fa cargaison. Le 26.il y moüilla un autre vaiffeau de |