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On y fait par ce moien la récolte en toute fureté.

L'Ifle Mothir, ou Motier, qui gît entre Tidore & Machian, eft demeurée longtems prefque déferte, à caufe de la guerre qui étoit entre les habitans de Tidore & ceux de Ternate. L'Amiral Wittert y a bâti un Fort, au bout feptentrional, à la priére des Ternatois, & l'a peuplé en partie des naturels de l'Ifle, qui s'en étoient fuïs à Gilolo, & de tous les habitans de Gane, qui gît proche du bout oriental de Gilolo, vers Bachian, lefquels relevoient de Ternate. Le nombre des habitans de Mothir eft d'environ 2000.

L'Amiral van Caerden fe rendit maître de l'Ifle de Machian. On y a fait trois Forts, celui de Taffafo, qui eft au côté Occidental; celui de Noffagina, qui eft au côté feptentrional, & celui de Tabillola, qui cft au côté oriental. Ils font tous trois bien peuplez, ainfi que quelques autres petites Villes, qui font autour de l'Ifle. Je croi qu'il y a bien en tout 9000. ames, en y comptant les habitans de Caïoa qui y furent tranfportez l'an 609. parce qu'ils n'étoient pas en fureté dans leur Ifle.

Machian eft la plus fertile des Ifles Mouques, tant en clou, qu'en autres denrées. Elles produit assez de fruits pour ses

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habitans, & pour en faire part à fes voi fins, fur-tout à ceux de Tidore & de Ternate où il ne s'en recueille guéres. Ce n'eft pourtant pas par la nature du fonds, c'eft par l'humeur des habitans, qui ne veulent pas s'adonner à l'agriculture, qu'ils tiennent au-deffous d'eux. Ils ont le cœur haur, & aiment les armes & la guerre. Auffi l'ont-ils prefque toûjours enfemble, pillant & piratant fans ceffe les uns fur les autres. Chacun de ces deux peuples forme à tout moment d'ambitieux deffeins, & ne s'ocupe qu'à faire des é forts pour fe foumettre toutes les autres Ifles. Mais ceux de Machian & de Mothir s'adonnent plus au travail, & cultivent mieux leurs païs.

Bachian eft un Roïaume indépendant L'Ifle eft de grande étendue & prefque déferte. Elle produit abondance de fagu & de fruits. Le peu de gens dont elle eft peuplée, font des négligens & des fainéans qui ne penfent qu'à leurs plaifirs. C'est par cette raifon que d'un puiffant Roïaume qu'elle étoit, elle eft devenue une Ifle prefque inhabitée. Par cette même raison, le clou de gérofle, dont elle produit quantité, y périt, n'y aiant pas affez de monde pour le recueillir.

Autrefois elle a été en alliance avec les Portugais & avec les Efpagnols, qui

avoient élevé un Fort à Labova., & y tenoient ordinairement une garnifon de vingt Efpagnols. Il y demeure encore dix Lept familles Portugaifes, & quatre-vingt Labovaifes, toutes Chrétiennes. Un de nos Vice- amiraux le prit l'an 1600. au mois de Novembre, & depuis ce tems-là y a toûjours eu une fufifante garnison de nos gens.

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Plus avant dans les terres il ne nous eft demeuré qu'une place nommée Gammedourre, fort peuplée, aux habitans de laquelle fe font joints Sabongo, & fes fujets, qui ont abandonné le parti des Ef pagnols. C'eft à leur requête que nous avons fait fortifier cette place, & nous y tenons une garnifon de trente foldats on plus, felon le befoin.

Toutes nos places font fufifamment pourvûës de gens, tant que nous ferons en bonne intelligence avec les habitans: mais il eft à craindre que cela ne continue pas, parce que lorsqu'ils nous ont apellez, ils nous ont fait de grandes promeffes, qu'ils n'ont pas éfectuées.

Le Traité que nous avons fait avec eux nous eft avantageux. Il y a un article par lequel ils nous cédent tous les tributs. qui fe levent tant fur les originaires du

païs, , que fur les étrangers, afin de nous Tembourfer de nos dépenfes, tant aux for

tifications, qu'en d'autres ocafions qui les regardoient & à nôtre égard il y a pleine franchife & immunité de tous droits. Mais il y a déjà une partie des Nobles qui difent que cela s'eft fait fans participation, & ils animent le peuple contre

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Outre cela ils nous ont fait bien d'autres promeffes, qu'ils n'ont pû executer, dequoi nous ne fommes pas fatisfaits. D'ailleurs les Ternatois étant un peuple fier, qui a autrefois commandé à tous fes voifins quelques abatus qu'ils foient, ils ne peuvent pas foufrir fort patiemment le joug qui leur cft impofé, bien qu'il foit fort leger, & que nous ne prétendions nulle1 ment leur en impofer un pefant. Au con traire, ils voudroient bien fe fouftraire, & nous maîtrifer nous-mêmes, & avec cela l'infidélité leur eft comme naturelle, ainfi qu'à tous les Maures.

Avec les autres moiens qu'on peut em ploier pour les tenir en bride, celui-ci doit être particuliérement pratiqué, favoir; De laiffer les Maures fe confumer &c. fe détruire eux mêmes en partie, par les guerres qu'ils fe font, fans nous en mê ler, qu'en cas de grande néceffité. D'a merer aux Moluques de nouveaux Chrétiens de Céram & des autres Ifles, pour remplacer le nombre des habitans qui:

périffent. D'inftruire avec beaucoup de foin & de zéle les peuples dans la Réligion Chrétienne, & d'y en atirer le plus qu'on pourra. Car par-là, en fatisfaisant aux devoirs de fa confcience, on use d'une très-bonne politique, puifque les liens de la Réligion atachent fortement les hommes les uns aux autres.

A l'égard de l'état de nos ennemis aux Moluques, & de ce qu'ils y poffédent, les Efpagnols font maîtres de la Ville de Gammalamma, dans l'Ifle de Ternate l'aint enlevée aux habitans. Ils la nomment Neuftra Signora Di Rofario. Elle a une muraille & des baftions bâtis à picrre & à chaux. Elle eft bien pourvûë de canon & de munitions de guerre, qu'on y envoie des Manilles.

La garnifon eft préfentement de 200. Efpagnols & de 90. Papaugos, qui font des habitans des Philippines, bien exercez dans les armes, & fervant comme les foldats Efpagnols. Il y a encore 30. familles Portugaifes; 6o. à 80. familles Chinoifes, qui font diverfes manufactures; & 50. à 60. familles Chrétiennes des Moluques.

Ils ont un autre Fort entre Gammalamma & Malaïa, nommé SS. Pedro-& Paulo, fituée fur une hauteur, où il a fix piéce de canon. Il y en a trente- trois de fonte

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