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demie de drap écarlate, treis piéces de gros camelot noir, une carabine, 20. billes d'acier, 3. bouteilles de verre, & 200. catis de blomb.

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Ainfi Specx & l'Agent, qui étoient partis ensemble à 9. heures du matin, revinrent dès le foir, aiant été bien reçûs du Gouverneur, qui leur avoit donné un paffepoit muni du feau de l'Empereur, & acordé dix chevaux, avec des lettres de faveur au Préfident du Confeil. Il refufa auffi d'abord les préfens, difant que ce n'étoit pas fa coûtume de rien prendre des étrangers: mais en aiant außi été preffé par fon Agent, fuivant la maniére ordinaire, il dit qu'il n'accepteroit rien pour cette fois, mais que fi au tetour il nous reftoit quelque chofe, il nous permet roit de penfer à lui. Après nous avoir régalez il nous congédia, nous Promettant que fon Agent nous feroit fournir des chevaux le lendemain.

En efet, nous partîmes le Lo. de Miaco, & allâmes coucher à Caufate, qui en eft મે 7. lieuës. Le lendemain nous dînâmes à Sutfifamme, & allâmes coucher à Stquinofo. Le 12. nous dînâmes à Jakats, où nous nous mîmes dans une barque pour paffer un petit golfe de mer. Le foir nous couchâmes à Narmi, qui eft à 19 lieues de Sequinofo.

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Le 13. nous remontâmes à cheval, & aiant dîné à Okafacki, nous allâmes coucher à Juffindai, qui eft à 14. lieuës de Narmi, par une chaleur fi grande que le lendemain matin un des gens en mourut fubitement, au moins y avoit-il bien de l'aparence, que c'en fut-là la caufe. Nous dînâmes à Acrai, & aiant encore traverfé un petit golfe, nous allâmes coucher à Fouquéres, qui eft à 13. lieuës & demie de Juffindai.

Le 16. nous dînâmes à Futfigeda, & allâmes enfuite à Mérico, où nous ren-. contrâmes M. Willem Adamfz, qui venoit au-devant de nous, & le foir nous arrivâmes enfemble à Soringau. Dès le même foir il alla trouver le Confequidonne, c'est-à-dire le Préfident du Confeil, & Ikoto Sionfabrondonne, pour leur donner avis de nôtre venue, & les prier de nous faire avoir bien-tôt audience.

Le Confequidonne lui dît qu'il ne doutoit pas que nôtre venue ne fût agréable à l'Empereur, auprès de qui il lui promettoit de nous introduire le lendemain, s'il étoit poffible, & que fi nous avions quelque requête à faire à ce Monarque, il nous marqueroit qu'il étoit de nos amis. Enfuite lui & Ikoto Sionfabrondonne, envoiérent chacun un Gentilhomme nous faire des complimens, à quoi nous Tome VII.

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tâchâmes de répondre à la maniére du Japon, où l'on fait beaucoup.

Le 16. nous allâmes deux fois au Palais, par ordre du Confequidonne, mais l'Empereur fut toûjours occupé, & nous ne pûmes lui parler. Le Confequidonne en fit des excufes à M. Adamfz, & lui dît que l'Empereur faifoit éxaminer les comptes de fon Tréforier Général quoi il falloit qu'il fût lui-même auffi préfent: Mais que nous ne devions pas laiffer de nous tenir toûjours prêts.

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Cependant nous aprîmes le fuccès qu'avoient eû les Amballadeurs des Portugais & des Caftillans. Aprés que le Portugais, eut fait fes propofitions verbalement, & qu'il les eût données par écrit au Confequidonne, aiant eu audience de l'Empereur, il partit pour aller à Jedo faluer auffi le Prince, & peut-être lui faire fes remontrances & fes plaintes. Les préfens qu'il avoit oferts au Confequidonne, n'avoient pas été acceptez. Cet Officier les lui avoit renvoiez, aiant accoûtumé d'en ufer ainfi avec les étrangers, fur-tout quand il ne vouloit pas les gratifier.

Ceux qu'il avoit faits à l'Empereur confiftoient en dix piéces de drap d'or figuré, cent catis de la plus fine foie, une coupe d'or fort artiftement travaillée,

une montre d'or, & d'autres bijoux. Ils avoient été acceptez, mais d'une maniére qui n'étoit pas des plus obligeantes; car l'Empereur ne parla point du tout à l'Ambaffadeur, qui n'eût le tems que de faire porter les préfens devant lui, & auffi-tôt on lui dit de fe retirer.

Il étoit allé à la Cour avec une groffe fuite de fes gens, qui avoient tous des chaînes d'or au cou, & tous les Négres avoient des habits de velours d'une même parure. Pour fes propofitions elles ne furent pas fort bien reçûës. C'étoit prémiérement une juftification au fujet des Japonnois, qu'il y avoit trois ans qui avoient été tuez à Macau. Il prétendoit faire voir que les Portugais avoient eû raifon, & en conféquence il demandoit le remboursement du prix d'un vaiffeau de la nation, qui avoit été brûlé à Nanguefacque, & qui, avec fa carguaifon, valoit quelques millions de ducats; de laquelle infulte il chargeoit particuliérement le Facteur, s'en plaignant extrémement.

Le refte de fon difcours n'étoit que des raifonnemens pour détruire les prétentions des Japonnois, & pour apuier les fiennes, & il ne propofa rien qui pût être à nôtre préjudice. Le Confequidonne lui repliqua que l'obftination des Officiers du vaiffeau avoit été étrange: qu'ils n'avoient

pas fait paroître dans tout leur procédé, qu'ils fiflent feulement ufage de leur raifon que le Capitaine avoit refufé de comparoître devant l'Empereur, & de venir foûtenir fon droit en justice; refus qui étoit contre le droit commun, & contre ce que la raison enfeigne de pratiquer, & ce qui fe pratique auffibien parmi les Chrétiens qu'au Japon; d'où il étoit aifé de conclure que c'étoit qu'il ne pouvoit difculper la nation des meurtres commis dans les perfonnes des -Japonnois, & que ces meurtres avoient été commis par paffion, par violence & nullement avec raifon, ni felon les formalités de la Juftice.

Enfin le Préfident concluoit que puifobftination des Porque c'étoit la propre tugais, & le mépris qu'ils avoient fait de la Juftice, qui leur avoit atiré leur malheur, il paroiffoit clairement que la Cour n'avoit eu aucune intention de faire périr le vaiffeau, ni les gens de l'équipage qu'on avoit feulement demandé que le Capitaine fe remit entre les mains de l'Empereur, pour défendre en justice le fait de la nation : que fur le refus qui en avoit été fait, la Cour avoit ordonné qu'on fe fervit des voies que la néceffité fait prendre en pareille occafion.

Ainfi le Confequidonne avoit déclaré à

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