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les lâcher contre ceux qui ofent fe ré-
volter. Les Ternatois, de leur côté, leur
envoient des préfens, pour les gagner &
fe les foumettre; mais ils paroiffent avoir
plus de penchant pour nous que pour cux
Ces foins qu'on prend de nous les fouf
traire ,
obligent nos gens de leur fai-
re auffi tous les ans des préfens, & à
l'ocafion on en reçoit bien la récom-
penfe.

Le Gouverneur Gorcum avoit eu deffein d'envoier querir un nombre de ces païfans, & de les mener dans l'Ile d'O-. ma, pour foumettre les trois Négreries rebelles, voulant auffi lui-même y aller avec. une Honic, ou flote de petits bâtimens, pour les ferrer par mer. Mais comme les habitans de ces Négreries font des Maures, le Roi de Ternate prétend qu'ils foient fes légitimes fujets, parce qu'ils étoient auffi dans la rebellion contre les Portugais, lorfque l'Amiral Etienne van der Hagen fe rendit maître de leur Fort d'Amboine, en vertu duquel Fort, & des droits que les Portugais y avoient alors annéxez, la Compagnie tient toutes les pe tites Ifles qu'elle pofféde.

Comme donc ces trois Négreries, par leur révolte, n'étoient plus fous le pouvoir des Portugais, lorfque leur Fort fut conquis par les Hollandois, le Roi de Tome VII.

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Ternate prétend que nous n'avons aucun droit fur eux. Au refte, c'eft une afaire que le Gouverneur ne veut pas preffer, pendant que les autres afaires demeurent dans l'état où elles font, quoique celle-ci donne quelque atteinte à la réputation de la Compagnie. Mais on aime encore mieux avoir le clou de gerofle, dont nous ferions privez, fi l'on touchoit cette corde-là.

La chofe aïant été encore, depuis peu, mife en délibération avec Willem Janfz Gouverneur du Fort de Ternate, & avec moi, on a jugé à propos de ne pas donner cette ocafion au Capitaine Hittou, de ne nous plus rien livrer; car d'ailleurs nous avions affez de monde pour réduire les trois Négreries fous l'obéïffance du Fort. Mais l'on a micux aimé la livraifon du clou de Hittou, & l'efpérance d'avoir encore tout celui de la côte de Céram, que la poffeffion de ces trois bourgs.

Il y a trois autres Négreries le long de la côte de Céram, à l'Eft de Coacq, dont les habitans, quoique Maures, ont prêté le ferment de fidélité au Fort, plus par crainte que par afection, parce que leur croïance les unit avec les Ternatois, fi bien qu'on ne peut nullement fe fier fur eux, Il y a 6600. hommes capables de porter les armes.

Il y en a 4. autres plus éloignées de la

côte, qui reconnoiffent relever du Fort, mais qui n'obéiffent qu'autant qu'il leur plaît. On ne fait pas précisément quel eft le nombre des habitans.

Toutes ces Négreries feroient foumifes, & demeureroient dans l'obéïffance & dans la fidélité, fourniffant plus de 5000. hommes capables de porter les armes, fi l'on pouvoit chaffer les Ternatois de Lucielle, de Lohou, & de Cambelle. On peut demander fi la chofe en vaudroit la peine, & de quelle utilité il feroit à la Compagnie d'afermir & d'étendre fa domination fur ce peuple, dans le païs duquel il n'y a que du fagu, & trèspeu de clou.

Je répons qu'il faut confidérer que les Ternatois, s'étant un peu relevez par le fecours de la Compagnie, du miférable état où ils avoient été réduits par les Portugais & par le Roi de Tidore, n'ont pas eu fi-tôt commencé à refpirer, & à être plus à leur aife, que pour reconnoissan-、 ce envers leurs protecteurs, ils ont emploié toutes fortes d'artifices, afin de leur faire du tort & de les afoiblir; dans l'espérance que leur aiant fufcité beaucoup d'afaires, ils pourroient devenir les maîtres & dominer comme ils ont fait autrefois. On connoît donc leurs pratiques, & l'on peut diffimuler pour un tems; mais enfin

on ne pourra s'empêcher d'en venir à un éclat, & de fe faire la guerre; & alors on aura befoin des fujets de Céram. Car s'ils étoient du parti des Ternatois, il n'y auroit pas moien d'être avec quelque fûreté dans Ifle d'Amboine, & bien moins dans celles de fa dépendance. C'eft à quoi il faut penfer du moins autant qu'il fera poffible: car les Ternatois ont affez de prétextes pour former des prétentions fur ces Ifles, & fur Amboine même, ainfi qu'ils font à l'égard des trois Négréries d'Oma, dont ils fe font mis en poffeffion, pour le recouvrement defquelles on n'aura pas plutôt fait quelque démarche, qu'ils leveront le mafque, & ils ne fe donneront aucun repos, qu'ils n'aïent remporté de grands avantages fur nous, ainfi qu'on la déja connu par expérience.

Voilà l'état des afaires à nôtre égard. Parlons-en maintenant par raport aux Ternatois. Ils ont un lieu de réfidence fur la côte de Céram au Nord-ouëft de Hit

tou,

dans une place nommée Lucielle, où il y a environ 90. familles. Elle eft fituée fur une montagne, & l'on ne fauroit y aborder par-devant; mais on peut aller par derriére chercher un chemin, où fix perfonnes peuvent monter de front, & qui n'eft pas bien connu à nos gens. Ils ont-là deux ou trois piéces de canon de fer. Il y un Commandant, ou Gouverneur, de la

part du Roi de Ternate, & environ 90. hommes capables de porter les armes. Sous ce Gouverneur font les bourgs fuivans.

Lohou d'où relévent les Villages d'Augen & de Locki. On y recueille beaucoup de clou. Dans la grande mouffon précédente il y en cut 400. bares. Il y a du fagu fufifamment pour les habitans, qui font au nombre de 2 500.hommes. Thiel eft à la pointe la plus méridionale de Céram. Pendant la mouffon d'Ouest, on y peut ancrer fur 40.ou 5o. braffes, mais on n'eft qu'à une portée de moufquet du rivage. On y recueille point de clou : il y a en

viron 200. hommes.

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Cambelle & Liffidi n'en font pas loin. Dans une grande mouffon on y trouve trois à quatre cens bares de clou. Mais depuis que lé Gouverneur Speult, ou l'Amiral Huigen chafférent les habitans, & firent gâter beaucoup de leurs arbres, ils ne prennent pas grande peine à en recueillir, à moins qu'il n'y aille des jonques, qui en ofrent un bon prix. Cette année il est allé trois jonques de Java & deux de Macaffar à Cambelle & à Liffidi, Le Gouverneur d'Am boine a envoié le vaiffeau la Brille, pour empêcher qu'on ne trafique avec elles. Nous verrons ce qu'il fera. Les habitans font au nombre de 1000. hommes.

Par le travers de Cambelle, du côtễ

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