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puis nous allâmes exprès à Sackar, Ville fort marchande, qui eft à 3. lieues d'Ofacko, & que nous voulions voir, afin d'aprendre le cours & le prix des marchandises. Nous y arivâmes fur le midi, & y trouey. vâmes Melchior van Santvoort, qui étoit un des gens du vaiffeau de Quaeckernácck, Icquel nous rendit tous les fervices qu'il pût. Enfuite nous retournâ mes au Fauxbourg de Kuffima, & le 1 2. nous defcendîmes fur la riviére à Dembo. Le foir du 14. nous couchâmes à Simmoiefecki. Le foir du 17. nous paffâmes.devant la Ville de Frougi, & allâmes ancrer au Port de Fellima. Le 18. nous arivâmes à Nangora, & le 19. après midi à Firando, où le vieux & le jeune Gouverneur nous envoiérent faire des complimens ; & de nôtre côté nous priâmes le Gent homme qui avoit été nôtre guide, d'aller leur en faire auffi beaucoup pour.. nous, & de leur rendre les lettres du Confequidonne, de Hotto Sionfabrondonne, & d'Itakura Froimendonne.

Sur le foir, Specx, Segertfz & Adamíz, allérent les voir l'un après l'autre. Ils fi rent paroître beaucoup de joie du fuccès. de nôtre voiage, & nous ofrirent leurs fervices d'une maniére qui nous fit connoître que les autres Seigneurs leur avoient écrit en nôtre, faveur. Ils font fort bien.

à la Cour, & eftimez de l'Empereur. Le 20. le Gouverneur fit retirer les. Gardes qui étoient toûjours demeurez, dans le vaiffeau, & nous fimes travailler à le décharger. Le 2 3. le Confeil des Officiers du comptoir & du vaiffeau réglé rent les préfens qu'il falloit faire, au vieux Gouverneur, au jeune, & au frére du vieux, aux deux Agens, au Gentilhomme qui avoit été nôtre guide, & aux deux Gardes qui avoient été dans le vaiffeau.

C'étoit une groffe afaire que ce qui regardoit le vieux Gouverneur : il y avoit long-tems qu'il faifoit des dépenfes de fa propre bourse en faveur de nôtre nation. Il y avoit 8. ans qu'il avoit fait équiper une jonque expès, à fes frais, pour tranfporter à Patane Quaeckernaeck & Van Santvoort, qui avoient obtenu permiffion de l'Empereur d'aller chercher les Hol landois leurs compatriotes, & les informer du commerce qu'ils pouvoient faire au Japon, & de la permillion que l'Empereur leur en acorderoit..

Cet équipement avoit coûté à ce Seigneur 1500. catis d'argent, ou 1875. réales de huit, dont il n'avoit pas eu un feul denier de profit. L'an 1609. lorfque les vaiffeaux le Lion avec le Faiffeau de Fléches, & le yacht le Griffon, furent venus Firando, & qu'il fallut qu'ils envoiaf

fent des Députés vers l'Empereur, pour Jui demander la liberté du commerce; ce même Seigneur leur donna une galére avec 56. rameurs à fes dépens, pendant deux mois, & la galére fe trouva tellement incommodée, à caufe du gros tems qu'ils avoient eû, qu'il la fallut dépè

cer.

Outre cela il fit la faveur à nos gens d'acheter la foie & le poivre que ces vaiffeaux avoient laiffé, afin feulement d'empêcher que le Saphidonne ne mît les mains deffus, ainfi qu'il aurcit fait fans doute, puis qu'aucun Marchand n'auroit ofé en acheter fans fa permiffion. On favoit mê me qu'il avoit perdu fur les foies. De plus, lui & le jeune Gouverneur avoient fait la dépenfe des barques qu'il avoit fallu envoier à la Cour, pour donner avis de la venue des vaiffeaux, l'année 1609. & encore cette fois.

Cependant on peut dire qu'il n'avoit rien retiré de tout cela, les préfens qu'on lui avoit faits la premiére fois aiant été très-peu de chofe. Au contraire les Chinois, pour qui il n'avoit point de dépenfes à faire, étant venus l'année précédente à Firando, avec o. petites jonques,. lui avoient aporté plus de 400 o. livres de profit.

Toutes ces chofes faifoient voir qu'il

falloit qu'il eût une finguliére afectionpour nous; car s'il eût marqué au Confeil de l'Empereur le moindre mécontentement de notre conduite, il eft conftant que nous n'y aurions trouvé ni accés ni faveur. Nous nous excufâmes donc envers lui fur le peu de valeur de nôtre cargai fon, l'affurant que la premiére fois on ne manqueroit pas de lui faire mieux connoître combien nôtre nation étoit fenfible aux obligations qu'on lui avoit ; & cependant nous le priâmes d'accepter nôtre préfent, qui ne laiffoit pas d'être confidérable par raport à notre vaiffeau, & qui confiftoit en une demie piéce de drap rouge cramoifi; une piéce de carifaye rouge; 2. piéces de fatin femé de petites rofes; une piéce de damas; 5. piéces d'armoifin blanc de foie crue; soo. catis de plomb; 50. billes d'acier ; une dent d'éléphant ; 3. bouteilles de verre ; un moufquet de bord. Ce vieux Gouverneur fe nommoit Foie Samma.

Après-midi nous allâmes préfenter au jeune Gouverneur 14. aunes de drap cramoifie; une piéce de carifé rouge cramoifie; une piéce de fatin femé de petites rofes; trois piéces de damas blanc; troispiéces d'armoifin blanc de foie cruë; 200. catis de plomb; une dent d'éléphant ; 50. billes d'acier; 3. bouteilles de verre.

Nous prefentâmes à Novo Sau Samma, frére du vieux Gouverneur, une piéce de carifaye rouge; z. piéces d'armoifin noir; une pièce de fatin femé de petites rofes; une piéce de damas, un morceau de diap d'er; 100. catis de plomb. Enfuite nous fimes les préfens aux Agens & aux Gardes, qui ne pûrent être confidé rables, à caufe du grand nombre de gens à qui il falloit donner.

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Le 27. du même mois de Septembre 1611. nous fimes choix des gens que nous voulions laiffer à Firando, & donnâmes les ordres pour les bâtimens qu'il y falloit faire. Le 28. nous nous rendîmes à bord du yacht le Braque, & nous fîmes voiles à Patanç.

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