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Le 19. aiant été encore contrariez par le vent, nous paflames, après Soleil levé, par le travers d'une Ville nommée Affia, qui eft à 12. lieues d'Ainoffima, fituée proche d'un rivage de fable blanc, dans un païs montueux. Sur le midi nous nous trouvâmes par le travers de la Ville de Coockoro, où il y a deux châteaux. Au foir nous nous mîmes fur le grapin devant Ximontchequi, Ville de grandeur médiocre, au devant de laquelle il y a une petite Fortereffe, & un château fur unemontagne qui eft vis-à-vis.

Le 20. nous entrâmes dans le Port d'Ifacki, où il y a deux Villages de 30. ou 40. maifons. Le foir du 26. nous jettâ-. mes le grapin devant Mianos. Le 27. nous paffâmes par le travers de Cadmenexequi, où il y a un Village de chaque côté.. La nuit nous nous mîmes fur le grapin à Tfuwa, & la nuit du 30. à Vefimado, qui eftà 6o. lieues de Tfuwa. Le 31. nous. eûmes du gros tems, & ne gagnâmes qu'avec beaucoup de peine le Port de Mouro..

Le 3. d'Août 1611. nous paflâmes par le travers de Firmenfi, qui eft à 5. lieues de Mouro, & qui eft une belle Ville, où il y a un fort château. Nous demeurâmes la nuit à Tackeffima, qui eft à 4. lieuës de Firmenfi, & le foir du s. nous jettâmes. le grapin à Fiongo.

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Le 6. nous entrâmes dans la riviére d'O facko, & nous nous mîmes fur le grapi dans le Fauxbourg qui fe nomme Aufli ma, où nous loüâmes une petite barque pour nous mener à Fuffigni, les grandes n'y pouvant aller. Nous nous y embar quâmes aprés-midi, avec notre bagage, & aiant paffé au travers d'Ofacko, nous remontâmes la nuit la riviére, où il y avoit fi peu d'eau, qu'il falloit fouvent que les rameurs s'y miffent, pour décharger ou détourner la barque.

Ofacko eft une des plus confidérables Villes & des plus marchandes du Japon. Il y a un beau & fort Château, où Federi Samma, fils du défunt Empereur, fait fon féjour. Il a prefentement à-peuprès 1.8. ans, & n'a encore forti qu'une feule fois de ce lieu-là. Divers incidens ont concouru à le faire exclure de l'Empire: mais il ne laiffe pas d'avoir de grands revenus & de pofféder de grands trésors. Il a pour lui une faction parmi les Seigneurs, & l'afection des peuples; fi-bien qu'il n'eft pas fans efpérance de parvenir

un jour à la Couronne.

Le 7. nous paffâmes devant un Village nommé Sergatte, & l'après-midi nous abordâmes à Fuffigni. Nous vîmes fur la route deux hommes à un gibet, pour le larcin, crime qui eft-là impardonnable.

De Fuffigni il faut aller par terre à Soringau. Dès que nous fumes à Fuffigni on chargea nos hardes fur des chevaux, & nous allâmes coucher à Miaco, qui en eft à quatre lieuës.

Cette Ville de Miaco eft grande. Il s'y fait un grand commerce, plus grand même qu'en aucune autre Ville du Japon, & il eft foutenu par diverfes manufactuLes qui y font établies. Elle s'étend/du côté de Fuffigni, & Fuffigni s'étendant auffi vers Miaco, il s'en faut peu que les deux bouts ne fe joignent. Il y a un bon Château à Fuffigni, avec une garnifon, & un autre à Miaco; mais il eft plus petit, & Empereur n'y loge pas. Lorfqu'il defcend plus bas par Miaco, il y a un Palais pour le loger. Jamais, quand il furvient des Guerres on n'ataque Miaco ni de part ni d'autre, on la laiffe comme une place neutre, pour n'en ruïner le commerce; ce qui la rend extrémement floriffante. On y trafique à peu près de même que dans les Villes de l'Europe.

pas

Le 8. d'Août 16 11.aiant apris que les lettres que nous avions envoiées de Firando à M. Adamfz, n'avoient pû lui être renduës, nous lui envoiâmes un autre exprès, de peur qu'il ne fût abfent lorf que nous ariverions'dans la Ville.

Nous aprêmes qu'il y avoit quatre jours

que les Ambaffadeurs des Portugais avoient paffé à Miaco, qu'ils étoient venus dans un petit vaiffeau Portugais qui avoit terri à Satfuma qu'ils avoient amené 200. picols de foie cruë, une partie de draps, & une autre d'or que cette cargaifon avoit été faite à la hâte à Maccau, pour accompagner l'Ambassade: qu'ils avoient pris terre à Satfuma, parce qu'ils avoient efpéré y trouver plus de faveur & de liberté qu'à Nanguefacque, ne fachant pas comment ils feroient traitez au Japon, à caufe de ce qui étoit arrivé l'année précédente que le Commandant de Satfuma leur avoit prêté deux galéres pour les mener à Conduze, & trois Gentilshommes pour les accompa gner; qu'ils avoient un grand nombre de trompettes, de tambours, & d'inftrumens de Mufique : qu'ils avoient fait des préfens à Itakara Froimendonne, qui confiftoient en quelques beaux draps de foie, & que ce Seigneur leur avoit fait donner 48. chevaux, qu'ils avoient fait enhar nacher à leurs dépens: qu'ils marchoient en grande pompe, faifant fans cefle retentir le fon de leurs inftrumens de Mufi que, & de leurs trompettes: qu'ils étoient tous magnifiquement vétus, juf qu'aux Noirs qui les fervoient, qui a voient des habits de velours d'une même

couleur. La requête qu'ils avoient à faire, tendoit à ce qu'ils fuffent rembourfez de la perte d'une carraque, que nous comprimes qui leur avoit été brûlée à Nanguefacque l'année précédente.

Sur le midi, l'Agent d'Itakara Froimendonne, Gouverneur de Miaco, à qui le Gouverneur de Firando avoit écrit en nôtre faveur, vint nous rendre vifite, & nous dire qu'il atendoit fon Maître ce même jour; mais que s'il ne venoit pas, comme il voioit que nos afaires étoient. preffées, il nous meneroit lui-même le lendemain matin à Fuffigni, & qu'il feroit enforte que nous aurions promptement nos dépêches, qu'il ne doutoit point que nous n'obtinflions des chevaux, & qu'il nous rendroit fervice autant qu'il pourroit. C'est un grand avantage d'avoir des chevaux de l'Empereur, pour faire diligence & paffer par-tout fans être

arrêté.

Le lendemain nous allâmes chez l'Agent, lui rendre fa vifite, & lui faire préfent de trois aunes de drap cramoifi, avec cinq bouteilles de verre, qu'il fe défendit long-tems d'accepter. Il nous régala, & fe prépara pour faire le voiage avec nous, trouvant bon que Jaques Specx allât avec lui trouver Itakara Froimendonne, & lui préfenter quatre aunes &

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