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Le Roi de Johor qui doit faire circoncire fon fils, a invité à cette cérémonie tous les Princes fes vaffaux & fes amis, au nombre defquels eft le Roi de Sambas. Je me propofed'y aller auffi, pour traiter avec lui, & avec les autres Rois qui y feront, felon les ordres des Sieurs Directeurs; car fon païs eft propre pour entretenir commerce à Landa, où l'on prend les diamans, puifque la Reine de Succadana ne nous veut pas permettre d'y alfer; & je fuis d'avis qu'on prie le Roi de Sambas de nous en donner la permiffion par fon païs, ou bien de tenter quelque autre voie.

L'Amirál van Caerden allant de Machiana Ternate, a été repris par les Efpagnols, & mené au Fort de Ternate: It a été trahi encore cette fois par fes gens, car la premiére fois qu'il fut pris par les galéres Efpagnoles, il n'y eut aucun de fes gens qui, voulût fe battre.

Le même Bloemart eft parti de Succadana pour aller à Sambas, & il y eft arrivé le premier de Juillet 1609. Il a fait fes propofitions au Roi, & des ofres avantageufes, fice Prince pouvoit atirer dans fon païs le commerce des diamans. La propofition en aiant été favorablement écoutée, on a envoié une pirogue aux Sauvages chez qui les diamans fe trouvent, & on leur a ofert de les laiffer trafiquer

avec nous à Sambas librement, & fans paier aucuns droits.

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On a encore commandé une autre pi rogue pour aller à Manpana, avec des lettres qui contenoient les mêmes ofros, pour faire tenir par terre de Manpana à Landa. Celle qui étoit allée dans le païs des Sauvages, a été 2 2. jours en fon voia ge, & a raporté qu'ils ont promis de ve nir à Sambas dans le feptiéme mois, felon leur compte qui doit être les mois d'octobre prochain & de traiter avec le Roi. Disq not reg noll Leo. d'Août 1609. il eft arrivé une pirogue des Sauvages) à Sambas, pour prier le Roi d'aller à la montagne proche de laquelle les diamans fe prement, afin de traiter avec leur Prince. Ils ont même envolé une montre d'un diamant qu'ils difent être du poids de dix coupans, qui eft entre 30. & 40. carats, & ils ont mandé qu'ils en ont une affez grande quantité depuis quatre carats jufqu'à 24.

Le Roi ne néglige rien. Il fait fes préparatifs pour aller au rendés vous. Ce qu'il demande principalement de nous eft du canon & des munitions de guerre, & que nous bâtiffions un Fort furt fes terres. Car il croit que fi le commerte des diamans fe fait dans fon païs, cela lui atirera des ennemis fur les bras ;

parce qu'il a des alliances entre ceux de Borneo & les Portugais, & que ces der niers donnant du fecours aux autres, il n'auroit pas affez de forces pour leur résifter, fi nous ne nous joignions pas avec lui. Je lui ai promis que s'il peut obtenir que le commerce des diamans fe faffe en fon païs, nous lui prêterons tout le fecours qu'il nous fera poffible; contre fes ennemis & les nôtres.

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Ce Prince m'a dit que fi nous défirions de l'or, on pouvoit facilement aller de fon païs à Pahang, où il y en a beaucoup parmi le fable, de même qu'à Siam. Cet avis mérite qu'on y faffe réflexion, car fans or on ne fait point bien ici fes afaires.

Ileft arrivé de Landa quelques pirogues à Succadana, qui ont aporté une affez petite partie de diamans: mais elles y ont aporté les lettres que le Roi de Sambas avoit écrites à ceux de Landa; & l'on n'a pas craint d'y ajoûter que ce Prince avoit deffein de fe rendre maître de leur païs, par nôtre fecours. Cette nouvelle a fort irrité la Reine, qui a réfolu d'y envoier dix pirogues, avec deux ou trois mille hommes, pour la défense du lieu.

Elle m'a déclaré tout ce qui fe paffoit, & m'a dit que nous avions pour but de ruïner fon païs. Je lui ai dit que ce n'étoit nullement nôtre penfée, que nous étions des

Marchands, qui cherchions des diamans à vendre, foit à Succadana, foit à Sambas, ou ailleurs que fi le Roi de Sambas a écrit quelque chofe en nôtre nom, c'eft affurément fans nôtre participation, ce qui l'a un peu apaifée. Quoi qu'il en foit, ces gens-ci font fort fanguinaires, & il faudroit peu de chofe pour les porter

à nous maffacrer.

J'ai propofé à la Reine de faire un Traité avec elle; mais elle n'y veut point entendre. Elle dit qu'il lui eft égal que nous trafiquions ici où ailleurs, que cela ne lui importe nullement, Elle a fait défendre aux gens de Landa de venir à nôtre comptoir. Je ne fai pas ce qui arivera de tout ceci. Il faut tâcher à demeurer amis de cette Cour, jufques à ce qu'on trouve mieux ailleurs.

Enfin on a conclu un Traité avec le Roi de Sambas, figné dans fa Ville le 1. d'Octobre 1609. par Samuel Bloemart, au nom des Etats Généraux, du Prince Maurice, & des Sieurs Directeurs de la Compagnie.

Les habitans de Calca, de Séribas, & de Melanouge, fe font revoltez contre le Roi de Borneo, de qui ils dépendoient, & fe font foumis au Roi de Johor. On trouve dans leur païs beaucoup d'or, de -pierre de bezoüard & de perles ; ce qui me fait prendre la réfolution d'aller

vifiter ce païs-là ; car il faut de l'or pour faire le commerce des diamans, qui eft nôtre principale vûë.

Le Roi de Borneo fe prépare à venir ataquer Sambas, avec 150. pirogues, ce qui éfraie beaucoup les habitans de cette derniére place. Ils avoient déja cherché des pirogues pour s'y embarquer & s'enfuir mais à la venue du yacht ils ont repris courage, & commencé à fortifier deur Ville. Le Roi demande avec inftance que nous y faffions bâtir un Fort. L'équipage du yacht a aufli murmuré de ce qu'on le vouloit obliger de fe battre contre une telle multitude de pirogues, dont on ne pourroit fe débaraffer. Cette circonftance nous a obligez de débarquer le canon, &, de faire des batteries fur une pointe de la Ville, d'où l'on peut battre tout le long de la riviére. Cependant il n'a point paru d'ennemis.

Je fuis allé à Crimata, dans le yacht,

pour acheter des outils avec d'autres chofes qui font de requête à Sambas, & de la viande pour faler. Dès que la Reine fut que nous étions partis pour y aller, elle envoia défendre au Gouverneur de laiffer trafiquer perfonne avec nous. Ainsi l'on n'a pas feulement voulu nous vendre une pipe de tabac, la défense étant fur peine de l'amende d'un taïel d'or & un quart;

ce

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