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rérent que le canon avoit été fervi par un Canonier Anglois, qu'ils l'avoient vû diftin&tement & reconnu. Les Anglois eurent recours au déni, ainfi qu'on a coûtu me de faire dans une afaire fi peu honnête.

Cet incident aiant obligé le Général à changer de deffein, il réfolut d'aller faire la defcente fur la côte interne de Banda, d'y camper, & de faire dreffer une batterie fur la montagne. En éfet, le 8. de Mars 1621. il y eut 17. compagnies qui débarquérent entre Combre & Ortatte. Enfuite elles marchérent le long du rivage, jufqu'à la portée d'une batterie de trois piéces de canon qui avoient été prêtées aux Infulaires par les Anglois. Si Fon fe fût avancé davantage, cette battesie nous auroit emporté beaucoup de gens. Il n'y avoit donc point de place où l'on pût camper fûrement, les ennemis étant maîtres de la montagne qui commandoit tous les lieux voifins, & l'on ne voioit aucun chemin pour aller les en chaffer. Celui par lequel nos gens y avoient monté, trois ans auparavant, étoit coupé de trois retranchemens bien gardez. Ainfi les troupes furent contraintes de fe rembarquer. Les Bandanois leur laifférent faire leur retraite fans les incommoder, mais non pas fans s'en moquer; & comme ils crurent avoir la victoire,

ils renvoiérent leurs femmes & leurs enfans à Lontor,

Le canon des Anglois aiant fait échoüer ces deux projets, il fut réfolu qu'on donneroit un affaut général aux deux côtez de l'Ifle en même tems, fur la côte interne avec 6. compagnies, & avec 1 o. autres fur la côte méridionale: qu'on feroit la defcente au premier endroit une heure avant que de la faire au fecond, enfin d'y atirer les ennemis: que cependant une compagnie de gens choifis, qui s'ofroient volontairement pour cet éfet, marcheroit du côté du Nord, & tâcheroit de monter fur la montagne, & que quelques-unes des au→ tres feroient la même tentative par d'autres endroits. Il y eut 3 30. hommes or donnez pour demeurer à la garde de 30. tingans, qui devoient fervir à mener les Io. compagnies à la côte méridionale.

Le 1 1. de Mai, les 6. compagnies allérent encore débarquer, à la pointe du jour, entre Combre & Ortatte. Auffitôt le Capitaine Vogel, à la tête d'une troupe des meilleurs foldats, aiant marché vers la montagne, ils commencérent tous à monter. Mais ils trouvérent tant de réfiftance, qu'ils confumérent toute leur poudre, & fe virent dans un grand danger. Néanmoins aiant été bien fecondez du refte de leurs gens, les ennemis

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lâcherent le pié peu-à-peu, quoi-qu'en difputant toûjours le terrein.

Pendant que cela fe pafferoit, les dix autres compagnies aiant débarqué de leurs 30. tingans, dans une petite anfe, au côté méridional de l'Ifle, les uns montérent fur les rochers avec des échelles, & les autres fans échelles. Lorfqu'ils furent au haut ils marchérent vers la Ville, & y entrérent par derriére. Ils ne trouvérent de résistance, qu'une décharge de 10. à 20. moufquets, que fit fur notre avant-garde une troupe de coureurs qui tuérent un homme & en blefférent quatre ou cinq.

Ily avoit déja long-tems que la Ville étoit prife par les 10. compagnies qui avoient débarqué au Sud, fans que les Bandanois, qui fe battoient contre celles qui avoient fait defcente de l'autre côté, le fçuffent encore. Dès que les habitans de Madiangi, Luchui, Ortatte, & Sammar, en aprirent la nouvelle, ils abandonnérent les lieux de leurs demeures, & s'enfuirent. Les Lontorois, qui voioient de deffus leur montagne les 3.0. tingans croioient qu'ils étoient-là feulement pour faire le tour de l'Ifle, comme on avoit déja fait deux fois auparavant. Ainfi ils ne s'en mirent pas en peine, & fe laifférent furprendre en plein jour.

Lorfque Lontor & les 4. autres pla

ces ci-deffus nommées furent prifes, le refte des Bandanois, favoir ceux de Sammar, de Combre, d'Ouwendendre, de Waïer, des Ifles de Roffigni & de Pulo ron, demandérent grace. On leur promit de leur pardonner, à condition qu'ils démoliroient leurs murailles & leurs Forts, & qu'ils rendroient leur canon, leurs moufquets, leurs fufils, &c. ce qu'ils firent. Après cela ils s'affemblérent, & reconnurent par un Traité qui fe fit, que leur païs apartenoit aux Seigneurs Etats Gé néraux, tant par droit de conquête, que par la ceffion qu'ils leur en faifoient, promettant de les reconnoître à perpétuité pour leurs légitimes Souverains; de leur être fidelles; d'obéir à tout ce qui leur feroit commandé de leur part; & déclarant que jamais auparavant. ils n'avoient reconnu, aucun autre Souverain..

Pour ceux de Lontor, ils s'enfuirent, & fe tinrent cachez parmi les habitans. des autres Ifles, & dans des lieux écar tez. Mais enfin ils firent auf demander. pardon, & on le leur acorda aux mêmes conditions qu'aux autres. Néanmoins ils ne fe hâtérent pas de les éxécuter; au contraire ils firent de nouveaux complots, & tâchérent de rallumer le feu de la rebellion. Le Gouverneur les voiant dans cette obftination, les fit tous affem

bler fur le rivage, & leur dit qu'il vou loit les faire tranfporter dans un autre endroit, où ils habiteroient en pleine liberté de Bourgeois & où ils emporteroient , tout ce qui avoit été trouvé dans leurs maifons.

Il y en eut une partie qui déclara qu'el le étoit prête d'obéir. Les autres s'enfuirent au plus haut de la montagne de Banda, où plufieurs fugitifs des autres places allérent les joindre. Ils tuérent un Souscemmis Hollandois, un Affiftant & un jeune garçon. Mais on prit de telles mefures qu'ils furent bien-tot affamez fur leur montagne, & contrains de fe rendre.

Ainfi toutes les Illes de Banda pafférent fous la domination des Etats. Mais on ne fit point de changemens à Puloron, ni on ne Pataqua point, parce que les habitans n'avoient pas remié. Cependant les Anglois avoient fait, en leur faveur, plufieurs barteries de neuf piéces de canon, dans une certaine petite Ife, qui joignoit la leur & ils y avoient fait des retranchemens avec des huttes, où ils fe retiroient. Ces. Infulaires étoient obligez comme les autres, par le Traité, de rendre toutes leurs armes, & ils obéirent fans s'y faire contraindre.. Mais nos gens ne voulurent point parler du canon qui étoit dans la petite Ifle afin de ne donner occafion à aucun différent avec les

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