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MEMOIRE

TOUCHANT

LES ISLES DE BANDA

C

OMME les afaires qui nous ont été fufcitées par les Efpagnols & par les Portugais, dans les Indes Orien tales, ne font pas les feules que nous y avons cûës, nous avons été fouvent obligez de nous défendre, contre les autres Chrétiens de divers Roïaumes qui y trafiquent; mais fur tout il a fallu nous armer à tout moment contre l'inconftance & l'infidélité des Rois Indiens, qui font en grand nombre, & qui ne font nulle difficulté de violer leurs fermens, leurs Traités & leurs alliances. Les grands démêlés & les guerres que nous avons eû à soutenir contre tant d'ennemis, ou conjoinment, ou tour-à tour, contre tant de di verfes nations, qui n'ont pas eu plus de bonne foi dans ce qu'elles ont dit que dans ce qu'elles ont fait, nous ont fouvent rendus les objets de la médifance des peu

ples de ces païs-là, peut-être de la plus grande partie de l'Univers. On nous a voulu faire paffer pour la caufe de tous les troubles qui fe font élevez de nos jours dans les Indes, & je fai qu'on nous a calomniez fur des points où je puis dire, fans vanité, que nous méritons une loüange éternelle de patience, de conftance, & de probité, au lieu du blâme dont on ofe nous charger, fans favoir le détail de ce qui s'eft paffé.

Il n'eft pas poffible de remédier toutà-fait à ce mal; & d'ailleurs il arive rarement que les remédes qu'on emploie foient éficaces. Néanmoins il ne faut rien négliger, & quand l'ocafion s'en préfente il faut y apliquer ceux qu'on a en main. Les afaires qui arrivérent dans l'Ifle de Banda l'an 1621. & quelques années auparavant, font du nombre de celles fur lefquelles on a tâché de nous décrier. Nous allons en raporter ici la vérité, afin que nous n'aïons pas à nous reprocher de n'avoir pris aucun foin de notre réputation; & nous confeillons à ceux qui font inftruits du détail des autres évenemens qui nous regardent, de faire comme nous, & de mettre au jour l'innocence de la conduite de nôtre nation, quand elle eft acufée injuftement, laiffant enfuite à Dieu, à qui la vérité

eft connue, le jugement de ceux qui continueront à nous calomnier.

Par un Traité d'Alliance du 10. d'Août 1609. fait entre les Orancaies & Seigneur de toutes ces Ifles, & les Seigneurs Etats Généraux des ProvincesUnies, elles furent mifes fous la prote&tion de L. H. P. à condition de les défendre contre les Portugais & leurs autres ennemis ; & en conféquence les habitans demeurérent obligez de porter au Fort de Naffau, ou aux Commis, de la Compagnie, tous leurs fruits, & de les leur livrer au prix qui eft fixé par

le Traité.

Ces conditions furent accomplies pendant quelque tems; mais enfuite ils ne voulurent plus y avoir d'égard. Nonfeulement ils portérent ailleurs leurs fruits, mais ils pillérent les comptoirs, ils maffacrérent nos gens, même contre la foi des nouvelles promeffes qu'ils avoient faites, & de la liberté qu'ils a voient folemnellement acordée. Ces maffacres furent faits en divers tems, en divers lieux, & en diverfes perfonnes de nos principaux Officiers, des Commis & des Serviteurs de la Compagnie.

Ils prirent nos petits bâtimens, quand ils en trouvérent l'ocafion : ils s'emparérent de places & de païs qui nous apar

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