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donnent la chaffe, & les mangent. Nous pêchâmes auffi de ces poiffons que les Portugais nomment Abricoor, qui ont trois à quatre piez de long, qui font de bon goût, & auffi gras que des pourceaux. L'équipage du Middelbourg en pêcha un qui avoit cinq piez, & qui fut fufifant pour fon repas, c'eft-à-dire pour plus de 200. hommes.

Le 23. du même mois de Mars 1608. il fut réfolu qu'on iroit relâcher à l'Ifle de Sainte Héléne, & que ceux qui pourroient s'être écartez de la flote, l'atendroient-là pendant 15. jours, lequel tems étant paffé, ou bien au cas qu'ils s'y rendiffent trop tard, & qu'ils n'y trou vaffent plus perfonne, ils s'en iroient à la baie de Verhagen, ou au cap de S. Sébaftien, fous le Tropique du Capricorne, par la hauteur des 2 2. degrez 40. minutes, & de-là aux Ifles Comeros, ou Comores, favoir Mayotte & Anguon, qui gifent par la hauteur d'entre les 12. & 13. degrez. Mais il les faut compter par les 13. degrez 15. minutes, pour prendre bonne hauteur, parce que les courans portent toûjours vers le Nord. Les Portugais n'en ont pas eu une affez particuliére connoiffance, & par cette raifon il les ont o mifes dans leurs cartes.

Au refte, il fut bien recommandé à cha

cun des Oficiers de faire tous fes efforts pour s'y rendre avant le 8. d'Août, afin d'y faire monter les chaloupes, & de pouvoir faire voiles à la mi-Août vers la côte de Malabar..

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Le 5. d'Avril, la flote étant par la hau teur des 26. degrez 40. minutes, on eur ordre de porter fur l'Ile Sainte Héléne ; & comme on y pouvoit rencontrer des carraques Portugaifes, elle fut diftribuće en trois divifions. La premiére, qui étoit compofée des vailleaux les Provin ces - Unies, Zélande, Hollande, & des deux yachts le Griffon & l'Aigle, fut fous le commandement de l'Amiral, pour fe mettre de l'avant. La feconde, compofée du Middelbourg, de l'Amfterdam; du Delft, & du yacht le Paon, eût pour Chef le Vice-amiral. La troifiéme compofée des vaiffeaux Rotterdam, le Lion Rou ge & Hoorn, & du yacht le Faucon, fut mife fous la conduite d'Adam Claafz van Driel.

Il fut en même tems ordonné, qu'on tiendroit, à côté de chaque pièce de canon, une grande baille pleine d'eau, a vec un feilleau de cuir, où il y auroit une corde de la longueur de trois à quatre braffes. On diftribua 40. grenades à chaque vaiffeau, & 25. à chaque yacht, & L'on promit une réale de huit à chacun de

ceux qui en auroient jetté quelqu'une qui auroit endommagé les ennemis ; & so. réales à celui qui pourroit enlever le pa villon de leur Amiral.

Si l'on ne trouvoit point de carraques, ni d'autres ennemis à Sainte Héléne, on y devoit faire rafraîchir les malades, & faire de l'eau: car autrement on auroit été con-, traint de relâcher pour cet effet au cap de Bonne-efpérance. Mais on n'y pouvoit alJer alors qu'avec beaucoup de péril, parce que c'étoit la faifon de l'Hiver.

Le 10.on fut par la hauteur de 25. degrez 55. minutes, & les vaiffeaux furent acompagnez des bonites jufques-là.:

Le 14. de Mai 1608. on eut la vûë de I'Ifle Sainte Héléne, & le 15., fur le minuit, on moüilla l'ancre à la rade, par le travers de la petite Eglife, où l'on ne trou va aucuns vaiffeaux, niamis, ni ennemis. Il y avoit bien soo. malades dans la flote, pour qui l'on dreffa des tentes à terre, où on les fit porter. Le lendemain on trouva quatre lettres, dans un morceau de bois creux fufpendu au coin de la porte de la petite Eglife.

La premiére étoit de l'Amiral Waarwyk, qui avoit relâché à cette Ifle le 28. de Janvier 1607. avec deux, vaiffeaux nommez Hollande & Dort, qui avoient remis à la voile le 28. de Février fuivant pour s'en retourner en Hollande.

La feconde étoit de Jean van den Beer, Commis du vaiffeau le Lion Blanc, qui y avoit relâché le 1 5. de Decembre 1607.:

La troifiéme étoit de B. Opmeer, premier Commis de l'Amfterdam, & de Dirk Gijsbertfz Schaeck qui en étoit le Souscommis. Ils y avoient relâché le 19. de Dé cembre 1607. & le 6. de Janvier 1608. ils avoient continué leur route vers la Hollande.

La quatrième étoit de Guillaume Cor+ nelifz Schouten, de Jean Willemsz Verfehoor, & de Paul Soldt, qui y avoient relâché le 21. de Février 16 08. avec les vaiffeaux les Provinces-Unies, le Lion Noir, & le Médenblick, & en étoient partis le 3. Mars pour aller auffi en Hollande.

L'Ifle Sainte Héléne eft haute & montueufe. Elle eft entourée de roches efcarpées, & a fix lieues de circuit. Elle gît par les 16. degrez un quart. A fon côté occidental, proche de la petite Eglife, il y a bon mouillage mais faut moüiller tout proche de terre, pour ne pas chaffer fur les ancres car il y a des vaFées entre les grandes montagnes, d'où fortent ordinairement des vents qui fouflent avec impétuofité,

La plupart de ces montagnes font couvertes de verdure, & de quelques arbres fauvages. Entre autres il y en a un dont

les feuilles font affez femblables à celles de la fauge, & ont à peu-prés la même odeur; c'eft celui qui fournit l'ébéne. Ses fleurs fourniffent auffi une gomme de la couleur de la gomme Arabique, & de l'odeur du benjoin. Il y a d'autres grands arbres, qui produifent de belles fleurs incarnates & blanches, à peu-prés comme les tulipes, qui font un trés-bel orne ment, & un petit fruit, prefque comme le blé farrafin.

Il y a deux belles valées, dont l'une s'a pelle la valée de l'Eglife ; & c'est par le derriére de l'Eglife qui y eft, qu'on monte fur la montagne. L'autre fe nomme la valée des oranges, qui eft au Sud. On y trouve de bonnes oranges, des grenades, des limons, affez pour fervir de rafraîchiffemens. aux équipages de cinq ou fix vaiffeaux. On y voit auffi quantité de perfil, de fenevé, de pourpier, d'ofeille, de camomille, herbages qui mangez en potages, ou en falades, font trés-bons contre le scorbut.

Il croît fur la montagne une certaine herbe affez femblable à la lavande, dont le goût aigret eft fort agréable, & qui jette des feuilles de la longueur du doigt, qui fe terminent en pointe, comme les oreilles d'un lapin. Il y croît encore beaucoup de creffon, avec une autre herbe

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