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Anglois, dont le commandant nommé Omphry Filts Herbour, qui montoit le vaiffeau alors à la rade d'Amboine. Lorsqu'on y eut reçû les nouvelles de la victoire de nôtre Général, il fit tirer onze coups de canon, pour nous en féliciter.

Ce recit eft la pure verité de ce qui s'eft paffé à Banda, & l'on défie tous les calomniateurs de faire voir que les affaires y aient été traitées autrement. Les premiers Traités ont été très-volontaires. On s'eft armé pour leur exécution, lorfqu'ils ont été enfreints d'une maniére perfide, cruelle & inhumaine ; & l'on n'a rien atenté contre les droits de la Compagnie Angloife, qui ne fauroit prouver qu'elle en ait qui renversent ceux qui nous font aquis par nos Traités & par nos armes.

De l'état de l'Ifle Borneo, & de ce qui s'y eft paẞé l'an 1609.

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Ous partîmes de Bantam le 19. de Novembre 1608. & nous rencontrâmes proche de Luzapara le vaiffeau Le Petit Soleil qui venoit de Patane. Lorfque nous fumes proche de Monte de Monapin, nous trouvâmes que la force des courans augmentoit tous les jours, & qu'ils portoient au Sud, par un vent frais de Nord; ce qui nous fit prendre le parti de

porter! le cap au Sud de Banca & de Billeron, & nous terrîmes ici, (à Succadana, dans l'Ifle Borneo) le 17. de Septembre.

Sept ou huit jours aprés, nous convîtaïels d'or, pour

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mes avec la Reine, a tout ce qui feroit:

les droits de douane,

déchargé & vendu de nôtre cargaifon, dans fon païs, durant un an. Mais à l'é gard des autres vaiffeaux, & de nouvelles marchandifes qui pourroient y venir,. lės droits en devoient être paiez.

Nous y trouvâmes encore les Ambaf, fadeurs de Bengermarffin, qui n'étoient pas fort fatisfaits de leur négociation; car ils croioient qu'on leur livreroit, nos gens, & qu'ils les emmeneroient. Maisau contraire la Reine & les Méterins avoient obligé ces Ambaffadeurs à deur acorder un fauficonduit, & même à con dition que dans la paix, qui fe feroit en- ! tre elle & le Roi de Bengermarffin, Simon qui étoit prifonnier en ce païs-là, y feroit compris, & qu'il feroit-incef-> famment renvoié, & remis entre les mains: de la Reine; ce que les Ambaffadeurs avoient promis.

Outre cela la Reine & les Méterins les avoient fait confentir que le yacht demeureroit encore 3. jours aprés leur départ. Enfuite des Ambaffadeurs fe

retirérent avec deux pirogues, laiffant leur jonque après eux; & le 17. le yacht remit à la voile, pour continuer fon voiage à Amboine & à Banda..

Il y a ici une fi grande fraïeur parmi le peuple, & ils craignent tant les habitans de Bengermarffin, qu'à peine ofe-t'on fe mettre en mer, chacun apréhendantd'être pris & tué.

Tous les jours on reçoit des nouvelles & des alarmes vraies ou fauffes. L'un a vû 4. ou 5. voiles on mer.. L'autre a oüi dire que nous avons pris une jonque de Bengermarffin, & que nous en avons tué tout l'équipage, & peut-être, fi cela étoit arivé, nos gens auroient-ils bien fait; mais cependant on jetteroit une grande. épouvente dans ce païs-ci.

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Lorfque le yacht viendra, il vous plaira de vous informer du Pilote Georges Paulufa van Candyen, qui a pris en cachette, dans la chambre du Capitaine, à Bantam, une petite carte de cette côte, qui m'apartient, & qu'il a portée aux Anglois, qui l'ont contrefaite, ainfi que je l'ai apris; car la route de ce païs-cis'y eft troue vée toute piquée de petits trous; ce qui fait connoître qu'ils Font prife. Quand on en parla au Pilote, il dit qu'il l'avoit fait voir à des amis, & pon à des ennemis, & que nous ne devions pas trouver mauvais

que nos amis cherchaffent à faire leurs afaires, auffi-bien que nous.

Vous verrez ce que vous aurez à faire à cet égard; mais je ne doute pas que les Anglois ne viennent ici. Dans les chofes que vous aurez à demander, ou à traiter, il eft bon que de tels gens que ce Pilote, n'aient connoiffance de rien, puis qu'ils font fi peu fidéles à leurs Maîtres. Je ne doute pas qu'il n'ait reçû de l'argent des Anglois, pour les informer exateinent de cette route.

J'ai entretenu plufieurs fois Quiai Area Commandant de Landa, au fujet du commerce de ce lieu-là. Mais je ne voi point encore de fondéement folide, furquor l'on puiffe apuïer; car les habitans dépen dent tellement de ceux den Succadana qu'ils n'ofent rien entreprendre fans le confentement de ceux-ei. Il m'a donné les connoiffances du cours de la riviére, & montré de quel côté il faut naviguer pour demeurer dans le canal bù eft la profondeur, & jufqu'où on la peut remonter. I pourroit nous venir trouver dans ce lieu-là, pour trafiquer avec nous. Si nous pouvions faire cet établiffément, il faudroit abandonner Succadana; mais il n'eft pas encore à propos d'y penfer. II faut que nous aions auparavant un endroit fixe, où nous bâtiffions une loge..

Il m'a dit aufli qu'on peut naviger juf qu'à Teïe, qui eft fur la riviére de Lauwe, où il y a une autre petite riviére qui coule vers Landa, m'affurant que fi nous voulions y aller, nous n'aurions qu'à le faire avertir de notre arivée, & qu'il iroit nous trouver où nous ferions. Je croi que fi l'on faifoit quelques préfens à ceux de Succadana, ils nous per- ' mettroient bien d'aller à Teïe.

Le même Quiai Area m'a parlé, auffibien que plufieurs autres de Landa, d'un lieu nommé Sadong, qui eft au Nord de Sambas, & fous la domination du Roi de Borneo, d'où l'on peut aller par terre, dans un jour à Landa, où il a promis qu'il iroit trafiquer avec nous; & felon qu'il me l'a fait efpérer, Chili Pahang iroit auffi, ou bien à Manpana, qui eft au Sud de Sambas, ainfi qu'il me l'a auffi dit. C'eft, ce me femble, la meilleure voie qu'il y ait à prendre, pour trafiquer. avec ceux de Landa. Touchant tous ces païs-là, favoir, Sadong, Manpana, Sambas, Borneo, & Tere, il vous plaira d'envoier vos ordres par le yacht qui viendra ici.

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Chili Pahang a une grande quantité de pierreries, aiant acheté prefque toutes. celles, de ceux de Landa qui ont fait ce. voiage. U y avoit, entr'autres, deux pierrest

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