venu des Moluques nous joindre le 3.d' vril, & le 5.-il a été réfolu de faire defcente au côté occidental du Fort, què nous avons battu le 7. d'Avril, avec 7 piéces qui tiroient inceffamment fur les dehors, dont les ouvrages étoient garnis de terre.

Le 9. Outre cette premiére batterie nous avons encore fait porter à terre deux autres canons auffi de fer, qui ont abattu une tour quarrée qui nous incommodoit beaucoup. Le 18. nous avons été renforcez du Patane qui eft venu d'Amboine, fur quoi nous avons fait fommer encore une fois la place, déclarant que fi elle ne fe rendoit pas, il n'y auroit plus de capitulation nide vie à efpérer pour perfonne: furquoi ils fe font rendus.

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Le 20. ils font fortis du Fort avec armes & bagages, & nous ont laiffé la moitié de leurs marchandifes, & toutes les munitions de guerre, qui confiftoient en fix barils de poudre du poids de 7. quinun gros canon de fer, qui avoit été aporté de Goa, une piéce de fonte, 8. gros faucons de fonte, & quelques pierriers. Nous leur avons fait cette compofition, parce que nous avons apris que le fecours de leurs gens aproche de Timor, & qu'il feroit difficile d'empêcher qu'il n'entrât dans le Fort, vû que ce que

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nous avons de Hollandois eft affez ocupé; & pour les Noirs, il ne faut pas beau coup compter fur eux.

En fecond lieu, nous avons crû qu'il falloit ménager nos Soldats & nos munitions, à caufe des nouvelles que nousavons des ennemis, & que la place étoit en état. de fe défendre, & de faire périr beaucoup de monde. Il y avoit encore deux pipes de vin, & plufieurs grands pots d'a-, rack, avec beaucoup d'autres vivres. Ce qui les a fait réfoudre à capituler a été la préfence & la follicitation des femmes & des enfans.

Il eft forti du Fort plus de 1000.ames,& entr'autres, plus de 250. Noirs & Métifs capables de porter les armes, avec environ 30. Portugais tant fains que malades, & 7. MoinesDominicains.Le refte des Portugais eft revenu de Timor deux ou trois jours après que nous avons été maîtres du Fort, fi bien que quand ils y étoient tous, il y avoit environ 89. Blancs,. & 450. métifs. La capitulation porte que ceux qui voudront fe retirer à Malacca en auront la liberté

Tous les Portugais Blancs fe font retire hormis deux ou trois. Les autres Chrétiens Noirs fe joindront fans doute à nous. Nous fommes pourvus d'Interprêtes & d'autres gens propres pour trafiquer à Timor; mais le commerce n'y va pas fort bien.

Tome VII.

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Le Fort de Solor eft avantageufement fitué fur une hauteur, au bord du rivage. Les dedans font de bonne maffonnerie. Il y a de chaque côté une valée affez profon de, fur tout celle qui eft du côté Orien tal l'eft beaucoup, & elle eft efcarpée. Celle qui eft du côté Occidental descend en pente douce vers les terres. C'eft-là que les Portugais avoient des ouvrages avan cez, de terre & de bois. Du côté de la derniére ils n'étoient renfermez que d'une muraille de maffonnerie, le lieu étant de lui-même d'un trop difficile accès.

Les habitans des lieux qu'ils poffé doient, étoient prefque tous des nouveaux Chrétiens. Ils étoient maîtres de plufieurs Villages, favoir de trois dans I'Ifle où étoit le Fort. Il y avoit 40. familles dans celui qu'on nomme Chérebare: il y en avoit 8o. à Pamancaie, & 30, à Louvelaings. Dans une autre Ifle qui joint prefque à celle-ci, ils poffédoient quatre Villages. Il y avoit 1000. families à Carmang; 3oo. à Lovococol; 100. à Lovoongin, & 300. à Mimba. Dans l'lfle même, il y avoit 200. familles à Sika, & 100. à Larentoncal.

Les armes de ce peuple font des arcs, des fufils, des boucliers & des fabres. Il y avoit dans chaque Village un Comman dant & un Prêtre qui gouvernoient, &

qui animoient le peuple contre nous. Enfin on nous avoit dépeint cette place & cette Ifle, comme beaucoup plus foibles qu'elles n'étoient. Mais aprés nous être engagez un peu trop legérement à cette en treprise, il n'y a pas eu d'aparence de reculer, & il a fallu faire de néceffité vertu Nous avons fait un grand coup, car il y a un très-bon commerce de bois de fantal à faire avec les Chinois.

Les habitans Mores qui fe font déelarez pour nous, ont dans les Ifles de Solor cinq petites Villes qui fe nomment Lamakere, Lamale, Toulon, Adenare, & Pratololi, qui ont dans leur dépendance quantité de païfans idolâtres. Les habitans d'Aude & de Sallelauvo ont auffi pris notre parti. Ceux-ci avoient tréve avec les Portugais, lorfque nous avons paru. Mais ils fe font déclarez contre eux, fe difant Sujets du Roi de Ternate.

Il y a parmi eux un perfonnage qui y eft Fort confidéré, qui fe nomme Kitebil. Il s'étoit fait Chrétien par force, & pour complaire aux Portugais qui avoient fait mou sir fon pére. Ces deux raifons font qu'il les hait mortellement. Il entretient une grande correfpondance avec les Rois de Botton, de Macaffar, de Bintam, & avec un Raïa Mena, qui eft le plus puissant des Rois de Timor, auprès duquel il

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nous fert. Les nouveaux Chrétiens demeurent toûjours afectionnez aux ennemis. Après avoir fait partir la plus grande partie des Portugais, je me fuis embarqué le 26. de Mai 1613.dans le Patane quia été accompagné du yacht & de la galiote, & nous fommes allez à Timor, pour trai-, ter avec les Rois qui font fur la côte intéricure de l'Ifle. Nous y avons mené Jean G. de Vrye, avec quelques Interprêtes qui fe font mis à nôtre fervice, & ont porté plufieurs marchandifes propres pour ce Hieu-là.

Nous avions pris terre à Timor le 4. de Juin 16 13. & aïant fait demander au Roi de Mena de pouvoir parler à lui, nous l'avons prié de traiter alliance avec nous, & avec les Rois de Ternate & de Botton, & les habitans de Solor. Nous lui avons aufh ofert de conftruire un Fort fur fes terres, moïennant que fes fujets nous y aident. Il nous a tout acordé, & a promis de charger nôtre yacht la Demi-Lune de bois de fantal.

Les Portugais avoient acoûtumé de tirer de fon païs plus de mille bares de ce bois, fans compter ce que les Chinois & les autres nations en enlévent auffi. Tout cela fe confomme à la Chine & fur la côte de Coromandel. Si nous pouvons nous rendre maîtres de ce commerce, & que nous