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de la jeuneffe. M. Rogier qui fait le fervice Malais demande préfentement fon congé. Ainfi il faudra que ce fervice ceffe fi M. du Praat n'eft pas en état de le faire, où s'il ne le veut pas faire.

Il y a 16. Ecoles entretenues à Amboine, & dans les Ifles de fa dépendance. On y manque de papier & de plumes: il faudroit y en envoier. Ce défaut fait que les enfans ne peuvent aprendre qu'à lire. Il y a encore un autre plus grand obftacle à leur avancement. Lorfqu'ils ont l'âge de 10. ou 11. ans, leurs parens ne les envoient plus à l'Ecole, les retenant à la maison pour en tirer du fervice, & ils oublient tout ce qu'ils ont apris. Il faudroit les obliger à continuer de les y envoier, au moins trois mois par an.

Il y a d'autres Ecoles & 18. Maîtres, tous Chrétiens de profeffion, qui ne font pas gagez du Fort, & qui font dans les Ifles, & dans les montagnes. Ces gens-là ont encore très-peu de lumiéres. Ils font comme des rofeaux agitez par les vents, faute d'être affez enracinez. Mais il n'y a pas lieu de s'en étonner. Perfonne ne leur donne d'inftruction, les autres Maîtres d'Ecole, qui ne manquent pas de zéle pour les inftruire, n'aiant pas la facilité de s'exprimer & de fe faire entendre, & gardant eux-mêmes encore des reftes de

fentimens & de pratiques païennes, faute d'une plus entiere & plus parfaite connoiffance, qui ne leur eft fournie d'aucun endroit.

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Néanmoins quels que foient ces Chrétiens, tout imparfaits qu'on les trouve, quoique la plupart n'aient prefque rien de plus que la profeffion du Chriftianisme il femble que ce petit raion de lumiere ne laiffe pas de les éclairer aficz pour leur faire appercevoir quelques traces des vertus. Car ils ont plus de bonne foi, & de douceur que n'en ont les Maures, & leur converfation eft toute autre. Auffi nos gens s'y fient-ils beaucoup plus.

Voilà ce que je puis dire touchant l'état où j'ai trouvé les affaires d'Amboine, &c. Fait à bord du Vaiffeau Orange le 17. de Mai 1627.

豪華華

E' TAT PRESENT

DES ISLES MOLUQUES, Sous le Gouvernement du Sieur facques le Févre établi par la Compagnie des Indes Orientales, dreffé par G. Seyft, l'an 1627.

A

PRE's que l'Orange, où j'étois embarqué, , eut pris terre à Malcïe, je débarquai le 2 3. de Mai, & apris du Sicur

Jacques le Févre, Gouverneur de ce Fort, que le Roi de Tidore étoit mort, & que Kitchiel Garillamma fon fils, lui avoit fuccedé que Kitchiel Hamfia, autrement Don Pedro de Cunka, frére du Gougou & du Capitaine Laud, étoit revenu depuis 3. mois par Gammalamma à Maleïe, après avoir été vingt-trois ans en prison aux Manilles.

J'apris auffi que les Ternatois avoient fait la paix avec les Efpagnols & avec le Roi de Tidore: mais qu'il y avoit apparence qu'ils ne feroient pas long-tems fans guerre avec ces derniers, parce que Kit-. chiel Ali avoit pris le 22. d'Avril précédent, à Ganinenorre, une pirogue de Macaffar, avec 30. perfonnes, qui portoient des lettres au Roi de Tidore : qu'il en avoit tué un homme: qu'il avoit fait les autres prifonniers, les aïant amenez à Maleïc, où il les tenoit encore refferrez: que les Ternatois, aïant depuis envoïé deux corcorres à Tidore avec des préfens, pour contribuer à la pompe des funérailles du Roi, felon la coutume, les Tidorois, par repréfailles de la violence faite à ceux de Macaffar, s'étoient emparez des deux corcorres, & avoient arrêté les Ternatois prifonniers, avec déclaration qu'ils ne les relâcheroient pas, que tous les prifonniers de Macaffar n'euffent été délivrez

& qu'on n'eût reftitué tout ce qui leur avoit été pris, à quoi les Ternatois-ne vouloient point entendre.

On me dit encore que le Gouverneur, & tous les Commandans Ternatois s'étant affemblez, avoient réfolu de déclarer la guerre à ceux de Tidore : qu'en conféquence le Roi avoit fait publier qu'on ne permit à aucun Tidorois d'aller à Machian, & qu'on eût à tuër ceux qui iroient, après la publication de la défense ; & la chofe étoit encore fur ce même pié lors de mon départ.

Je fis les mêmes démarches que j'avois faites à Amboine, montrant ma commiffion au Gouverneur & lui demandant main forte. Je vifitai les livres, je fis les observations néceffaires, & je trouvai le tout en bon état, ainfi qu'il paroîtra à ceux qui les verront, & à qui je les envoie avec ces préfentes.

J'ai trouvé le Fort d'Orange, ou de Maleïe, en bon état, avec 4. bons bastions de maffonnerie à chaux & à fable, étant à une demi portée de moufquet les uns des autres. Le Fort eft muni de 4. piéces de gros canon de fonte, de 6. autres auffi de fonte, & de 2 3. de fer. Le petit Fort de Talucco, qui eft au Nord de Maleïe, à une demie portée de canon, fur la Croupe d'une montagne, eft gardé par un

Caporal,

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touchant les Illes Moluques. Caporal, qui envoie tous les mois querir les rations à Maleïe pour lui & pour fa troupe qui eft de 22. foldats. Le Fort eft de maffonnerie à chaux & à fable, il y a fix piéces de canon, outre les pierriers qui

font dans l'une & l'autre Place.

Du côté de la mer, proche du gros baftion d'Orange, il y a un fort grand édifice, où le Gouverneur & les autres Officiers font leur réfidence, & où il y a de très-beaux magasins. Aux deux bouts de cet édifice il y a deux autres bâtimens, qui fervent encore de magafins, l'un pour les vivres, l'autre pour les toiles & pour les autres marchandifes, auffi bien que pour les deniers comptans & autres bons effets.

Dans l'enceinte du Fort habitent envi-; ron 5o. familles, 26. de Hollandois mariez, cinq de Japonois, quatre de Pampangres, dix de Bourgeois libres, & quelques Efpagnols & Négres transfuges.

Tous les Mardicres qui font Chrétiens, & fous nôtre obéiflance, habitent au côté méridional du Fort, dans un espace renfermé de paliffades, où ils ont affez de commoditez. Ils y compofent une belle Négrerie, où il y a deux rues qui fe croifent.

Il y a 30. familles de ces Mardicres qui s'entretiennent de leur travail, fans être au fervice de la Compagnie. Les 90 Tome VIL

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