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fut accufé fur plufieurs chefs. Il y füt 3.0. jours, & il n'en fortit qu'en paiant une amende de 600. catis, fuivant les té moignages qu'il en avoit. Ainfi il n'étoit guéres fatisfait ni des uns ni des autres. Il ne l'étoit pas de nos gens, parce qu'ils avoient été la caufe de fon malheur : il. ue l'étoit pas des Portugais, parce qu'encore qu'il fût Chrétien, ils ne lui avoient. pas rendu juftice, lui aïant fait paier ce que nos gens lui avoient enlevé par une: violence à laquelle il n'étoit pas en état. de s'opofer..

Il eft certain que puifque nous étions en guerre, on avoit droit, felon l'ufage, de faire ce que nos gens avoient fait.. Néanmoins il s'agiffoit de peu de chofe, & quand il y auroit eu une plus groffe capture à faire, il auroit mieux. valu y renoncer, que de tirer ainfi tout à la rigueur, & de donner des prétextes de plainte à une nation de qui nous recherchions la faveur & la bienveillance.. Car la principale caufe du favorable accueil que nous trouvions à la Cour, venoit des bons témoignages que les Japonois nous avoient rendus. Ils avoient raporté que nous n'infultions en mer que les Portugais & les Caftillans; que nous en avions toûjours bien ufé avec les Japonnois, qu'ils n'avoient point de fujet de fe plaindre de.

hous; & ces raports nous avoient fait regarder par l'Empereur & par fes Officiers, pour des gens de probité.

Sur le foir l'Agent du Confequidonne aporta de fa part à Specx 2 0. chemises du Japon, & dix à Segertfz, Le 31. Adamfz nous aporta deux paffeports pour nos vaiffeaux, & un ordre de l'Empereur pour prendre encore dix chevaux francs. Nous fimes traduire les paffeports; mais nous n'y trouvâmes point de claufe pour pouvoir décharger nos vaiffeaux, & vendre nos marchandifes, fans être fujets aux vifites des gardes des infpecteurs ; ce qui étoit le véritable fujet de nôtre voiage, & le feul bût où nous tendions.

Cette omiffion nous caufa beaucoup d'inquiétude, n'en pouvant pénétrer la caufe. Nous préfumâmes que comme les Ambaffadeurs de Caftille & de Portugal avoient porté de grandes plaintes contre le Saphidonne, & qu'ils avoient fait con: noître en détail au Confequidonne les ju ftes fujets qu'ils en avoient, cet Officier & les autres voïoient que fi l'Empereur en avoit quelque connoiffance, ce Fa&teur feroit immanquablement puni de mort, ils n'avoient rien voulu entamer qui le regardât. Car fes injuftices étoient fi criantes, que nonobftant que fa Sœur fut une des femmes de ce Monarque

on ne doutoit pas qu'il n'en fût punt; & fans doute que le Confequidonne n'y vouloit pas donner lieu, ni ofenfer cette *Sœur. xlies que tustior) sqra

Notre conje&ture fe trouva être véritable car on étoit perfuadé que fi ce chef de notre Requête étoit propofé à l'Empereur, il voudroit en favoit la cause, & faire éxaminer de qui nous nous plaignions, & qui étoient ceux qui nous traverfoient, & qui nous empêchoient d'agir en pleine liberté, ce qui auroit don né lieu à un examen de toute la conduite du Saphidonne.

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Amfi nous nous trouvâmes' fort embaraffez, ne voiant point de jour à réïtérer notre demande, outre que de nouvelles procédures nous auroient beaucoup. retardez. Néanmoins nous ne pûmes nous réfoudre à laiffer une afaire pour laquel le nous avions fait tant de dépenfe, & entrepris un fi pénible voiage; & nous prîmes le parti d'y revenir, quoi-qu'en pareille ocafion il n'y eût point eu de Japonnois qui eût ofé l'entreprendre, & quicût pû obtenir une nouvelle audience.

Les deux paffeports pour les vaifféaux qui pourroient venir au Japon, étoient conçûs en termes fort favorables. En voici la teneur : Nous ordonnons & a commandons par ces Préfentes, très

૩.

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expreffément à tous & chacun de ceux" qui font fous nôtre domination, de n'in- " quiéter en aucune maniére, ni donner " aucun empêchement aux vaiffeaux Hol-" landois, qui viendront dans nos païs du " Japon, en quelque lieu ou Port que ce " puiffe être; mais au contraire de les traiter favorablement, & de les affilter en tout ce qu'ils pourront requérir; défendant à tous nos Sujets d'en ufer avec s eux autrement que comme avec des amis, dequoi nous leur avons donné " nôtre parole & promeffe, qui ne pour-" ra être violée par qui que ce foit. Daté, “ felon le ftile du Japon, l'an 1611. le "< 25. jour du feptiéme mois. Et c'étoit fuivant nôtre file, le 30. d'Août. Nous " en avions demandé deux femblables, afin d'en laiffer un à Patane, & l'autre à Bantam.

*

Le 1. de Septembre, Specx & Adamfz allérent trouver le Confequidonne, & le remercier de la prompte expédition. Il leur demanda fi nous étions contens des paffeporis, & quand nous voulions partir. Ils lui répondirent que les paffeports étoient tout-à-fait favorables, mais qu'il y manquoit une claufe qui étoit que nos vaiffeaux puffent être déchargez, & nos éfets vendus, fans être fujets à aucuns vifiteurs ni infpecteurs; ce qui étoit la principale faveur à quoi nous afpirions. Le Pré

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fident leur répondit que nous n'avions rien à craindre à cet égard, & que perfone n'entreprendroit de nous inquiéter.

Il leur affura qu'il avoit écrit fur ce fujet au Saphidonne, fachant bien que. c'étoit-là l'épine que nous avions dans le pié, quoi-que par certaines confidérations, nous ne l'euffions jamais nommé.. Sur cette ouverture, ils le priérent, que pour plus grande affurance, il lui plût de nous donner une Acte de fa main fur ce. fujet, s'il jugeoit qu'il y eût trop de peine à fe pourvoir encore devant l'Empereur. Il leur repliqua que cela n'étoit point néceflaire, & que s'il furvenoit quelque difficulté, il ne falloit qu'écrire à M. Adamfz, qui étoit ordinairement à la Cour, & eftimé de S. M. & qu'il promettoit que dès que M. Adamfz lui parleroit, il nous feroit donner fatisfaction, & obtenir le feau de l'Empereur.

Ils le remerciérent, & lui dirent que nous nous repoferions fur fa parole; mais que néanmoins une telle afaire, nous feroit d'un fort grand préjudice, parcequ'elle empêcheroit nos vaiffeaux de partir dans la faifon convenable, & que s'ils ne partoient entre le huit & le neuviéme mois il falloit qu'ils fiffent cinq ou fix mois de féjour à Patane. Le Préfident Foiant qu'on infiftoit fi fort, dît que puif

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