Imágenes de páginas
PDF
EPUB

que nous chargeons & déchargeons nos vaiffeaux. C'eft-là que réfide le Préfident & Directeur Général de tous nos com ptoirs, & c'eft de-là que nous vienne nos ordres & nos inftructions. C'eft-là qu'on envoie les livres de tous les comptoirs des Indes, & qu'ils font portez fur un livrede compte général : deforte qu'on y fait toûjours précisément en quel état fons tous nos comptoirs de ces païs-là.

ETAT PRESENT DE L'ISLE D'AMBOINE.

Et des autres Ifles & lieux en dépendans qui font fous l'obéiffance de L. H. P. les Seigneurs Etats Généraux, & Meffieurs les Directeurs de la Compagnie des Indes Orientales, dreffé par le Commiffaire Gilles Seyft, l'an 162.7.

E

J pris terre à Amboine le 19. de Mars

1627. avec les vaiffeaux Orange & la Brille. J'allai montrer ma Commiffion au Sieur Gouverneur, & lui demander mainforte pour fon execution; ce qu'il me promit. Je vifitai le livre du Négoce, celui de la garnifon, celui de la loge, celui du magafin qui étoit dans la Ville,

& généralement tous les régîtres. Ils avoient été tous clos & arrêtez le dernier de Février précédent.

Je les trouvai en bon état. Il y avoit pourtant bien quelques petites fautes & legers abus; mais il n'y avoit point de fautes qui paruffent être faites de propos délibéré. Ce qu'il y en avoit venoit feulement des Copiftes, & il fut aifé d'y remédier. Les livres des comptoirs de Hittou & de Larique étoient auffi au Fort: je les vifitai comme les autres, afin qu'à la premiére ocafion on les envoiât à Batavia.

Je trouvai les marchandifes bien conditionnées dans les magafins, les vivres en bon état, & que le Fort en étoit bien pourvû. On paie les foldats tous les mois, ce qui fait qu'ils fe paffent de prendre de la viande au Fort: ils fe nourriffent des mêmes vivres que les efclaves, pour épargner leur argent. Mais s'il falloit leur donner des rations, comme on faifoit autrefois, il n'y auroit pas de viande pour plus de 5. mois. Au regard de l'huile, du vinaigre, des fêves, de la farine, du fel, felon la confommation qui s'en fait ordinairement, il y en a toûjours pour plus d'un an.

Le Fort eft au bord du rivage. Les vaiffeaux peuvent ancrer à une demie portée de moufquet, fi bien qu'ils y font en toute fûreté, le fond étant de bonne te

5.

nuë. Il y a un enfoncement prefque auffi profond qu'un golfe, où ils font à l'abri de la plupart des vents. Le Fort eft environné d'un foffé, où il y a ordinairement cinq piés d'eau, Il eft entouré de murailles bâties de pierres, à chaux & à fable.

Il y a quatre baftions, dont les deux qui font du côté des terres font un peu plus grands que ceux qui regardent la mer: ils font auffi plus élevez & bien remplis de terre: il y a des remparts tout autour, hormis à ceux qui font vers la mer. Entre ces deux-là on voit un grand bâtiment, qui s'étend depuis l'un jufqu'à l'autre, où logent le Gouverneur, le premier Commis & d'autres Officiers..

Sous ces logemens font les magafins où l'on tient les vivres, ris, viande, larda, huile, vinaigre, &c. Et toute les provifions de réferve. On y met auffi le clou de gérofle qui fe recueille dans l'Ifle, & qu'on y aporte d'Ousion & de Larique. Au deffus des apartemens il y a encore un 'étage, où font les paquets de toiles, avec des caiffes & des armoires pour les ferrer. Les marchandifes font-là fort à l'air, & fans cela elles feroient en danger de fe gâter..

Il y a un bel arfenal, qui eft couvert de tuiles. Toutes les toiles.fe vendent dans une boutique, qui eft dans le Fort, vers les. terres, à côté d'une porte,& très commodé-.

ment placée. Tout le monde, foit habi tans de l'Ifle, étrangers, Bourgeois, ou domeftiques de la Compagnie, y peuvent aller choifir ce qui les affortit. Le débit fe fait par un Sous-commis, qui fe nommoit alors Nicolas Maarfman.

Avant que l'Orange & la Brille y euffent terri, la garnifon étoit fi foible qu'il n'y avoit pas le Dimanche 84. hommes à faire la parade; encore y avoit il parmi eux des Charpentiers & des Maffons. Ainfi ce fut très à propos que ces deux navires amenérent deux nouvelles compagnies de foldats, dont la plûpart étoient destinez pour Amboine.

Le 21. de Mars, ou deux jours après notre arrivée, le Gouverneur, nommé Jean de Gorcum, fit débarquer ces deux compagnies, qui confiftoient en 160. hommes, & les fit entrer, dans le Fort avec beaucoup d'éclat, en préfence des Infulaires. Il y avoit 32. hommes, Officiers & foldats, deftinez pour les Moluques

Quoi que, comme il a été dit, il n'eût alors paru au Fort que 84. hommes à la revûë, néanmoins il y avoit à la charge de la Compagnie, pour le maintien de fon autorité à Amboine & dans les dépendances, environ 450. hommes de toutes conditions, dont il y en avoit ordinairement environ 160. emploiez dans les

retranchemens qui étoient-là autour, & qui contribuoient à la fûreté de l'Isle. Il y en avoit so. autres emploiez fur des.. yachts, ainfi qu'il en fera parlé ci-après.

Les fujets Négres qui habitent proche du Fort font au nombre de 1230. hommes capables de porter les armes, & de 1620. en tout. Dans les autres endroits de l'Ifle il y a environ 1830. hommes en tout, & généralement dans toute l'Ifle 3060. hommes capables de porter les armes. Les deux Négreries de Larique & de. Wacquefie, qui font proches de l'un de l'autre, au bout Ouëst-sud-ouëft de l'Ifle, ne font habitées que par des Maures, qui font fous l'obérance du Fort, ainfi que les Chrétiens.

Il y aura pour cette mouffon aparemment 70. bares de clou de gérofle dans ces deux derniéres Négreries, & 250. à 300. bares, pour la mouffon prochaine.. Comme il n'y a pas lieu de fe confier entiérement aux Maures, & qu'ils pourroient prendre des intelligences avec les Terpatois, on tient dans un petit Fort, au milieu de leurs Villages, un Commis un Sergent & 17. foldats. Le nombre des Maurés peut monter à 3.50. perfonnes.

Ourie & Affelouli font encore deux autres Négreries, proches, tout de même, l'une de l'autre, au bout occidental de

« AnteriorContinuar »